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Baccalauréat malien, 20,38% de réussite : Faut-il s’en réjouir ?

Ce qui convient d’appeler «le paradoxe malien», c’est qu’avec une année scolaire perturbée, nous avons des taux de réussite plus élevés aux examens, par contre, avec une année scolaire normale, les taux de réussite aux examens sont en baisse. Quelle explication donnée à cet état de fait ?

 

Avec un taux de réussite de 20,38% à l’examen du baccalauréat malien, session de juillet 2022, nettement inférieur à celui de l’année précédente qui dépassait les 30%, au-delà des déceptions qu’il a causées chez la plupart des candidats et à contrario, du satisfecit chez les organisateurs qui se sont en félicités d’ailleurs, mérite, à notre avis, un autre regard. Car, pour nous, une année scolaire normale doit pouvoir produire des résultats à hauteur des souhaits mais, si c’est le contraire, nous estimons qu’il y a matière à réflexion. C’est dans cette optique que nous pensons, qu’au-delà de ces considérations subjectives, voire émotionnelles, qu’il est opportun de repenser ces résultats en vue de bien cerner tous ses contours. Ainsi, l’analyse de la situation, nous a permis de faire ressortir un certain nombre de constats.

En un premier temps, il ressort de nos analyses que l’argumentaire principal pour expliquer ce paradoxe évoqué plus haut, porte sur la baisse générale du niveau des élèves. Mais l’interrogation que nous ne pouvons-nous empêcher de poser est de savoir comment les élèves qui n’ont pas le niveau requis arrivent à faire un score plus élevé aux examens pendant une année scolaire jugée anormale qu’en celle jugée normale ? Car, à notre avis, une année jugée normale, si cela signifie une année sans perturbations, une année où les programmes scolaires sont pleinement bien exécutés, les candidats suffisamment bien outillés pour faire face aux différentes épreuves des examens, la logique serait qu’il y ait des résultats à hauteur de souhait.

En un second temps, pour bon nombre de gens, l’explication se situerait dans la mauvaise organisation des examens. En effet, beaucoup trouvent que les résultats élevés pendant des années perturbées relèveraient de la mauvaise organisation des examens. En effet, il n’est un secret pour personne que nos différents examens avaient été émaillés de fuites de sujets, de fraudes à ciel ouvert avec la complicité des surveillants, des présidents de centre. Alors, avec le renforcement, voire le durcissement des conditions d’organisation, beaucoup trouvent évident que les résultats de ces examens n’aient pas été à hauteur des attentes.

 

Une troisième explication et non la moindre se trouve dans la non-exécution en entier des programmes. Les enquêtes menées auprès des établissements ont montré que pendant les périodes de perturbations, rares étaient des établissements qui parvenaient à avancer dans l’exécution des programmes. Certains parvenaient à peine à atteindre 30% d’exécution du programme. Ce qui fait que certains ont plus de leçons à réviser que d’autres. Ainsi, quand les sujets sont choisis par rapport au niveau moyen, cela donne plus de chance aux élèves qui n’ont pas fait grande chose avec le programme qu’à ceux qui y ont fait une grande avancée.

En tout état de cause, ce qu’il faut comprendre, c’est, qu’au-delà de toutes tentatives d’explications ou de justifications, ce résultat de 20, 38% loin de susciter un satisfecit, nous interpelle à plus d’un titre.

D’abord, il nous rappelle qu’il faut que chacun: élèves, enseignants ainsi que parents d’élèves, ait à l’esprit que la réussite est et demeure toujours au bout de l’effort.

Ensuite, Il nous fait savoir qu’avec de la volonté et de l’engagement qu’il est possible que soient bannies de notre école et à jamais des pratiques qui ne sont pas de nature à donner à nos examens sa crédibilité. La fuite de sujets, la fraude sous toutes ses formes et l’achat de surveillant ou de chef de centre, ne sont pas inhérents à notre école, donc peuvent être et doivent être boutés hors de nos établissements, pour faire place à un esprit de responsabilité vis-à-vis de notre avenir commun qui est notre école.

 

Et enfin, ce résultat nous rappelle la nécessité pour la réussite de notre école, d’un climat de paix, de stabilité et de sécurité. Cela ne peut se faire sans l’engagement, le sacrifice et la bonne collaboration de tous autour de notre école. Alors, si l’école est la priorité des priorités, celle-ci doit dépasser le simple discours pour être traduite dans des faits et c’est uniquement en cela que nous pourrions espérer sur un avenir radieux.

Daouda DOUMBIA

Source : L’Inter De Bamako

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