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Au Mali, la mise en œuvre de l’Accord de paix ne doit surtout pas devenir un enjeu politique (MINUSMA)

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial de l’ONU au Mali a noté mercredi un renforcement de la confiance, au cours des trois derniers mois, entre les parties signataires de l’Accord de paix.

La récente visite du nouveau Premier Ministre, Soumeylou Boubeye Maiga, dans les régions du nord du pays concrétise le retour progressif de l’autorité de l’État dans ces régions, notamment à Kidal, a déclaré le Représentant spécial, Mahamat Saleh Annadif.

Comme autres avancées, le chef de la MINUSMA a noté l’adoption en février 2018 d’un projet de loi portant création des collectivités territoriales des régions de Ménaka et Taoudéni et la signature le 22 mars 2018 d’une feuille de route pour la mise en œuvre du chronogramme d’actions prioritaires endossé par le Comité de suivi de l’Accord de paix.

M. Annadif a également cité comme « réels progrès » les ateliers sur le pré-enregistrement des combattants éligibles au programme de désarmement, de démobilisation et de réintégration tenus à Kidal, Tombouctou, Ménaka et Gao en février 2018.

Les élections doivent confirmer « l’ancrage démocratique irréversible » du Mali

Le Représentant spécial a replacé cette dynamique positive autour de la mise en œuvre de l’Accord de paix dans un contexte politique marqué par la tenue du premier tour des élections présidentielles le 29 juillet, le second tour étant prévu le 12 août, et des législatives en novembre et décembre.

M. Annadif a mentionné les contacts inclusifs menés par la MINUSMA avec les acteurs politiques et les mouvements signataires pour qu’ils s’engagent dans un processus consensuel conduisant à des élections crédibles et apaisées.

« Les acteurs maliens ne doivent pas oublier, en cette année électorale, que la mise en œuvre de l’Accord doit demeurer une priorité et ne, surtout pas, devenir un enjeu politique », a déclaré le haut responsable onusien.

Il a noté que toute la classe politique malienne était unanime sur la tenue des élections crédibles et transparentes, dans les délais fixés. « Autant les élections de 2013 ont rétabli l’ordre constitutionnel au Mali, autant celles de 2018 doivent confirmer l’ancrage démocratique irréversible du pays », a-t-il déclaré.

S’agissant des préparatifs, il a mentionné la commande en cours pour produire huit millions de cartes d’électeurs. Il a néanmoins exprimé des doutes, compte tenu de l’échéancier serré, sur le fait que ces cartes puissent être distribuées à temps.

Le Conseil doit appeler la classe politique malienne au respect du calendrier mais aussi les encourager à aller vers des élections consensuelles, apaisées et surtout crédibles, a argué le Représentant spécial. « Le contraire serait d’ajouter une crise à la crise et c’est le camp des ennemis de la paix qui en sortira vainqueur », a déclaré M. Annadif.

« Réconciliation ne rime pas nécessairement avec impunité »

Devant le Conseil de sécurité, le Représentant spécial a noté la dégradation de la situation sécuritaire avec parfois, des « débordements assez graves en matière des droits de l’homme ». Un projet de loi d’entente nationale est en discussion, qui devrait constituer une entente majeure sur la voie de la réconciliation nationale, a-t-il poursuivi.

« Le transfèrement de M. Al Hassan Ag Abdoul Aziz à la Cour pénale internationale le 31 mars prouve que réconciliation ne rime pas nécessairement avec impunité », a souligné M. Annadif.

Les réalisations de la Mission sont ternies par le nombre croissant de victimes en raison des engins explosifs improvisés ou de tirs de roquette, a-t-il dit, en déplorant la mort de deux Casques bleus tchadiens la semaine dernière. Le Représentant spécial a dit placer beaucoup d’espoir sur l’arrivée des compagnies de convois de combats, avant d’insister sur le déficit important en hélicoptères. « Nous plaçons beaucoup d’espoir sur la promesse du Canada de déployer 6 hélicoptères dans les prochains mois », a-t-il dit, ajoutant que cette offre reste en deçà des besoins réels.

M. Annadif a souhaité que les recommandations, qui doivent être bientôt formulées dans le cadre de la revue stratégique de la Mission et guideront les discussions sur le renouvellement de son mandat, permettront une meilleure adéquation entre le mandat, les réalités et contraintes du terrain et les attentes des populations.

Le chef de la MINUSMA a toutefois reconnu la complexité du processus lié à l’Accord de paix. Ce Conseil se doit d’interpeller les parties signataires pour que la feuille de route du 22 mars ne reste pas une signature de plus, a déclaré M. Annadif. « Il est temps de passer des promesses aux actes en respectant les échéances convenues ».

M. Annadif s’est félicité du début des travaux du groupe d’experts sur le régime des sanctions. Ce régime peut renforcer la responsabilisation et l’adhésion des parties en faveur de l’Accord, a-t-il dit.

onu

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