Mr Fané est un vendeur de tissus au grand marché de Bamako. Agé d’environ 60 ans, notre commerçant qui est encore solide, est père de plusieurs enfants. Il est marié à 4 femmes dont une jeune fille qu’il a épousée depuis seulement 7 mois.
Domicilié à Lafiabougou, M. Fané partage sa concession avec d’autres locataires parmi lesquels, un marabout auquel il a offert la gratuité du logement.
Comme tout bon polygame, notre commerçant dont les affaires marchent à merveille, partage ses nuits entre ses quatre femmes qui le couvrent d’amour et de tendresse.
L’entente et la cohésion dans la famille, étaient si parfaites, que celles-ci suscitait l’envie des voisins.
Tout devait cependant voler en éclat le 25 Octobre dernier, lorsque Mr Fané découvrit que sa 4e femme le trompait…
Et l’impertinent qui était à la base du scandale n’était autre qu’un de ses employés qu’il hébergeait depuis deux ans.
En effet, le jeune garçon, M. Sidibé était tombé amoureux de la 4eme femme de son patron, qui n’a pas refusé ses avances.
Et, chaque fois que le vieux Fané passait la nuit dans la chambre conjugale d’une de ses 3 premières, son employé M. Sidibé, se retrouvait dans celle de la 4eme.
Finalement, c’est le marabout gratuitement hébergé par Fané qui a informé le vieux de la situation.
Pour toute réaction, le vieil homme chassa et de son magasin et de sa concession, son traître d’employé.
C’est alors que le marabout entra dans le jeu afin de réconcilier le couple.
Il fallait agir dans les deux sens : le salon de Mr Fané et la chambre de sa 4e épouse.
A Mr Fané, il ne cessait (‘’le médiateur’’) de lui rappeler les vertus du pardon, la tolérance, à la 4ème épouse, le repentir.
Mais, rien n’allait toujours pas dans le couple, car Mr Fané a décidé de réfléchir quelque temps avant d’accorder son précieux pardon à sa femme.
Le médiateur de marabout, lui, continuait de faire la navette entre le mari et son épouse.
Il avait même réussi la réconciliation cette nuit du 1er Décembre dernier car, aux environs de 2 h du matin, Mr Fané se dirigea vers la porte de sa femme. Toc ! Toc !
Madame ne répondait pas.
Toc ! Toc ! Toc !
Même un sourd pouvait entendre le vacarme, car les voisins eux-mêmes s’étaient réveillés et suivaient le spectacle à travers leurs fenêtres respectives.
Les plus curieux quant à eux, se sont joints à Mr Fané qui suait à grosses gouttes.
Devant l’insistance du vieux, Madame se décida enfin d’ouvrir.
Stupéfaction ! Dans la chambre, elle n’était pas seule.
Quelqu’un lisait le Coran et à haute voix. Lumières !
Notre lecteur de Coran n’était autre que le marabout médiateur, qui n’avait pour l’occasion, ni chapelet, ni livre coranique.
C’est pourquoi, on ne le reconnaîtra que lorsque le vieux cocu complètement déchaîné l’eût roué de coups de bâton jusqu’à évanouissement.
C’est vers 4 h 30 du matin que le « bandit » ayant repris ses esprits, fut remis à certains fidèles qui venaient, comme d’habitude, le chercher pour la prière du petit matin.
A peine sorti de la concession, notre marabout mit ses jambes au cou sans attendre de recevoir « les biens » qu’il avait abandonnés : une trentaine de « baya » (perles dont les femmes se ceignent la taille), une peau de prière et quelques habits.
Pour les affaires d’un marabout… Hum !
Boubacar Sankaré
Djeliba 24