L’évolution de la situation politique de notre pays ne laisse personne indifférent. C’est ainsi que nous avons tendu notre micro à la présidente du Parti pour le renouveau et le développement (Prd), Assétou Sangaré, qui a bien voulu nous décrypter l’actualité socio-politique et sécuritaire.
ujourd’hui-Mali : Après la tenue du second tour des législatives, quelle analyse peut-on faire des résultats ?
Assétou Sangaré : Malheureusement, ces résultats montrent encore que l’argent reste le maître des élections dans notre pays. C’est dommage pour des vrais candidats animés du seul souci de mieux représenter les citoyens. Et puis, qu’on arrête de nous parler de la majorité et de l’opposition, ce n’est pas vrai. Sinon, ils allaient se retrouver sur les mêmes listes.
Quels enseignements doit-on tirer de la volonté du gouvernement de poursuivre ce processus, malgré la pandémie du coronavirus ?
La ferme volonté du gouvernement à poursuivre le processus électoral malgré la pandémie nous enseigne qu’il n’y a pas de plan B (que le gouvernement n’envisage aucune autre piste de solutions) si l’Assemblée nationale n’est pas renouvelée. Les mesures prises contre la pandémie, malgré le maintien du processus, sont insuffisantes. Le gouvernement aurait dû plutôt investir dans les kits de tests pour Covid-19, ensuite mettre à profit les centres de votes pour faire les tests de masses lors des élections. Cela aurait permis d’anticiper, mieux gérer et isoler les cas positifs.
Quelle analyse faites-vous du projet du gouvernement d’organiser les législatives dans les régions de Taoudéni, Ménaka…
Je ne pense pas que cette information soit fondée, mais si c’est le cas, nous sommes face à un fâcheux précédent. Comment est-ce possible sans la démarcation réelle entre la circonscription électorale et celle administrative comme cela était prévue dans un passé ressent pour toutes les régions du Mali ? À ma connaissance, les électeurs de ces deux places viennent de voter lors de ces élections législatives pour élire les députés qui vont représenter leur région d’origine. Pourquoi les faire voter une deuxième fois au compte de régions créées sur papier ?
Pouvez-vous nous parler de la situation sécuritaire de notre pays en particulier dans les localités du centre et du nord ?
Je ne maîtrise pas beaucoup la situation sécuritaire de notre pays, mais quand nous entendons les échos des attaques par-ci et par-là et surtout dans les localités du centre, nous nous posons beaucoup de questions. Nous avons l’impression que nous sommes toujours en position de réaction et non d’action et d’anticipation.
En passant, nous saluons le courage et la détermination de nos FAMAs pour les efforts consentis souvent dans des conditions pas faciles du tout. Mais gardons espoir et encourageons le citoyen lambda à prendre davantage conscience que nous sommes dans une situation complexe qui n’est pas près de finir et que nous devons agir différemment dans notre quotidien.
Avez-vous des commentaires sur la crise scolaire qui secoue notre système éducatif depuis plus de deux ans ?
La crise scolaire qui secoue notre système éducatif depuis deux ans est sans commentaire, pour la simple raison que gérer, c’est prévoir. Établir un système éducatif performant est le meilleur des héritages que nous pouvons donner à la postérité dans un pays. Nos autorités doivent mettre l’éducation au cœur des priorités de leur gouvernance. Il faut organiser une assise nationale avec tous les acteurs impliqués dans le système éducatif de nos enfants qui sont l’avenir. Ensuite prendre des mesures qui s’imposent et surtout lier les dépenses de l’éducation au budget national pour éviter les multiples changements de cap.
Quid des mesures sociales annoncées par le président IBK dans la lutte contre la pandémie du coronavirus ?
Les mesures sociales prises par le Président IBK sont à saluer, nous sommes dans un pays d’une grande solidarité. Ce geste du président arrive à point nommé. Maintenant, dans la mise en œuvre, il faut que la rigueur soit de mise pour que cela soit ressenti dans le panier de la ménagère car c’est pour cela que le Président l’a fait, soulager un peu les ménages.
La riposte du gouvernement est-elle à la hauteur ?
Je l’ai déjà dit plus haut, la riposte du gouvernement n’est pas suffisante. C’est bien les masques et les kits de lavage des mains. Mais si nous voulons circonscrire la maladie, en plus des mesures barrières, il nous faut faire des tests de masses dans des foyers détectés où la maladie couve au lieu d’attendre les cas déclarés pour ensuite faire une prise en charge. Car chaque cas positif est susceptible de produire d’autres cas positifs dans ses contacts.
Votre mot de la fin ?
Mes chaleureux remerciements à tous les militants, militantes et sympathisants du Prd pour le résultat honorable obtenu lors des législatives du 29 mars passé en Commune IV. Le meilleur est à venir.
Aussi, je remercie et salue toute la rédaction du journal Aujourd’hui pour m’avoir donné l’opportunité de m’exprimer et bonne continuation à vous.
Réalisée par Boubacar PAÏTAO
Source: Aujourd’hui-Mali