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Autorités intérimaires, patrouilles mixtes: qui viole l’accord de paix ?

Même si des efforts sont signalés et salués par l’Onu, pour la concrétisation du processus de paix au Mali, il n’empêche que des difficultés apparaissent sur certaines dispositions de l’accord de paix, jugées comme étant cruciales pour la stabilisation du pays. Sur les autorités intérimaires, comme les patrouilles mixtes, des difficultés persistent entre les parties concernées. Au point de mettre la machine en mal.

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Dans le dernier rapport de l’Onu, sur la situation sécuritaire du pays, Ban Ki-Moon se félicite des progrès réalisés dans la marche de la paix et en profite d’ailleurs pour saluer l’engagement personnel du président IBK en faveur de la paix ainsi que de tous les autres acteurs impliqués dans le processus de paix. Un satisfecit onusien qui tranche nettement avec les récentes difficultés apparues sur le terrain et dont l’exacerbation entraîne aujourd’hui de grosses perturbations sur le processus en cours. Si le rapprochement entre les deux mouvements armés, jadis littéralement opposés sur tout, à savoir la CMA et la Plateforme, qui sont aujourd’hui parvenus à fumer le calumet de la paix, en faisant compagnonnage, a été apprécié par tous comme un facteur crucial de détente, il est clair que les deux frères ennemis tentent aujourd’hui de peser sur le processus par une sorte de surenchère revendicatrice qui ne dit pas son nom.
Tenez ! Les autorités intérimaires, qui ont fait couler beaucoup de salive sur le front politique national (l’opposition ayant décidé de porter cette affaire devant la Cour constitutionnelle lorsque la loi a été votée par les députés), sont présentement au cœur de la polémique qui pollue dangereusement le climat de confiance entre les acteurs concernés par le processus. Et pour cause ? À peine sorti sorties des querelles politiques de l’opposition, les autorités nationales se sont alors du coup retrouvées face à une nouvelle intransigeance des mouvements armés ; CMA et Plateforme, qui ont une fois de plus conditionné leur participation au processus de paix, à travers les travaux du comité de suivi, à de nouvelles exigences. Ce n’était pas la première fois que de telles intransigeances avaient cours, mais, cette fois-ci, lier la participation, pour les groupes armés, aux travaux du comité de suivi au préalable de la mise en place des autorités intérimaires, c’était trop risqué, vu le contexte politique, déjà tendu sur cette question qui a décidément provoqué des vagues.
Aussi bien pour les travaux du comité de suivi, qui peinent à démarrer, que la constitution des patrouilles mixtes, cet autre dispositif important de l’accord de paix, les groupes armés, auréolés aujourd’hui de leur union retrouvée, n’hésitent à pas à multiplier les boycotts sur le processus, si le préalable des autorités intérimaires n’est pas tranché. Mettant du coup les autorités nationales devant le fait accompli. En fait, le gouvernement, dont les efforts déployés en faveur de la paix ont été salués, au plus niveau de la communauté internationale, n’entend pas en aucune façon se voir gruger sur ce processus de paix au moment justement où il s’agit de mettre en place les fondamentaux pour que la machine ne se grippe. C’est d’ailleurs au même moment, conscients que le processus de paix connaît une grande sensibilité, assimilable à une véritable guerre de nerfs, que les groupes armés mettent la pression sur le gouvernement, en multipliant les revendications et les boycotts quant à leur participation sur les travaux du comité de suivi dont on sait qu’ils constituent la clef de voûte de la mise en œuvre de l’accord de paix.
Dans leur entendement, il n’est pas question ni de participer aux patrouilles mixtes ni de suivre les travaux du comité de suivi, tant que le gouvernement ne se décide pas à mettre en place, et de manière systématique, les autorités intérimaires. Voilà une nouvelle exigence des groupes armés qui apparaît comme une nouvelle menace contre le processus de paix qui est déjà mal au point. Si les autorités intérimaires, comme elles sont prescrites par les dispositions de l’accord de paix, sont cruciales pour la matérialisation du processus de stabilisation, il est évident qu’elles ne sont pas systématiques, comme le demandent les groupes armés, lesquels souhaitent une généralisation de la norme dans toutes les localités des régions nord du pays. Ce que redoute, et donc ne veut pas entendre parler, le gouvernement qui, lui, veut hésiter à tout prix, par l’application systématique de ces mesures, d’installer au sein des collectivités territoriales et des populations concernées une injustice quelconque.
On le voit bien, qu’il s’agisse des patrouilles mixtes ou du comité de suivi, l’exigence, pour les groupes armés, de faire des autorités intérimaires un préalable à leur participation au processus de paix apparait plus nettement comme une violation en règle des dispositions de l’accord de paix, signé par toutes les parties. Une violation dommageable à laquelle les acteurs de la communauté internationale, plus particulièrement l’Onu qui s’apprête à apprécier, dans quelques jours, le mandat de la Minsuma, doivent être plus vigilants, de manière à n’en tirer toutes les conséquences de droit, en termes de sanctions prévues pour tous ceux qui multiplient sciemment les obstacles contre le processus de paix. Il doit en être ainsi de l’attitude des acteurs de la communauté internationale, face à cette nouvelle montée des périls, autour du processus de paix qui a pourtant connu des débuts satisfaisants, d’autant que l’accord de paix, pour lequel tout le monde se mobilise tant, s’il a prévu des autorités intérimaires, n’a nullement prévu que ces mesures, qui causent tant des polémiques devaient être systématiques. Loin s’en faut…

Sékouba Samaké

 

Source: info-matin

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