Après l’attaque du 23 mars 2019 contre le village d’Ogossagou dans le cercle de Bankass dont le bilan se chiffrait à plus 160 morts et plusieurs blessés, le président de la République, chef de l’Etat, chef suprême des Armées, Ibrahim Boubacar Keïta, s’était rendu le 25 Mars 2019 sur les lieux de la tuerie. Sur place, il s’était montré ferme, sinon plus ferme et déterminé à ce qu’une autre attaque lâche et barbare n’arrive dans notre pays. Deux mois sont passés et voilà un autre carnage, cette fois-ci dans le cercle de Bandiagara. Finalement, s’agit-il d’une incapacité du président et de son gouvernement de protéger les personnes et leurs biens ? Pour l’heure, tout porte à le croire.
A Ogossagou, ce 25 Mars 2019, dans le cercle de Bankass, région de Mopti, les propos du président de la République, Ibrahim Boubacar Keïta, semblait rassurer le peuple malien quant à la protection des personnes et leurs biens. En sa qualité de chef suprême des Armées, IBK avait déclaré dans ce village meurtri : « Plus jamais ça au Mali !»
Pour appuyer ces propos forts, mais qui se sont révélés par la suite populistes, IBK avait tenu à instruire ou même menacer publiquement son nouveau chef d’Etat Major général des Armées, général de Division Abdoulaye Coulibaly, en ces termes : « Si un cas similaire se produisait encore, je mettrai immédiatement fin à ta fonction.»
Deux mois après, précisément le 10 juin 2019, ce fut, malheureusement, le tour du village de Sobane Da dans le cercle de Bandiagara, dans la même région (Mopti) de subir les atrocités de même nature que celles d’Ogossagou. Ces attaques, similaires, ont été menées quasiment à la même heure, c’est-à-dire tôt le matin. Encore, les propos n’ont pas manqué au chef suprême des Armées, Ibrahim Boubacar Kéïta, pour servir ses traditionnels discours de condamnation.
Cette fois-ci, il s’est montré beaucoup plus tendre qu’avant et avec un discours pacifique. Toutefois, il a tenu à rassurer que nul n’a plus le droit de porter inégalement des armes sur l’ensemble du territoire national. «Seuls les militaires doivent porter les armes pour défendre leur pays, sécuriser les populations et leurs biens. Nous allons interdire sérieusement la détention inégale des armes», a-t-il déclaré le 12 juin 2019, lors de sa visite sur les lieux du massacre.
Mais la question que l’on se pose est de savoir comment l’armée peut-elle sécuriser des populations et leurs biens dans des localités où elle n’a jamais été constamment depuis le début du conflit intercommunautaire déclenché il y a environ quatre ans ? Cette décision d’interdire la détention inégale des armes sous-entend également qu’aucun autre groupe ne sera autorisé à porter les armes quelle qu’en soit la raison. Alors, comment désarmer des groupes armés ou du moins des milices dont l’Etat a perdu le contrôle ? La preuve est que la dissolution de Dan Na Ambassagou sur papier n’a jamais fait effet sur le terrain.
La vérité c’est que le président de la République et son gouvernement ont failli quant à la sécurisation des populations. C’est pourquoi, lors d’une conférence de presse tenue le 13 juin 2019, le président du Front pour la Sauvegarde de la Démocratie (FSD), Soumaïla Cissé, a souligné qu’il est grand temps que le gouvernement sorte des incantations pour faire de la sécurité des personnes et de leurs biens, une priorité réelle, pas du faire-semblant.
Ousmane BALLO
Source: Ziré-Hebdo