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« Aujourd’hui, la Chine et ses ressortissants sont plus exposés au terrorisme »

La Chine va créer la première université dédiée à la lutte antiterroriste, au sein de l’Université politique et de droit du Nord-Ouest à Xi’an, ont annoncé lundi les médias chinois, alors que le 1er janvier est entrée en vigueur dans le pays la toute première loi antiterroriste

agent police chine defile

Malgré les craintes des grandes entreprises étrangères du Net et des organisations des droits de l’homme, le texte avait été adopté par le comité permanent de l’Assemblée nationale populaire le 27 décembre. Pour Moritz Rudolf, chercheur associé à l’Institut Mercator pour les études chinoises (MERICS), ce texte s’explique par la volonté de Xi Jinping d’accroître « l’efficacité de l’appareil de sécurité », mais par la présence grandissante de la Chine et de ses ressortissants dans le monde du fait de la puissance économique et politique du pays.

Pourquoi la Chine éprouve-t-elle la nécessité de se doter d’une loi antiterroriste ?

Dans le cadre du programme de réformes basées sur le « gouvernement par la loi » et mises en avant par Xi Jinping, une approche antiterroriste fondée sur un texte législatif est de grande importance pour les dirigeants chinois. On peut critiquer la qualité de la loi et son côté vague, mais la décision de l’adopter et de créer un cadre légal est en soi significatif. Elle correspond à la volonté des dirigeants chinois d’accroître l’efficacité de leur appareil de sécurité. Il y a six mois, une nouvelle loi sur la sécurité nationale a été adoptée.

En accord avec la loi antiterroriste, une nouvelle agence de lutte contre le terrorisme et un centre national de renseignements ont été créés. De plus, des forces antiterroristes spécialisées seront établies et les policiers seront autorisés à utiliser leurs armes dans « des situations d’urgence ». Comme le montrent des incidents récents, notamment à Kunming en 2014, une vraie menace terroriste existe en Chine.

L’avant-projet présenté fin 2014 avait soulevé les inquiétudes de Barack Obama et des organisations des droits de l’homme, est-ce que le texte final est moins controversé ? Existe-t-il encore des points problématiques ?

Une version initiale de l’avant-projet utilisait une notion très large du terrorisme, accordait au gouvernement de nouveaux pouvoirs de censure et autorisait l’Etat à accéder à des données commerciales sensibles. Dans le texte final, le terme terrorisme est encore défini de manière vague. De plus, il y a de sérieuses inquiétudes au sujet de l’application de la loi qui pourra être motivée politiquement contre les dissidents et les minorités religieuses.

La nouvelle loi restreint gravement la liberté de la presse. Par exemple, à l’exception des médias autorisés préalablement, il sera interdit d’évoquer des attaques terroristes ou la réponse des autorités. Cela permet aux dirigeants chinois de disposer de la prérogative d’interpréter les événements « terroristes ».

Le texte final n’a pas retenu l’obligation qui aurait été faite aux entreprises du Net et autres fournisseurs de technologie de remettre pour approbation leurs systèmes de chiffrements et autres données sensibles. Mais la loi réclame toujours aux fournisseurs de « fournir un soutien et une assistance techniques y compris le chiffrement ».

La Chine dénonce le double discours des pays occidentaux, lorsque ces derniers mettent en doute la réalité terroriste au Xinjiang, mais peut-on imaginer qu’il puisse exister une plus grande coopération entre eux dans le domaine de la lutte antiterroriste ?

Il y a encore de la marge pour une plus grande coopération avec la Chine dans le domaine de la lutte contre le terrorisme international. Les pays occidentaux et la Chine partagent un intérêt commun, celui de la stabilité dans les régions vulnérables. A mesure que la Chine s’implique de plus en plus, politiquement et économiquement, dans les affaires internationales et mène une politique étrangère plus offensive, ses efforts antiterroristes internationaux seront accentués.

Avec son initiative des nouvelles « Routes de la Soie », la Chine investit dans des régions instables qui sont touchées par le terrorisme. Par conséquent, le pays et ses ressortissants sont plus exposés aux attaques terroristes, comme l’illustre la mort de trois hommes d’affaires chinois dans l’attaque récente de Bamako.

Un forum spécifique pour la coopération pourrait être le G20. Xi Jinping a déjà annoncé que la Chine allait se concentrer sur la coopération antiterroriste lors de sa présidence du G20. Un autre forum pourrait être le « outreach program » (« programme de sensibilisation ») de l’OSCE. Durant sa présidence de l’OSCE en 2016, l’Allemagne pourrait jouer un rôle constructif pour faire participer la Chine aux efforts antiterroristes.

La coopération sécuritaire entre la Chine et les pays occidentaux ne peut réussir que s’il existe une distinction claire entre la question ouïgoure et les menaces de l’organisation Etat islamique. Sinon la possibilité d’une coopération significative restera limitée.

 

Source: Le monde

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