En marge de la 5ème édition du Salon International de l’Agriculture de Bamako, le chef du Service Suivi – évaluation de la Direction de la Planification et des Statistiques de l’Office du Niger a bien voulu nous accorder un entretien sur la participation de sa structure à cet événement économique de premier plan.
Qu’attendez-vous de la participation de l’Office du Niger à cette 5ème édition du Salon International de l’Agriculture de Bamako (SIAGRI)?
Nous sommes venus à cette 5ème édition du SIAGRI pour tout d’abord, présenter l’Office du Niger, à travers des produits, des techniques, et aussi tout ce que nos exploitants font. Nous sommes venus également pour nous renseigner, étudier et voir ce les autres font, notamment en termes de technologie de l’agriculture. Vous savez, il y a beaucoup d’évolution dans le monde aujourd’hui, et le SIAGRI est vraiment un espace propice pour échanger, voir les nouveaux matériels présentés. Il s’agit de permettre à nos exploitants de bénéficier de ces nouveautés, afin qu’elles puissent leur servir d’exemple, et de leur donner de nouvelles idées pour améliorer leurs activités.
En quoi consiste la participation de l’Office du Niger à cette 5ème édition du SIAGRI?
Cette année, nous avons amené, comme d’habitude, de riz, le produit-phare de l’Office du Niger. Nous avons aujourd’hui des exploitants qui travaillent ce riz de façon à lui donner de la valeur ajoutée. Nous avons amené quatre qualités de riz: le riz entier long blanchi, qui est travaillé par les grosses machines des mini-rizeries et qui est de très bonne qualité et le riz brisure, fait spécialement pour les plats de riz au gras.
Le RM 40, qui est un mélange des deux premiers, vient en troisième lieu et, enfin, nous présentons le riz étuvé, dont le sucre est caramélisé par un processus d’étuvage, ce qui permet d’avoir un riz moins riche en sucre, plus facile à digérer et qui est très conseillé pour les diabétiques.
En plus du riz, nous avons amené aussi de l’échalote séchée, travaillée par les femmes de l’Office du Niger, de la tomate concentrée en purée, également travaillée par les femmes de l’Office et de l’ail. Nous avons amené tous ces produits pour les présenter au public.
En termes de technologie de l’agriculture, nous avons amené deux machines, dont la billonneuse, qui permet de faire des billons dans les champs, notamment quand la terre est sèche. Cela nous permet de faire des cultures alternatives en contre-saison. Vous savez qu’il y a des difficultés d’eau et la billonneuse nous permet de travailler pour produire de l’arachide, du blé, de la pomme de terre, du manioc, de la patate douce, des cultures peu consommatrices en eau, ce qui nous permet, en fait, de réduire un peu les difficultés que nous rencontrons.
Nous avons amené aussi une briqueteuse. C’est une machine qui permet de transformer en poudre, en granulé, en super granulé. L’avantage de ce procédé, c’est que, quand on fait l’épandage de l’engrais, les études ont montré qu’il n’y en avait que 30% réellement utilisé par la plante. Avec cette briqueteuse, l’engrais est posé entre quatre plans et, durant toute la période, les plans vont exploiter cet engrais. Résultat: il suffit de 150 kg d’engrais pour fertiliser un hectare, alors qu’en temps normal, il en faudrait le triple…
Est-ce une invention de l’Office du Niger?
En fait, il y a un projet de l’Office du Niger qui a travaillé sur ces aspects. C’est une technologie qui existe ailleurs, que nous avons introduite ici et que nous sommes en train d’expérimenter dans le cadre du projet Siengo extension.
Nous avons beaucoup appris de cette édition du SIAGRI, où nous avons, entre autres, découvert le Nafasoro Pompe, que nos productrices ont, au demeurant, acheté. Elles vont l’utiliser sur leurs parcelles de maraîchage. Nous avons aussi vu de l’engrais liquide et avons pris contact avec ses promoteurs. Cela peut être très intéressant pour nous.
Ici, chez Toguna, nous avons vu les phosphates naturels du Tilemsi, produits au Mali. Cela peut être également très intéressant pour l’Office du Niger. Il y a vraiment plein de choses. Nous avons pris contact avec des fabricants de matériel, comme le groupe GDCM et ses tracteurs de marque américaine. Nous avons aussi rencontré le pisciculteur Boubacar Diallo, car à l’Office du Niger, nous avons des étangs qui peuvent accueillir du poisson et d’autres étendues d’eau qui peuvent recevoir des cages à poisson. Nous sommes en train de nouer des contacts avec tous ces partenaires potentiels, car cela nous aidera à diversifier nos activités, à améliorer nos techniques et à mieux produire en zone Office du Niger…
Quel est l’avantage de Nafasoro Pompe?
Nafasoro Pompe est une pompe d’une technologie très simple, puisqu’en pédalant, tout simplement, on a de l’eau. Nos femmes, habituellement, utilisent des calebasses pour puiser l’eau dans les canaux afin d’arroser les parcelles. Avec Nafasoro Pompe, en dix à quinze minutes, avec un enfant et quelqu’un qui tient le tuyau d’arrosage, la parcelle est arrosée. C’est une technologie qui est très intéressante.
Quels enseignements tirez-vous déjà de cette 5ème édition?
Ce salon montre déjà que l’agriculture au Mali est très dynamique et que c’est un secteur avec lequel il faut compter. De plus, nous constatons que nos agriculteurs s’investissent beaucoup dans la transformation des produits, ce qui permet de créer de la valeur ajoutée. Entre vendre un produit à l’état brut et l’améliorer avant de le vendre, il y a une grande différence. Nous constatons également que les techniques de conservation se développent beaucoup. Nous avons, par exemple, des jus de mangues présents même lorsqu’il n’y a pas de mangues sur le marché. Il y a aussi le gingembre en poudre. Les agriculteurs s’investissent de plus en plus dans la transformation et les techniques de conservation de leurs produits, ce qui est une très bonne chose. Cette édition, même à mi-parcours, montre déjà cela.
Quel rôle l’Office du Niger peut-il jouer dans une révolution verte au Mali?
Le rôle de l’Office du Niger dans l’agriculture au Mali est connu. C’est une zone qui est très particulière, avec de l’eau et des terres qui sont propices pratiquement à toutes les cultures. Il faut simplement aider l’Office du Niger à aménager plus de parcelles pour les Maliens, parce qu’il y a tellement d’engouement aujourd’hui que les parcelles que nous aménageons ne suffisent plus. Résultat: nous croulons sous les demandes et nous ne pouvons pas satisfaire tout le monde. Il s’agit donc d’aider l’Office du Niger à mieux entretenir ses canaux, à aménager plus de parcelles et à jouer son rôle de conseil auprès des exploitants, pour améliorer la production, valoriser l’existant et mettre l’accent sur l’amélioration des techniques de culture et du calendrier agricole. L’Office du Niger a un grand rôle à jouer dans la révolution verte au Mali, mais, pour ce faire, il faut qu’il bénéficie d’appuis.
Quels sont vos projets à court, moyen et long termes?
L’objectif de l’Office du Niger, dans le cadre du contrat – plan que nous venons de signer avec l’Etat et les producteurs, est d’obtenir à l’horizon 2018 une production de plus d’un million de tonnes de riz paddy. Cela, dans le cadre d’aménagements réguliers de 15 à 20 000 hectares par an. Cela ne peut se faire qu’à travers l’intensification des aménagements pour les exploitants, la vulgarisation agricole, l’amélioration de la gestion de l’eau et du foncier, des objectifs bien inscrits dans notre contrat-plan 2014 – 2018.
Propos recueillis par Yaya Sidibé