La commission de suivi des prix du pétrole, composée des représentants du gouvernement, des consommateurs, du groupement des Maliens professionnels du pétroles (GMPP), dans le cadre de sa rencontre mensuelle du mécanisme de fixation des hydrocarbures pour voir l’évolution des fluctuations du prix du pétrole dans le monde, s’est réunie, hier, mercredi, 16 mars 2022, dans la salle de conférence de la Direction nationale des produits pétroliers (ONAP). Elle a été présidée par le Directeur général de l’ONAP, Modibo Gouro Diall. Au terme de cette réunion, une décision majeure a été prise par les membres de la commission. Il s’agit notamment de l’augmentation légère du prix de l’essence à partir de ce 17 mars 2022. Ainsi, le litre du super carburant passe donc de 663 Fcfa à 762 Fcfa, et le prix du gasoil passe de 593 Fcfa à 760 Fcfa. Selon les conférenciers, cette augmentation du prix du pétrole n’est nullement liée à l’embargo qui nous est imposée. Elle est due à la crise ukrainienne qui a vu les prix du pétrole flambés dans le monde, passant de 400 Fcfa à 600 Fcfa à l’extérieur. «Ce n’est pas de gaité de cœur que nous annonçons cette nouvelle. C’est un phénomène que tous les pays vivent aujourd’hui. Cela vaut mieux qu’on soit privé du pétrole», ont annoncé les conférenciers, notamment Modibo Gouro Diall, Ibrahim Touré, secrétaire permanent du groupement des Maliens professionnels du pétrole (GMPP) ; Abdoul Wahab Diakité, premier vice-président de l’Association des consommateurs du Mali (ASCOMA).
Selon Modibo Gouro Diall, Directeur Général de l’Office Nationale des pétroles (ONAP), on est dans un contexte caractérisé par la flambée très prononcée des cours mondiaux du pétrole. Ces fortes augmentations, dit-il, sont liées à la crise ukrainienne qui a eu des répercussions sur les prix des produits pétroliers dans le monde. Au Mali, ajoute le DG de l’ONAP, depuis près de 16 mois, les consommateurs ont acheté le carburant au même prix qui est aujourd’hui de 663 Fcfa pour le super carburant et de 593 Fcfa pour le gasoil. Cette reconduction depuis novembre 2020, a expliqué Modibo Gouro Diall, s’explique par le souci des autorités de la transition à œuvrer à maintenir, à préserver le pouvoir d’achat du consommateur malien. Par les effets exogènes que nous avons enregistrés liés à la crise ukrainienne, aujourd’hui le super carburant est vendu à 663 Fcfa le litre à la pompe. Pendant que juste avec la crise, dit Gouro Diall, le super carburant coûte près de 600 Fcfa (593 Fcfa). C’est donc sans compter les frais des transports, sans compter les droits des douanes, et sans compter la marge des opérateurs. C’est ce qui a fait que, poursuit Diall, l’Etat, dans le souci d’avoir les prix soutenables pour les consommateurs, a sollicité les opérateurs pétroliers pour que chaque partenaire puisse faire des sacrifices en vue d’avoir des prix soutenables. C’est ainsi que, dit Diall, on n’a procédé à un certain nombre de réduction des charges. «Nous avons eu à réduire le transport, ensuite à réduire la taxe ou la redevance d’usage routier. Et puis la marge des opérateurs a été diminuée principalement de 20 Fcfa par litre. Ce qui fait que, ça nous donne encore des prix de 762 Fcfa par litre pour le super carburant et 760 Fcfa pour le gasoil. A compter d’aujourd’hui à minuit, ces prix doivent entrer en vigueur», a fait savoir le premier responsable de l’ONAP, Modibo Gouro Diall. Pour finir, il a ajouté que ce n’est pas de gaité de cœur que ces augmentations ont eu lieu. Mais, dit-il, c’est après les efforts fournis par les uns et les autres, notamment l’Etat qui a renoncé à une bonne partie des droits et taxes, et les opérateurs pétroliers qui ont accepté pour la patrie, de renoncer en guise d’accompagnement des autorités maliennes à une partie de marge. Mais, le souci des autorités est de toujours faire en sorte que les prix à la pompe soient compatibles avec le pouvoir d’achat du consommateur.
Tout comme l’Etat, les sacrifices des opérateurs miniers aussi….
Ibrahim Touré, secrétaire permanent du Groupement des Maliens professionnels du pétrole (GMPP), a précisé d’entrée que l’augmentation des prix de l’essence à la pompe aujourd’hui n’a rien à voir avec l’embargo. Parce que, dit-il, les produits pétroliers n’étaient pas sous embargo. Le Mali s’approvisionne normalement partout en produits pétroliers. Elle est liée à la fluctuation des prix internationaux. Sur le marché international, explique Touré, il y a eu une hausse. « On sent aujourd’hui les répercussions du baril du prix. Pour trouver un prix consensuel, digérable à la pompe pour nos compatriotes, nous venons d’avoir cette rencontre. Je tiens à dire aussi qu’il faut remercier le dynamisme des opérateurs pétroliers qui mouillent les maillots pour assurer la sécurité énergétique du pays. J’assure les populations de la disponibilité du pétrole », déclare Touré.
Avec un esprit d’entreprise citoyen, nous, opérateurs pétroliers, avons consenti aussi à des baisses, à des réductions sur nos marges, a des réductions sur nos coûts d’approches. Car, un opérateur pétrolier au Mali est un distributeur et un transporteur à la fois. Les deux jumelés ont un coût. Mais, avec la situation du pays, nous avons jugé nécessaire de trouver des leviers à l’intérieur sur lesquels on peut jouer pour pouvoir trouver un prix pour que nos populations ne sentent pas l’augmentation à un niveau où ça peut les empêcher de dormir. Et à ce niveau, ajoute-t-il, nous nous sommes réunis pour diminuer les prix pour jouer notre partition dans la construction du pays. Car pour nous, a-t-il soutenu, l’Etat a diminué ses droits des douanes, il a diminué la redevance de l’autorité routière. C’est pourquoi, dit-il, nous avons aussi revu nos marges à la baisse, revu nos transports à la baisse. « Malgré tout cela, le prix est resté élevé. L’Etat a encore revu sa redevance à l’autorité routière à la baisse. Ce qui a amené l’essence aujourd’hui à 762 Fcfa et le gasoil à 760 Fcfa. Nous avons fait ce que nous pouvions faire. L’Etat a fait ce qu’il peut faire. Et nous voulons que les consommateurs acceptent ce que nous avons fait. On à fait cela pour que les populations ne ressentent pas l’effet de l’augmentation des prix du pétrole qui nous a été imposée par la guerre de l’Ukraine, guerre qui a fait que les prix ont flambé, ils ont pris l’ascenseur sur le marché international », a déclaré Ibrahim Touré pour rassurer les uns et les autres.
Les consommateurs doivent accepter la hausse afin d’éviter toute rupture de carburant
Abdoul Wahad Diakité de l’Ascoma a fait savoir que par nature, les associations des consommateurs sont contre toutes les formes d’augmentations. Cependant, dit-il, le contexte actuel du pays et du monde nous oblige à accepter. Car, s’il n’y avait pas d’augmentation des prix, a dit Diakité, c’est sûr qu’il y aurait une pénurie sur le marché malien. Finalement, ajoute-t-il, ce sont les spéculateurs qui allaient prendre le train.
Les associations des consommateurs fonctionnent conformément au principe directeur pour la protection des consommateurs adopté par les Nations Unis en 1985 qui nous impose le silence par rapport aux efforts faits par le gouvernement. Comme nous sommes dans un contexte spécial, nous sommes obligés de parler. Aujourd’hui, pour que les prix soient maintenus à 762 Fcfa et à 760 Fcfa, les opérateurs économiques ont accepté une diminution de plus de 30% de leurs marchés. Et l’Etat aussi a amené pratiquement le TPP à 1 Fcfa. Comme vous le savez, dit Diakité, tous les objectifs budgétaires ont été laissés à l’eau. « Nous, en tant que consommateurs, acceptons cette augmentation en dépit de tout, parce que nous connaissons les efforts fournis par les autres acteurs, notamment le gouvernement et les opérateurs pétroliers. Je me réjouis que nous ayons pu anticiper l’augmentation qui pourrait atteindre plus de 800 Fcfa, selon les calculs. Mais nous avons parlé, eu un consensus pour finalement tomber à 762 Fcfa et 760 Fcfa les litres de supercarburant et du gasoil. Par ailleurs, il a déploré le manque de communication de l’Etat et du GMPP. Car depuis plus d’un an, le gouvernement est en train de faire des efforts ; les opérateurs économiques sont en train de faire des efforts, mais malheureusement qui ne sont pas connus du grand public », a-t-il conclu.
Hadama B. FOFANA
Source : Le Républicain