Terrorisés par leurs forces de défense et de sécurité et la menace terroriste, plus de 24 500 Burkinabés ont fui leurs villages, dans le nord du pays.
Il y a un mélange de tristesse, de méfiance, de peur et d’incompréhension dans son regard. Ses mains tremblent et se tordent quand il raconte son histoire, « pour que tout ça s’arrête ». Makido Lawol (le nom a été modifié) a fui son village, situé aux alentours de Damba, dans la province du Soum, au nord-ouest du Burkina Faso, depuis quatre mois.
Comme ce grand homme peul au visage émacié, ils sont, selon OCHA, l’Agence de coordination des affaires humanitaires des Nations unies, près de 25 000 Burkinabés à avoir fui leur localité, dans le nord du pays. Pas seulement pour échapper aux djihadistes qui ne cessent de terroriser la région depuis plus de deux ans, mais aussi, selon le propos de ces déplacés, pour se protéger de leurs propres forces de sécurité, militaires, policiers ou gendarmes.
« Les hommes de tenue (forces de sécurité) n’épargnent plus les innocents, tout le monde le sait, mais personne ne dit rien, par peur », Makido Lawol, un habitant qui a fui son village
Une allégation confirmée par un Rapport de mission de suivi des déplacements des populations du Burkina Faso vers le Mali que Le Monde s’est procuré. Dans ce document, daté de janvier 2018, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) indique qu’entre 2 000 et 3 000 ressortissants burkinabés ont fui chez leurs voisins maliens pour « venir chercher la paix » dans un pays pourtant encore plus en guerre que le leur, « par crainte des persécutions menées par l’armée burkinabée et d’autres groupes armés ».« Certaines personnes rencontrées ont fait cas d’arrestations, de menaces et d’autres exactions ayant entraîné la mort de membres de leurs communautés », précise le rapport.
Source : lemonde