À la question « quels pays africains vous semblent les plus attractifs pour investir actuellement ? », les investisseurs sont visiblement peu nombreux à répondre « le Mali ». Classé 28ème sur 50 États, le Mali est devancé par 2 pays de l’UEMOA et les 4 ouest africains qui figurent dans le Top 10. S’il « n’est pas destiné à analyser les conditions d’investissement ou la facilité de faire des affaires dans les pays en question », le classement traduit le désir des investisseurs à s’installer dans tel ou tels pay. Malgré ses nombreuses potentialités, le Mali doit encore convaincre les investisseurs à développer leurs affaires sur place.
Et on peut même « se féliciter de cette place, vu la situation », relève M Cheick Oumar Soumano, Président des jeunes patrons du Mali. Le pays aurait sans doute « mieux fait » sans la crise de la Covid-19 et les sanctions de la CEDEAO, qui viennent d’être levées. « Parce que notre économie, qui repose essentiellement sur les services, se retrouve handicapée lorsque les échanges avec les autres sont compromis.
Même si dans le domaine agricole, nous avons des potentialités, la pluviométrie variable rend souvent le domaine incertain et lorsque l’on produit on ne transforme pas », ajoute M. Soumano.
Mais le climat des affaires est aussi gangrené par plusieurs phénomènes, dont la corruption. La méfiance envers la justice, censée rendre les décisions conformes au droit; est « une impression partagée par beaucoup d’hommes d’affaires ». Les lenteurs administratives sont aussi pointées du doigt. Pour les demandes d’agrément ou les raccordements à l’électricité, les délais sont souvent prohibitifs. Toutes ces contraintes peuvent expliquer que le Mali ne soit pas assez performant.
Changements possibles
Mais « l’espoir est permis » avec la mise en place des nouvelles autorités et un ministère en charge de la Promotion des investissements qui doit travailler avec le secteur privé. Il faut rassurer les investisseurs en travaillant sur les questions de corruption, de difficultés d’accès au financement et de fiscalité, en veillant au respect des conventions souscrites par le Mali.
La mise en place d’un fonds d’appui pour les entreprises qui souhaitent évoluer dans l’exportation ainsi que d’une banque d’investissement, les modèles existants ayant montré leur limites, sont des pistes de solution, pour M. Soumano.
Le secteur informel, qui représente environ 90% de l’économie, devra être « ramené dans le giron du formel » et il faudra mettre en place un dispositif de promotion et de soutien aux PME, qui constituent 80% du tissu économique.
Fatoumata Maguiraga
Classement Deloitte
28ème place : Mali
1ère place : Côte d’Ivoire
4ème place : Sénégal
Journal du Mali