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Attaque d’un village au Mali: «Nous demandons la collaboration des populations»

Après l’attaque du village dogon de Sobane dans le centre du Mali qui a fait près de 100 morts, la situation reste tendue. Le ministre de la Communication malien Yaya Sangaré condamne le drame et appelle à l’apaisement. Il promet que justice sera faite. Il répond aux questions de Jeanne Richard.

 

RFI : Sait-on maintenant qui est à l’origine de l’attaque du village de Sobane ?

Yaya Sangaré : Je ne pourrais pas dire avec exactitude ceux qui sont à l’origine de cette attaque tragique, mais ce que nous pouvons attester, c’est que ce sont des hommes armés qui sont soupçonnés d’être des terroristes qui ont lancé cet assaut meurtrier contre ces villages paisibles, dans la commune de Sangha. Les enquêtes sont en cours pour les traquer, les identifier et les mettre entre les mains de la justice.

Donc selon vous, il s’agit ici d’un contexte de terrorisme, plutôt que d’un contexte d’affrontements intercommunautaires ?

Jusqu’à preuve du contraire, nous pensons que ce sont des hommes quand même armés qui sont soupçonnés d’être terroristes. Nous savons quand même c’est une zone qui est infestée par toute sorte de milices, de terroristes qui séjournent encore. La raison pour laquelle le gouvernement a mis en place un programme intégré de sécurisation de cette zone pour pouvoir non seulement désarmer tous ceux qui ne sont pas vraiment en harmonie avec les textes du pays et également qui agissent en dehors de la loi. L’armée est appuyée par la force Barkhane, et même par d’autres forces de la communauté internationale qui sont à pied d’œuvre pour sa sécurisation et surtout, pour la mise en confiance de ces populations afin que les gens puissent dénoncer tous ceux qui ont des comportements vraiment pas commodes.

Pourtant, après le drame d’Ogossagou et maintenant avec celui de Sobane, visiblement la situation ne s’est pas améliorée. Alors qu’est-ce que le gouvernement compte faire ?

Comme vous le savez, c’est un espace assez vaste. Et le statut de l’armée n’est pas proportionnel à la superficie du territoire. Vous savez également qu’il y a les forces de la communauté internationale qui sont là, également nous avons réorganisé la zone militaire pour pouvoir donner du sang neuf à la hiérarchie militaire qui se trouve là-bas. Donc parallèlement à l’action militaire, il y a aujourd’hui des actions de développement qui sont en cours. Mais ce que nous demandons de plus, c’est la collaboration des populations parce que ces éléments d’où qu’ils viennent parviennent quand même à s’installer, à s’infiltrer au sein de la population. Et quand ils ne sont pas dénoncés, ils peuvent s’adonner à ce genre d’acte avant que les forces de l’armée et de sécurité ne puissent venir à leurs secours.

La Minusma dans un communiqué vous interpelle et appelle les autorités maliennes au « sursaut » ?

Ce problème est un problème malien. Donc le gouvernement malien n’a pas besoin d’attendre l’autorisation de qui que ce soit pour s’atteler vraiment à sa mission régalienne. Le gouvernement du Mali, sa préoccupation c’est la sécurité, la protection de l’ensemble des Maliens sur l’ensemble du territoire. S’il y a des faiblesses, les faiblesses ne sont pas dues seulement à l’armée malienne, parce que le combat que le Mali est en train de mener aussi n’est pas un combat. Juste du Mali, nous avons besoin de la compréhension, de la solidarité de la communauté internationale pour vaincre vraiment ces ennemis et, la paix.

Après le drame d’Ogossagou, il y avait eu un large remaniement au sein de l’armée. Il y avait eu aussi un remaniement au sein du gouvernement qui avait suivi, est-ce qu’on peut s’attendre à ce type de mesures encore à nouveau ?

Il appartiendra en dernier ressort au président de la République, chef des armées, d’en tirer toutes les leçons, parce qu’aujourd’hui, personne ne peut s’accommoder avec l’assassinat aussi atroce d’une centaine de personnes, et surtout des personnes innocentes. Donc, le président de la République va effectuer le déplacement dans les prochains jours sur les lieux, et évaluer la situation. Et les mesures qui s’imposent vont être prises dans le seul intérêt des Maliens et des Maliennes.

Dans un communiqué, la milice dogon « Dan Nan Ambassagou » considère cette attaque comme une déclaration de guerre, se dit prête à verser le sang. Va-t-on vers une escalade de la violence ? Y a-t-il un risque aujourd’hui de guerre civile au Mali ?

Le Mali, les Maliens ont toujours vécu dans une forme de symbiose. Quelle que soit la meurtrissure que les uns et les autres peuvent ressentir, il est question de douleur. Je ne pense pas que les Maliens puissent vraiment déchirer tout ce que l’histoire nous a légué. C’est vrai qu’on traverse aujourd’hui des moments d’incompréhension, mais la raison nous appartient aussi, et les Maliens pourront trouver le ressort nécessaire comme ils l’ont toujours trouvé pour s’asseoir et discuter, et trouver les réponses appropriées à ce que nous vivons aujourd’hui. Autant ce qui s’est passé à Ogossagou a été condamné, autant ce qui se passe aujourd’hui à Sobane doit être condamné avec rigueur. Mais je ne pense pas que cela puisse nous emmener à un cycle d’attaques et de représailles parce que ce sont des innocents qui vont en pâtir. Donc c’est vrai que la douleur est atroce, mais je demande aux auteurs de ce communiqué de mettre balle à terre, autant privilégier le dialogue, autant privilégier ce qui nous a unis. Ce sont ces éléments qui veulent créer la discorde entre Maliens et pouvoir transformer notre pays en un champ de bataille qui donnera que la désolation et la ruine. Donc que chacun aujourd’hui fasse confiance en notre justice. Nous avons demandé à ce que des enquêtes soient ouvertes, bien suivies, bien documentées et que tous ceux qui vont se retrouver entre les mains de la justice soient vraiment jugés avec objectivité dans l’intérêt de la paix et la stabilité du pays.

RFI

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