Les espoirs du Centre national de la cinématographie du Mali (CNCM) reposent sur le film « chéitane » du réalisateur Assane Kouyaté qui peine à être finalisé pour être son porte-drapeau au prochain Fespaco prévu du 27 février au 6 mars 2021.
Mais, voilà, deux écueils essentiels se dressent devant l’atteinte de cet objectif. Le premier, c’est l’état de forme de Assane Kouyaté, qui se trouve dans une situation de grave détérioration de la santé. Cet artiste qui a consacré sa carrière au service de l’état, n’a bénéficié, jusque-là, d’aucun soutien pour surmonter le mal qui le ronge. Bien que malade et à la retraite, il continue à dépenser son énergie et son talent au service du cinéma malien. La preuve en est la réalisation de ce long métrage destiné à représenter le Mali à ce grand rendez-vous continental.
Assane Kouyaté se dit être à la peine, physiquement et financièrement. Meurtri dans sa chair, il a fait l’effort de dépenser pour sa santé dans une maladie prostatique qui a fini par le ruiner. Imaginez qu’une seule séance de piqûre lui coûte plus de 300 000 FCFA et vous devinerez son désespoir. L’intervention chirurgicale exigée par son médecin traitant ne peut se faire à l’œil et les soutiens sollicités tardent à voir le jour.
La ministre de la culture est vivement sollicitée pour s’impliquer dans cette affaire qui peut être un test édifiant sur la considération que le département accorde à ses artistes. La direction du CNCM s’était engagée à mener une campagne de soutien au réalisateur. Avec l’appui de l’Union nationale des cinéastes du Mali (UNCM) dont le secrétaire général, Salif Traoré, se dit en constante relation avec Assane Kouyaté quelque peu résigné, avec une pointe de déception quant à la hauteur des élans de solidarité à son endroit.
Ce douloureux écueil s’ajoute à la question de la finalisation du film qui se poursuit au studio école du CNCM. Après la réalisation, le montage a été effectué en France et le dernier coup de main est en cours au Mali. Il reste maintenant à impressionner sur le film les sons, les musiques et les paroles. Ce mixage, doit se faire au Centre avec la collaboration d’un expert danois attendu incessamment à Bamako.
Mais, vous vous demandez sûrement, comment la finition d’un film peut se faire ainsi, par brides, de-ci, de-là, alors que le financement est entièrement effectué par l’état.? C’est toute une histoire de mauvaise gestion du temps du directeur général du CNCM à l’époque, Moussa Diabaté et l’affaire est jusque-là pendante devant les tribunaux.
Le plus étonnant, nous a confié Modibo Souaré, son successeur, c’est que l’opération a été effectuée sans qu’un contrat de prestation de service ait été établi, en bonne et due forme, entre les deux parties. Son incompréhension est encore plus grande en constatant que le paiement de tranches de la prestation française a été effectué sans document comptable ou facture.
Alors qu’elle attendait la livraison du produit fini par les partenaires français; la nouvelle direction du CNCM s’est vu réclamer un reliquat de près de 6 700 euros, soit près de 45 millions FCFA. Pour débloquer cette fâcheuse situation et permettre au film d’exister, le Conseil d’administration du CNCM s’est activé à la résolution de ce problème, assure M. Souaré.
Et pourtant, l’état a consenti une enveloppe budgétaire annoncée de 800 millions de FCFA, que certains ramènent à 448 millions débloqués par le ministère de la Culture. Une somme qui aurait dû couvrir largement tous les frais jusqu’à la finition.
La question qui se pose est de savoir si l’état actuel de santé de Assane Kouyaté peut lui permettre de participer aux côtés de l’expert danois aux travaux de mixage. Et, encore plus, s’il pourra se rendre au Fespaco pour la présentation de son film à la compétition. Il est évident que sans une prise en charge médicale urgente, l’état de santé du réalisateur s’en trouvera fort dégradé.
Aussi, pour éviter le fameux adage que je n’ose prononcer ici, chaque partie impliquée dans la gestion du cinéma malien doit assumer ses responsabilités afin que Assane recouvre la santé.
Source : L’ESSOR