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Assises de Bamako : Seul à payer pour la bande

Suite à une opération de vol à main armée, le jeune homme a été coincé par la foule en délire pendant que ses complices se sont enfuis. Il a été seul à payer pour la bande

 

Comme nous le disions dans notre précédente parution, après le passage de MC à la barre qui a écopé de la peine de mort, ce fut ST de se présenter devant les jurés à la barre. Tout comme son prédécesseur MC, les juges n’ont pas été tendres avec ST. Au terme de plusieurs heures de débats, vu la gravité des faits qui lui étaient reprochés, ils l’ont condamné, lui aussi, à la peine de mort.

Ainsi, la Cour donne le signal que les jurés seront impitoyables dans l’application de la loi dans toute sa rigueur. Les peines seront proportionnelles aux faits sans autre forme de procès.

ST était accusé des faits de vol qualifié. Selon l’acte d’accusation, l’inculpé a commis cette infraction aux détriments de MAS, un commerçant boutiquier établi à Ouolofobougou-Bolibana, un quartier de la Commune III du District de Bamako. Le vol qualifié est un acte prévu et puni par des dispositions des articles 252 et 253 du code de procédure pénale et peuvent donner lieu à des peines criminelles.

Des rôles partagés

Le 18 décembre 2019, aux environs de 19 heures, à Ouolofobougou-Bolibana, six inconnus armés se sont introduits dans la boutique d’habillement de MAS. Ce jour-là, tout portait à croire que cette opération était minutieusement préparée par ce groupe de malfrats du fait même du déroulement de l’opération. Les bandits armés avaient confié un rôle à chaque membre de la bande durant l’opération.

Ainsi, pendant que les autres s’étaient introduits dans l’établissement commercial de MAS, ST, lui, est resté dehors blotti dans un coin, en face même de l’échoppe. Son rôle à lui était simple, mais important dans le déroulement et la réussite d’une opération de ce genre. Il s’agissait d’alerter ses complices qui se trouvaient à l’intérieur au cas où un intrus se présentait dans les parages.

En quelques temps seulement, l’opération des malfrats était terminée et le résultat satisfaisant. Ils ont pu emporter quatre motos Djakarta. Nous apprendrons plus tard que deux des quatre engins à deux roues avaient été récupérés par la police. Mais avant, en dépit de la présence de ST dans la rue pour guetter l’arrivée d’éventuels intrus, la chance n‘était pas du côté des bandits.

Sans pouvoir nous expliquer comment cela a pu se passer, nos sources ont affirmé que la bande de voleurs a été prise en chasse par la clameur publique. Ainsi, ils se sont dispersés et chacun a pris le chemin qui lui a semblé favorable pour prendre la fuite. C’est comme cela que trois des quatre ont disparu dans la nature.

Malheureusement, durant sa fuite, dans une confusion totale, ST a trébuché pour se retrouver à terre. Il n’a pas eu le temps de se relever pour partir. Très malchanceux, il a été coincé, pris dans la nasse et copieusement battu par la foule en colère. Puis, le malheureux a été conduit au commissariat de police. à l’issue de l’enquête préliminaire, une procédure judiciaire a été engagée contre lui pour des faits de vol qualifié.

Faux fuyant

De l’arrêt de renvoi, il est ressorti qu’après avoir reconnu les faits, l’inculpé a donné des explications relativement claires sur les circonstances de son acte aux premiers enquêteurs. Mais devant le magistrat instructeur, il s’est rétracté en les niant tout simplement. C’est ce double langage qui lui a coûté cher par la suite.

À l’audience, même si les faits ont été commis en bande, ST était seul à comparaître à la barre. Ainsi, il est resté dans la même logique de dénégation des faits. Il a préféré jouer au faux-semblant que de dire la vérité. Ce qui a dû faire traîner les débats et éventuellement rendre la tâche difficile à son conseil et aux jurés. Car, face à la question de sa responsabilité des faits, il s’est disculpé en déclarant n’avoir pas pris part à l’opération dont il est question. Qu’il serait tout simplement parti accompagner son ami sans connaître réellement qu’ils allaient commettre un braquage.

Pis, l’inculpé a soutenu mordicus n’être au courant de l’opération. Dans cette stratégie de défense, le jeune homme pensait trompé la Cour sur le déroulé des faits. Comme s’il s’était retrouvé au mauvais moment et au mauvais endroit. L’accusé ignorait le fait qu’il avait été pris sur les lieux de braquage à la suite d’une course poursuite sur une moto qu’ils (avec ses compères) avaient volée devant la boutique de la victime suscitée. Cette stratégie n’a pas convaincu la Cour et les jurés n’ont pas manqué de le lui notifier.

Les victimes présentes à l’audience sont passées à la barre pour témoigner. Elles ont toutes, au cours de leur passage, charger le jeune homme de les avoir braqués en bande. Mieux, le duo de victimes a clairement détaillé la triste fin de journée vécue. La cause était entendue pour l’inculpé. Celui-ci était désormais dans une impasse.

Mensonge mis à nu

Pour son réquisitoire, le parquet a d’abord mis à nu les mensonges de l’accusé, car il expliquait avoir quitté Missabougou pour la place CAN à Lafiabougou, en Commune IV, deux secteurs diamétralement opposés pour aller accompagner ce dernier pour une commission sans autre précision. Mieux encore, de cet endroit, ils se retrouveront à l’endroit des faits soit dit pour acheter des boissons alcoolisées. Ces détours, de l’avis du défenseur des citoyens, prouvaient à suffisance que l’inculpé savait dans quoi il plongeait.

Pour l’avocat général, ST essaye de se disculper des faits. Finalement dans sa réquisition, il a requis de le maintenir dans les liens de l’accusation sans le bénéfice de circonstances atténuantes.
Le conseil de son côté, s’est dit peiné du vol des engins. Pour lui, son client n’est pas coupable tout simplement, par le fait que les victimes ont témoigné n’avoir vu ce dernier emporter leur engin.

« Les objets volés n’ont pas été trouvés en sa possession », a-t-il indiqué. C’est pourquoi, la robe noire a plaidé non coupable. Après plusieurs heures de débats et de questions réponses, la Cour a condamné l’accusé à la peine de mort.

Tamba CAMARA

Source : L’ESSOR

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