Dans une république corrompue, les lois sont nombreuses mais toujours violées. Malheureusement, le Mali sous IBK n’échappe pas à cette triste vérité universelle. Quand l’Etat cesse d’être un garant pour devenir un gérant, il faut naturellement s’attendre à des situations comme l’attaque suicide de Gao. S’il s’avère que l’auteur de l’attentat s’est servi d’un véhicule non immatriculé, sans aucun doute les responsabilités du Gouvernement et de la commission défense de l’’assemblée nationale sont engagées. Pourquoi ?
Suite à l’attentat survenu à Bamako le 7 mars 2015, le gouvernement à travers un communiqué lu par son porte-parole de l’époque avait décidé ce qui suit : « à compter du lundi 16 mars, la circulation des véhicules non immatriculés est interdite sur l’ensemble du territoire malien de jour comme de nuit ». Pour des raisons politiques évidentes, le fiston national et non moins président de la commission défense de l’assemblée nationale, Karim Keita avait fait une sortie médiatique sur l’ORTM pour s’approprier cette décision. De cette date à aujourd’hui, beaucoup d’eau a coulé sous le pont de wabaria.
Au-delà des mots, cette mesure qui aurait essentiellement frappé les porteurs d’uniformes et certains barrons de la république n’a jamais été appliquée. Pis, certaines structures n’ont jamais cessé de délivrer des laisser passer aux véhicules CH incriminés. En dehors des mots, aucune mesure d’accompagnement n’a été prise pour faire respecter cette décision vitale dont l’application aurait pu permettre de sauver des vies à Gao. Dans une république ou les politiques ne sont jamais coupables, surtout pas le fiston national, le bouc émissaire idéal se trouve être des techniciens et des pauvres militaires qui n’ont pas vocation à faire la police derrière les véhicules dans nos villes.
Dans un Etat qui dispose de toutes ses facultés, il est inadmissible qu’un gouverneur puisse faire un tel aveu d’impuissance. “Maintenant en ce qui concerne les forces de sécurité, des dispositions vont être renforcées, il y’en a déjà. La ville sera encore mieux sécurisée. Des fouilles systématiques seront opérées partout et sur tout le monde. Nous envisageons de faire identifier tous les véhicules se trouvant dans la ville de Gao.
Parce que, depuis la fin de l’occupation, avec la situation de crise toutes sortes de véhicules entrent et sortent de Gao sans contrôle, comme une zone de non droit. Par exemple sur 100 véhicules, ce sont 10 seulement qui sont régulièrement immatriculés. Nous allons demander à la population, à ceux qui sont propriétaires de véhicules, de venir eux-mêmes identifier leur véhicule. Après ce processus, nous saurons quel véhicule aurait franchi le seuil de la ville”, disait le 1er responsable de la ville.
Malgré la décision du gouvernement d’interdiction des véhicules CH et les mesures sécuritaires, si Gao est toujours dans la situation décrite par le gouverneur, des têtes doivent tomber aussi bien du côté de la cité des Askia que de Bamako. Sans aucun mea-culpa le même Karim et le gouvernement à travers le ministre de la défense se sont rendus à Gao pour rendre hommage aux victimes qu’ils auraient pu sauver avec un peu de sincérité et de responsabilité. Quelle ironie du sort !
Que fait le ministre de la sécurité dans cette affaire ? Fortement, interpellé le Ministre Salif Traoré doit des explications au peuple malien. Comme quoi un bon gouverneur n’est pas forcément un bon Ministre. Puisqu’il y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, IBK peut toujours rester dans sa logique. Cela réconforte Henry Jeanson qui disait que « le mensonge, est, comme le tabac et les allumettes, monopole d’Etat. »
A suivre !
Lamine Diallo