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Autorisation de la marche de l’opposition: capitulation ou concession ?

Une décision d’apaisement qu’ingurgite mal l’opinion malienne, surtout dans les rangs de la majorité, qui la prend beaucoup plus comme une concession de trop, voire une reculade qui ne se justifie pas après une longue série qui ne fait que démobiliser les militants. Tandis que ceux de l’opposition sont galvanisés par une victoire de plus, parce qu’après tout, il suffit qu’elle hausse le ton pour que le pouvoir recule. Jusqu’où ça va s’arrêter se désolent plusieurs militants sur les réseaux sociaux ?

Le vendredi noir, version 2018, prophétisé par les fanatiques de l’opposition, n’aura finalement pas lieu. Prêtant une oreille attentive aux efforts du représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU et Chef de la Minusma, Mahamat Saleh Annadif, et en coordination avec le Haut Représentant de l’Union africaine et Chef de la MISAHEL, le gouvernement a accepté de laisser l’opposition battre le pavé ce matin. C’était à la suite d’une rencontre, tenue hier matin à la Primature, laquelle a regroupé autour du Premier ministre, chef du gouvernement, outre les Chefs de mission des nations unies et de l’Union africaine, les représentants de la Majorité et de l’Opposition.
La levée d’interdiction qui frappait les marches projetées par le Collectif de l’Opposition intervient à la suite des bons offices du Chef de la Minusma et celui de la Misahel mais aussi de la volonté de la majorité et de son gouvernement d’apaiser le climat politique artificiellement tendu sur les préoccupations douteuses autour du processus électoral et de l’égal accès aux médias d’Etat.
Lors de sa réunion extraordinaire du 2 juin, la conférence des présidents de la majorité avait convenu d’appeler à l’apaisement et à la responsabilité afin de ne pas donner de prétexte à l’opposition de gripper le processus électoral. Même son de cloche de la part du gouvernement.
C’est au regard de ces bonnes prédispositions au niveau de la majorité et du gouvernement que les Chefs des missions de l’ONU et l’UA ont entamé leurs bons offices pour contribuer à la promotion du dialogue et de l’apaisement du climat politique en ce contexte électoral en rencontrant au quartier général de la Minusma, tour à tour, les délégations conduites par le chefs de file de l’Opposition (mardi 5 juin) et de la majorité (mercredi 6 juin), toutes deux composées de plusieurs chefs de partis politiques. Objectif des rencontres séparées : convenir sur les voies et moyens de parvenir au déroulement des élections, dans le calme et œuvrer pour la restauration de la confiance entre les différents acteurs politiques.
C’est dans la continuité de ce processus que le Premier ministre a rencontré la mission de bons offices et les acteurs du processus. La majorité était représentée par le président de la Plateforme « Ensemble pour le Mali » (EPM) non moins président du RPM, Dr. Bokary Tereta, et le président de l’APR, Oumar Ibrahim Toure ; la délégation de l’Opposition, conduite par son chef de file, l’honorable Soumaïla Cisse, comprenait : le président de l’ADP-Maliba, l’honorable Amadou Thiam et Me Mohamed Aly Bathily du Mouvement Appel du Mali.
Pour une première rencontre d’après gazage, on peut aisément imaginer la tension et la vivacité des propos venant notamment de ceux qui ont la rancune tenace et la réaction des communistes non repentis qui ne se laissent pas compter.
Après ces altercations verbales, sur fond de camaraderie, les parties, selon nos sources, ont échangés sur leurs préoccupations réciproques quant à la conduite du processus électoral et abouti à la nécessité de prioriser le cadre de concertation comme instrument d’échange et de dialogue.
Le Premier ministre a réaffirmé sa bonne disposition et sa totale disponibilité d’être à l’écoute des acteurs engagés dans le processus électoral afin de parvenir à des élections apaisées, transparentes et crédibles.
Sur le sujet qui fâche, la marche de ce matin, l’opposition, d’après les mêmes indiscrétions, a réitèré sa détermination de marcher tout en assurant qu’elle n’est ni une opposition putschiste ni une opposition casseuse. C’est pourquoi elle a demandé l’assistance de la police malienne pour encadrer et sécuriser sa marche.
Après ces assurances du patron de l’Opposition, le Premier ministre, tout en maintenant le souci du gouvernement conformément à sa feuille de route de protéger tous les Maliens, a souscrit à la sollicitation des chefs de missions de l’ONU et de l’UA, dans le cadre de l’apaisement, prônée et acceptée par tous, en faisant preuve d’ouverture et de mansuétude en faisant une concession majeure : levée exceptionnelle de l’interdiction. Non pas pour la seule opposition mais pour les Maliens qui sollicitent une autorisation de marcher. A la seule condition que la marche soit encadrée et sécurisée par les forces de sécurité maliennes et qu’elle n’ait pas le même itinéraire qu’une autre marche.
Comment donc cela va-t-il se traduire concrètement ce matin, sachant qu’une association proche de la majorité appelée « Convention citoyenne pour le Mali » a demandé une autorisation de marche pour la même heure et avec le même itinéraire ?
Selon des sources proches de la rencontre, il est fort probable que celle des proches du régime soient annulée, pour des raisons évidentes d’apaisement. Pour ne pas apporter de l’eau au moulin de l’Opposition dans sa stratégie planifiée de troubles, mais aussi par souci d’équité, il sera demandé aux organisateurs de cette association proche de la majorité de surseoir à sa marche.
Sinon en cas d’affrontement, l’opposition pourrait, à juste raison, alléguer qu’elle est la première à avoir dit publiquement dès le dimanche 3 juin qu’elle projette de marcher le 8 juin lors de sa conférence de presse. Mieux elle brandira sa demande datée du lundi 4 juin 2018 au « directeur régional des services de police de Bamako » lui priant, pour ce faire, « de bien vouloir mettre à notre disposition trois cents (300) agents de police et deux chefs d’équipe pour assurer le maintien d’ordre ». Une demande signée par Ibrahima N’Diaye, Directeur de cabinet du chef de file de l’Opposition qui comporte clairement le lieu de rassemblement (Place de la Liberté) et l’itinéraire proposée : de la place de la Liberté a la Bourse du Travail en passant par l’Avenue Mamadou Konaté, la Place de l’OMVS, la Place de l’Indépendance, le Boulevard de l’Indépendance.
Or la demande d’autorisation de marche de la « Convention citoyenne pour le Mali », signée de Boubacar Soumaoro et adressée au Gouverneur du District de Bamako est datée du mardi 5 juin. Marche dite « Citoyenne, Patriotique et Pacifique », qui « débutera aussi à 8h30 au Monument de l’Indépendance et prendra fin à la Bourse du Travail » en empruntant « l’itinéraire suivant : du Monument de l’Indépendance, nous passerons par la place de l’indépendance, ensuite par la Place de OMVS, l’Avenue Mamadou Konaté, la Place de la Liberté, devant le carrefour des jeunes vers le BABEMBA, l’Echangeur de Darsalam, le Boulevard de l’Indépendance pour finir à la Bourse du Travail ».
Une décision d’apaisement qu’ingurgite mal l’opinion malienne surtout dans les rangs de la Majorité qui la prend beaucoup plus comme une concession de trop, voire une reculade qui ne se justifie pas après une longue série qui ne fait que démobiliser les militants. Tandis que ceux de l’opposition sont galvanisés par une victoire de plus, parce qu’après tout, il suffit qu’elle hausse le ton pour que le pouvoir recule. Jusqu’où ça va s’arrêter se désolent plusieurs militants sur les réseaux sociaux ?

Affaire à suivre
Par Mohamed D. Diaxara

info-matin

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