L’association des banques du pays a ordonné la fermeture de tous les établissements du 19 au 25 septembre. Conséquence de la grave crise économique qui frappe le Liban, des restrictions draconiennes empêchent les clients de retirer leur argent, en particulier en dollar.
Cinq banques ont été « braquées » vendredi 16 septembre au Liban par des clients voulant retirer leurs économies bloquées. Des incidents qui suscitent un large soutien dans l’opinion publique de ce pays frappé par une crise sans précédent.
Le Liban est plongé depuis 2019 dans de graves difficultés économiques et financières. Les banques imposent des restrictions draconiennes, empêchant ainsi les clients de retirer leurs économies, en particulier en devises étrangères, surtout des dollars.
En 48 heures, sept banques ont été braquées, dont cinq pour la seule journée de vendredi. Face à la multiplication de ces incidents, le ministre de l’intérieur, Bassam Mawlawi, a tenu une réunion d’urgence « pour prendre les mesures sécuritaires nécessaires ». « Réclamer ses droits de cette manière (…) peut nuire au système et faire perdre leurs droits au reste des épargnants », a-t-il averti après la réunion.
L’Association des banques du Liban (ABL) a ordonné la fermeture de toutes les succursales pendant trois jours la semaine du 19 au 25 septembre.
Le procureur Ghassan Oueidat a ordonné l’arrestation des personnes impliquées dans ces braquages, selon une source judiciaire contactée par l’Agence France-Presse (AFP). Il a également demandé aux forces de sécurité de déterminer si ces incidents étaient coordonnés.
Vote du budget ajourné
Une séance parlementaire prévue vendredi pour le vote sur le projet de budget 2022, l’une des réformes exigées par le Fonds monétaire international (FMI) pour débloquer des milliards de dollars d’aides, été ajournée au 26 septembre, après le retrait de plusieurs députés.
Mercredi 14 septembre, l’exaspération d’une Libanaise qui a pris d’assaut une banque de Beyrouth pour récupérer ses économies bloquées en vue de payer les frais d’hospitalisation de sa sœur atteinte d’un cancer a eu un effet boule de neige. Vendredi à la mi-journée, pas moins de cinq autres braquages avaient été recensés.
Tôt le matin, un homme et son fils ont fait irruption dans une succursale de la Byblos Bank à Ghaziyeh, au sud-est de Saïda, la principale ville du Sud, ont fait savoir à l’AFP une source policière et un agent de sécurité témoin de l’incident. L’homme a menacé les employés de la banque avec une arme, qui, selon une chaîne de télévision locale, était factice. Il a finalement réussi à obtenir quelque 19 000 dollars en liquide mais s’est ensuite rendu à la police. Une foule s’était réunie devant la banque pour le soutenir.
A Beyrouth, dans le quartier de Tarik Jdidé, un homme s’est enfermé dans une succursale de la Blom Bank avec des policiers, ont déclaré à l’AFP des témoins rassemblés dans la rue. Selon eux, il s’agit d’un commerçant endetté qui réclame le retrait de ses économies gelées. Ce braquage a pris fin l’après-midi, après que l’homme a remis son arme aux policiers, tout en affirmant qu’il comptait rester dans la banque jusqu’à obtention de son argent, selon un correspondant de l’AFP.
« Injustice et oppression »
Dans le quartier voisin de Ramlet al-Bayda, un homme armé d’un fusil de chasse a pris d’assaut une succursale de la Lebanon & Gulf Bank, ont affirmé des habitants à un photographe de l’AFP. Sa famille a finalement récupéré la somme de 15 000 dollars. L’homme est sorti de la banque encadré par des policiers.
Dans la banlieue sud de Beyrouth, un jeune homme armé d’un pistolet factice a, lui, déclaré avoir pu retirer une somme de 20 000 dollars d’une banque, selon des médias locaux.
Enfin, dans la ville de Chhim, dans le sud du pays, un militaire à la retraite a retenu en otage six personnes, dont le directeur d’une branche de la BankMed, selon une association d’épargnants. Il a finalement obtenu 25 000 dollars et est sorti de la banque encadré par les forces de l’ordre.
En août, un homme avait été acclamé par la foule après avoir réclamé, fusil à la main dans une banque de Beyrouth, plus de 200 000 euros d’économies pour payer les frais d’hospitalisation de son père. La banque lui avait donné près de 30 000 euros et il s’était rendu aux autorités. Il n’a pas été poursuivi.
De son côté, la principale association des épargnants libanais a exprimé son soutien aux auteurs de ces braquages, affirmant qu’ils étaient confrontés à « l’injustice et à l’oppression ».