L’Assemblée nationale a parachevé le jeudi dernier le processus de constitution de son bureau avant de désigner les membres des commissions parlementaires. L’un dans l’autre, les élus de la nation ont sacrifié bien de logiques politiques au profit de leur propre confort au nom d’un soi-disant consensus politique.
L’une des vitrines de la démocratie, l’Assemblée nationale du Mali, est en passe de privilégier les compromis pour satisfaire les intérêts d’un clan plutôt que d’instaurer un vrai débat quant au choix des élus dans les différents postes de responsabilité. Les positions politiques cessent d’être divergentes, car les lignes commencent à s’entremêler en toute vraisemblance. À part les députés du Parti YELEMA, tous les autres, quasiment, soufflent dans la même trompette. La démarcation entre l’Opposition et la Majorité parlementaire n’est plus visible. Le jeu d’intérêt semble casser les barrières qui les séparent. La confusion est totale.
Le débat est monotone quand il y a un semblant de débat. En clair : aucune contestation majeure, parce que chacun cherche à sauvegarder son intérêt personnel. C’est le principe qui est en train de s’enraciner dans notre démocratie au sein de l’Assemblée nationale où le consensus politique supplante l’intérêt général et piétine toute logique politique.
Alors, en s’aplatissant et en faisant le jeu de la Majorité, l’Opposition se trouve dans une posture délicate de réussir sa mission de contre-pouvoir, de concurrencer l’offre politique de la Majorité. Et c’est précisément dans ce cadre que s’inscrit la fonction de contre-pouvoir de l’opposition parlementaire. Mais hélas, jusque-là, l’Opposition parlementaire dirigée par le groupe Vigilance républicaine et démocratique est dans le suivisme politique où elle n’offre aucune alternative, autre que celle proposée par la Majorité.
Et pour des calculs de postes et de responsabilités, des élus des partis de l’Opposition ont retourné leur veste pour se ranger dans le camp de la Majorité contre toute attente. Les élus du Parti SADI, du MPR sont ainsi devenus les nouveaux militants de la Majorité bien que leur direction politique respective anime encore l’Opposition dans les rues. Ces députés veulent aussi saisir l’occasion d’avoir voix au chapitre, mais aussi de passer au banquet.
Également au sein de la Majorité, il n’y a pas de visibilité. Le choix des élus dans les postes de responsabilité n’est plus fonction du poids politique des partis dans l’hémicycle, mais du deal politique ayant permis l’élection de Moussa TIMBINE à la présidence de l’Assemblée nationale. Et l’une des conséquences de ce deal est le non-respect de la 1ere force parlementaire du RPM dans le choix des postes de responsabilités. Avec 51 députés, le parti RPM, désormais sous les commandes du ‘’Clan Karim KEITA et Moussa TIMBINE’’, laisse du champ à des alliés qui ont décidé de les soutenir contre Mamadou DIARRASSOUBA. Ainsi, le RPM perd la 1ere questure et le poste de la 1ere vice-présidence de l’hémicycle. Ceux-ci reviennent respectivement à l’Adema PASJ et au parti Mouvement pour le Mali (MPM). A 48 heures de la mise en place du bureau de l’hémicycle, la liste avait fait le tour des réseaux.
Karim KEITA garde la main sur la commission défense
Sans surprise, le tout puissant fils du Président de la République l’un des maestros dudit deal politique est reconduit à son poste du président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale contre tout critère de compétence. Sa récompense pour garder la main sur la Commission défense, Karim KEITA est le seul député réélu à conserver son ancien poste. Mais sur quelle base ? Difficile pour les élus de répondre à la question. Le seul critère avancé est qu’il a déjà une expérience à ce poste, nous murmurent des députés. Sinon qu’a-t-il réalisé ?
Ce qui reste palpable, l’honorable Karim KEITA à la tête de cette commission s’est beaucoup exhibé avec les militaires lors de la fête du réveillon où il partageait des repas de corps avec nos soldats sur le front. Devenue presque une tradition depuis quelques années, l’initiative n’est pas mal en soi, mais il y a plus important comme l’amélioration des conditions des militaires sur le front encore décriées, malgré les efforts consentis par le pouvoir. Sur ces aspects, l’honorable Karim KEITA a été complètement absent. Il est resté muet comme une carpe en se contentant de constater.
Il n’a été initiateur d’aucune action pour améliorer les conditions de nos soldats. Pire, avec tout ce qui est à dire sur la mauvaise organisation de la hiérarchie militaire, du gouvernement, sa commission a été abonnée absente. En ce que les nombreuses interpellations des ministres de la Défense ont été faites par d’autres élus, non membres de la fameuse commission de Défense dirigée par l’élu en commune II.
Quid des résultats des longues listes d’enquêtes qui ont été ouvertes suite à des centaines d’attaques terroristes et de conflits intercommunautaires de 2013 à nos jours. En 7 ans, peu de résultats ont été rendus publics. L’impasse à ce niveau est due quelque part à la faiblesse du contrôle de l’action gouvernementale par la Commission. En dépit de tout, il a été parachuté président de la même commission.
Par Sikou BAH
Source : INFO-MATIN