Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne

Au marché aux herbes…

Souvent cachés derrière leurs étals impressionants de par la diversité des produits proposés, les vendeurs d’herbes, fruits et autres écorces attisent la curiosité. Reportage

 

marche herbe plante medicament traditionnel

 

Ils font partie de ceux et celles qui surchauffent l’ambiance dans les marchés par les rires, les discussions, les polémiques, les marchandages avec les clients… Eux, ce sont les herboristes dont la plupart ne sont pas de simples vendeurs, mais sont également versés dans la connaissance des plantes médicinales. Ce sont généralement de vieilles personnes, et on les retrouve dans les marchés assises derrière des tables ou étalages couverts et débordant d’herbes ou plantes médicinales, dont la hauteur, le plus souvent, dépassent leur tête.

Au Mali, comme sous d’autres latitudes, la nature est mise au service de la santé. Ce faisant, les herbes et les plantes deviennent de véritables trésors auxquels il est largement fait recours dans le but de guérir et prévenir les maladies, d’exorciser les mauvais esprits, de prémunir contre les sortilèges… Ces plantes et herbes, sont nombreuses et ne jouissent pas, pour un impressionnant nombre d’entre elles, de noms en français. Du moins les herboristes les ignorent et ont tout simplement recours à l’appellation dans la langue locale. Ces herbes sont le fruit de cueillette en forêt, dans des villages qui sont à cent lieues de Bamako, la capitale.

Il est 09h lorsque nous avons rencontré Soumaïla Sangaré, herboriste au marché de Kalaban-Coro, au sud-est du district de Bamako. Assis en face d’une table, qui est à deux doigts de crouler sous le poids des herbes et plantes qui l’inondent. Visiblement détendu et dispos, il a voulu volontiers jouer le jeu en répondant à nos questions. Il commence par dire que les plantes et herbes médicinales sont dans les marchés en pagaille, mais qu’elles jouent chacune leur rôle dans le traitement des maladies. Puis, il a pris une herbe qu’il a appelé « Ngolobè », et qui, à l’en croire est on ne peut plus efficace pour traiter le paludisme, pour les maux de ventre. Ses commentaires ont touché d’autres plantes ou herbes qu’on utilise pour traiter les problèmes liés à la circulation sanguine, les fièvres…

© DR

Qui sont les clients ?
Aux dire de Soumaïla, la clientèle est principalement féminine, surtout les femmes qui allaitent. Elles s’en procurent le plus souvent lorsqu’arrive la difficile étape où les dents commencent à pousser chez le bébé. En outre, il y a aussi les marabouts, les féticheurs qui viennent eux-mêmes les payer, ou bien les recommandent à une personne tierce venue les consulter pour une maladie. Il ajoute que ceux qui payent ces herbes et plantes médicinales en font ensuite des décoctions qu’ils consomment dans l’espoir d’une guérison raide. Mais, ajoute Soumaïla, il n’est pas rare de voir qu’après leur décoction, ces produits soient jetés au beau milieu de terrain de football, aux croisements des chemins… Cet acte, selon lui, n’est pas bon pour ceux qui s’en rendent coupables.

« DubaïPharmacie »
Naminè est elle aussi herboriste au marché de Kalaban-coro. Elle raconte que plus jeune, elle voyait son père recommander ces plantes ou herbes à des personnes qui le consultaient, et s’en trouvait émerveillée. Qu’elle a attendu de devenir une vieille personne pour assurer la relève de son père. Elle vient de Kangaba, vers le Mandé, territoire réputée pour la connaissance des sciences occultes et pratiques traditionnelles de guérison. Naminè assure qu’il n’y a chez elle aucune herbe ou plante dont l’utilisation peut s’avérer dangereuse. Pour elle, les risques ne sont pas liés à la plante ou à l’herbe, mais plutôt dans la prise de substances inadaptées à la personne. Elle assure même que les décoctions obtenues à partir des herbes et plantes qu’elle vend ne sont ni mauvaise au goût, ni pénible à boire.

Comme Naminè, Sinè Diabaté aussi est venu dans l’herboristerie à travers par un parent, en l’occurrence sa mère, qui lui a passé la main. Jeune, le cap de la trentaine à peine franchi, il a donné à sa boutique le nom de « Dubaïpharmacie », nom qui déchaine l’hilarité des passants qui savent lire. Il affirme qu’il a eu, grâce à ce métier d’herboriste, une certaine sécurité financière qui lui a permis de fonder une famille.

Le marché des herbes médicinales a encore de beaux jours devant lui au Mali. Il faut cependant constater qu’à côté de ces « connaisseurs », il y a de plus en plus de charlatans, qui viennent se faire de l’argent facile au détriment des malades. Quand ils ne mettent pas leur santé en danger en leur vendant des produits inappropriés voire dangereux, ils leur remettent des placebos à prix d’or. La prudence est donc recommandée surtout quand il s’agit d’ingérer les produits, mieux vaut avoir recours à une personne de confiance…

 

Suivez-nous sur Facebook pour ne rien rater de l'actualité malienne
Ecoutez les radios du Mali sur vos mobiles et tablettes
ORTM en direct Finance