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Bah N’Daw drible le M5-RFP

En recevant, jeudi 06 mai, les leaders du M5-RFP au Palais de Koulouba, ces derniers croyaient que leurs doléances, au nombre de dix, étaient, d’ores et déjà, acceptées par le président de la Transition. Mais la reconduction de « l’ex-nouveau Premier ministre » semble avoir creusé davantage le fossé entre le pouvoir et le Mouvement de contestation. Qui bat, déjà, le rappel de ses troupes pour la « rectification » de la Transition.

« Réuni en session extraordinaire, ce samedi 15 mai 2021, le Comité stratégique du M5-RFP prend acte de cette démission (ndlr : du Premier ministre) et rappelle qu’il n’a été ni consulté, ni associé, à ce changement qui, de toute manière, ne répond ni ses attentes, ni à ses dix mesures formulées le 06 mai 2021, lors de sa rencontre avec le président de la Transition, Bah N’Daw », indique Choguel Maïga, leader du M5-RFP. C’était, dans un communiqué du 15 mai dernier, relayé en boucle par les réseaux sociaux.

Les revendications du M5-RFP

Présentées, par Choguel Maïga, leader du Comité stratégique du M5-RFP, le 06 mai dernier, au président de la Transition, au Palais de Koulouba, les revendications du M5-RFP se déclinent en dix points : la dissolution du gouvernement et du CNT, l’organe législatif de la Transition, lutte contre la corruption, la relecture de l’Accord d’Alger, la poursuite, devant la justice, des auteurs des tueries des 10, 11 et 12 juillet 2020, l’audit des services publics, du patrimoine immobilier de l’Etat et des ressources publiques allouées à certains services, l’organisation des assises nationales pour la refondation du Mali, une révision consensuelle et inclusive de la constitution et la mise en place d’un organe unique de gestion des élections…
Sur ces dix doléances, seule a été prise en compte : la dissolution du gouvernement.
Mais, les neuf autres revendications du M5-RFP sont restées lettres mortes. Pire, la reconduction de « l’ex-nouveau Premier ministre » suscite colère et indignation au sein du Mouvement de contestation, à l’origine de la chute d’IBK.
« Le M5-RFP estime, également, que la problématique du Conseil National de Transition (CNT) illégitime et illégal, restera entière jusqu’à sa dissolution », poursuit le communiqué, ajoutent que le Mouvement de contestation « reste en total désaccord avec la trajectoire de la Transition ».

Une Transition de rupture et non de continuité

Dr Choguel Maïga réclame une « Transition de rupture » à la place d’une « Transition de continuité ». Il demande une « rectification du processus de Transition, afin de créer les conditions d’une refondation totale du Mali ».
En clair, Dr Choguel Maïga demande au président de la Transition de « prendre ses responsabilités face à l’histoire et au peuple malien ».
Pourtant, lors de la présentation de ses doléances, le 6 mai dernier, au Palais de Koulouba, le président de la Transition, le colonel-major à la retraite Bah N’Daw, avait rassuré le M5-RFP d’avoir pris bonne note de ses revendications. La suite, on la connaît.

Stratégie du pouvoir

Mais pour les autorités de la Transition, pas question de changer de cap. La démission-reconduction du Premier ministre pour la formation d’un nouveau gouvernement en est la parfaite illustration.
Selon les observateurs de la scène politique nationale, la reconduction de Moctar Ouane à la tête du gouvernement n’augure rien de bon pour les huit mois à venir.
Pour les leaders du M5-RFP, la reconduction de « l’ex –nouveau Premier ministre » serait la preuve qu’ils n’avaient pas été pris au sérieux, par le président de la Transition.
Du coup, ils pourraient être tentés de reprendre leur lutte, à l’origine du putsch militaire, qui a mis fin au régime d’IBK.

Vers une reprise des manifestations populaires ?

Déjà, certains leaders du M5-RFP considèrent l’audience, à eux accordés jeudi 06 mai, par le président de la Transition, à Koulouba, comme de la poudre aux yeux. Elle a eu lieu, quelques jours seulement, avant l’arrivée d’une délégation de la CEDEAO à Bamako.
Conduite par Goodluck Ebele Jonathan, ex-président de la République fédérale du Nigéria et médiateur dans la crise malienne, la délégation de la CEDEAO a, à l’issue de son séjour au Mali, recommandé plus d’inclusivité dans la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles en cours.
« En recevant, le 6 mai 2021, depuis qu’elles sont en place, il y a près de 10 mois, au Palais de Koulouba, une délégation du M5-RFP, le président de la Transition voulait montrer à la délégation de la CEDEAO qu’il travaille, main dans la main, avec le Mouvement de contestation pour la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles. Ce qui est loin d’être le cas », indique un sympathisant du M5-RFP.
Pour lui, les autorités de la Transition n’ont aucune volonté de mettre en place une Transition de rupture, en lieu et place d’une Transition de continuité.
« Le M5-RFP, conformément, à son programme de mobilisation et de manifestations populations, déjà annoncé, invite toutes les militantes et tous les militants, et au delà, tout le peuple malien de l’intérieur et de la diaspora, à rester mobilisés at attentifs à ses mots d’ordre jusqu’à l’atteinte des objectifs de rectification de la transition pour la refondation du Mali ».
Autant dire que les huit prochains mois risquent d’être chauds. Très chauds. Trop chauds.

 

Oumar Babi

Source: Canarddechaine

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