Les habitudes, comme les convictions, ont la vie dure. Les déclarations de certains responsables du MNLA membre à part entière de la CMA sonnent comme le glas du processus qui a trimballé l’ensemble national et la communauté internationale ces années durant. Encore et encore, des frères égarés ont actualité leur provocation au détriment du vivre ensemble et de notre diversité culture. Parce que, c’est devenu une occasion pour certains de maintenir le rythme de la provocation, d’entretenir la propagande à chaque 6 avril au nom de la commémoration de l’Etat Azawad.
Ceux qui attendaient de la CMA une preuve de sincérité de son attachement à l’unité nationale et qui caressaient l’espoir de la voir conjuguer au passé ses ambitions séparatistes sont désormais édifiés.
Une fois de plus, une fois peut-être de trop, contre toute attente, malgré tout ce qui a été fait et dit, en dépit de sa signature et de sa parole, la CMA a remis ça en scène !
Elle a encore célébré hier 6 avril dans les zones qu’elle est censée contrôler sa fantasmagorique indépendance de l’Azawad.
Une chimérique indépendance d’une chimérique Azawad qui n’est reconnue par personne ni à l’intérieur ni à l’extérieur du Mali qui est et restera un et indivisible.
Comme l’année dernière, pour cette cause qu’on croyait reléguée aux calendes grecques, la CMA a instrumentalisé femmes et enfants et orchestré parades militaires et montée de couleurs.
Comme l’année dernière, la CMA fait un coup de Jarnac contre le processus de paix et de réconciliation nationale. Résultat : c’est un coup de canif dans la restauration de la confiance indispensable à la mise en œuvre de l’Accord. Pourtant, depuis des années, toutes les parties accusent la lenteur dans l’application des chapitres de ce document, y compris la CMA elle-même.
Ceux qui pourfendent le gouvernement de mauvaise volonté et de mollesse à propos de la mise en œuvre de cet Accord sont désormais édifiés sur la sincérité, la franchise et la loyauté de la CMA. Chacun comprendra désormais pourquoi la CMA, ces derniers temps, ne cesse de parler de ‘’l’autodétermination du peuple de l’Azawad’’.
Si ce n’est pas une déclaration de guerre, c’est en tout cas une insupportable provocation dont les «frères » de la CMA pouvaient nous faire l’économie.
Surtout au moment où « eux et nous » font face aux mêmes ennemis : les terroristes.
Les récentes attaques de l’État islamique au grand Sahara sont des parfaites illustrations que si nous avons des ennemis, ce sont eux.
Naïveté me dira-t-on : ce sont leurs ex-futurs alliés dans cette partie du pays qu’ils ont pris en otage sous le nom d’Azawad. Les Bambaras disent fort à propos : dosso koro Taa Son koro bila (l’habitude est une seconde nature).
Si «la trahison est une question de date», le respect des engagements serait pour la CMA une question de posture et d’avenir ?
Que les fiers descendants des hommes d’honneur et de dignité de l’Adrar des Ifoghas n’oublient cependant point dans l’œuvre de construction, de consolidation et de défense de l’unité nationale.
Tout est susceptible d’être pardonné, excepté que l’action soit faite pendant qu’il est temps.
PAR SIKOU BAH
Source : Info-Matin