La Fédération malienne de football a saisi le tribunal pour l’annulation de l’assemblée qui a été convoquée par le Collectif des ligues et clubs majoritaires. Le délibéré est attendu ce matin
Le président du comité exécutif de la Fédération malienne de football (FEMAFOOT), Boubacar Baba Diarra sera-t-il révoqué par le Collectif des ligues et clubs majoritaires (CLCM) ? C’est l’enjeu principal de l’Assemblée extraordinaire convoquée par le CLCM mais rejetée d’avance par le Comité exécutif de la FEMAFOOT. Toute cette semaine, la campagne a tourné autour de la légalité de l’Assemblée extraordinaire.
D’un côté, les membres demandeurs de l’assemblée assure avoir le soutien et la signature de 30 des 55 votants, soit 54% et de l’autre, la FEMAFOOT revendique 31 signatures sur 51 du collège électoral, soit 61% des votants. Laquelle des deux parties a raison ? Là réside toute la question et le dossier est d’autant plus compliqué que chacun interprète les textes en sa faveur et que le nom de certains votants figurent sur les deux listes. Selon l’article 37 du statut de la FEMAFOOT, «des sessions extraordinaires de l’Assemblée générale peuvent être convoquées à tout moment à l’initiative du Comité exécutif ou à la demande de 50%+1 des membres votants par écrit.
Les affaires à traiter doivent être stipulées dans ladite demande». Sur ce point, toutes les deux parties sont d’accord et personne ne formule une quelconque réserve sur cet article. Mais là où il y a divergence, c’est le nombre de votants (55 ou 51 selon que l’on soit d’un côté ou de l’autre) et la liste de signatures revendiquées par les deux protagonistes.
Et ce point est d’autant plus important que le collège électoral est composé de quatre catégories de votants qui n’ont pas le même nombre de voix. Il s’agit des 9 ligues affiliées à la FEMAFOOT qui disposent chacune de 3 voix, des 16 clubs de première Division représentés chacun par 1 délégué, des 9 clubs champions de D2 qui ont droit à 1 délégué chacun et des 3 associations professionnelles représentées chacune par 1 membre.
Cela fait un total de 55 membres votants. Mais du côté de la FEMAFOOT, on estime que le collège électoral ne compte plus 55 mais 51 membres en raison de la relégation en deuxième division du Djoliba, du COB, du CSK et de l’Avenir de Tombouctou. «L’élimination» de ces quatre clubs change forcément les données pour la majorité sauf que pour le CLCM, les clubs sanctionnés ne peuvent en aucun cas être écartés du collège électoral avant la fin de la saison sportive 2014-2015. «L’article 5 du statut de la FEMAFOOT stipule que la saison officielle commence le 1er octobre et se termine le 30 septembre et tant que la saison n’est pas terminée, on considère que ces clubs sont en première division», indique à ce propos un responsable du CLCM.
«D’ailleurs, ajoutera-t-il, on a déjà eu ce scénario avec l’USFAS qui a participé à l’Assemblée de la FEMAFOOT alors que l’équipe avait été reléguée en D2». Pour le CLCM, le Djoliba, le COB, le CSK et l’Avenir de Tombouctou restent membres du collège électoral jusqu’au 30 septembre et leur participation à l’Assemblée extraordinaire ne saurait souffrir de contestation.
Le problème de représentativité se pose également pour certaines ligues mais sous une autre forme. C’est le cas notamment de la ligue de Kayes dont le président soutient le CLCM, mais que le comité exécutif de la FEMAFOOT a écarté du collège électoral pour cause de suspension. La fédération assure que le patron de la ligue de la première Région a été suspendu par les siens, alors que le nom de Kayes figure en tête des ligues régionales qui soutiennent le CLCM (les autres ligues sont Bamako, Ségou, Gao, Kidal et Tombouctou, soit 18 voix).
Ce sont donc 3 voix qui sont en jeu dans le dossier de Kayes auxquelles il convient d’ajouter celle du champion régional, l’US Kita. Mais là aussi, il y a problème parce que le nom de l’équipe de la capitale de l’arachide figure sur les deux listes (les autres clubs de D2 du CLCM sont l’AS Commune de Tombouctou, le FC Gaoussou, le Bronconi AC et Atar club, soit 5 membres votants). Cette semaine, la FEMAFOOT et le CLCM ont fait chacun leur compte et publié un communiqué de presse.
Dans son communiqué la FEMAFOOT dit : «A l’analyse de la situation actuelle et sur la foi des engagements des membres votants qui lui sont parvenus, le Comité exécutif dispose du soutien de 10 clubs de ligue 1 (le Réal, le Stade malien, les Onze Créateurs, l’ASB, l’AS Police, l’USFAS, le Mamahira de Kati, le Nianan de Koulikoro, l’AS Bakaridjan et l’ASOM), 7 clubs de D2 que sont l’US Kita, l’AS Bouroumassa de Kati, l’Office du Niger sports, l’US Bougouni, le Soni de Gao, le Débo de Mopti et l’ASKO), 4 ligues régionales (Kayes, Sikasso, Koulikoro et Mopti) et 2 associations professionnelles (l’Association malienne des médecins de sport et l’Association malienne des entraîneurs de football), soit un total de 31 voix sur les 51 que compte le collège électoral. Le nombre de votants dont se prévalent les demandeurs de l’Assemblée extraordinaire ne leur permet pas de convoquer une Assemblée générale».
Le contenu du communiqué du CLCM est tout autre : «les membres de la Fédération malienne de football organisateurs de l’Assemblée générale extraordinaire informent l’opinion nationale et le public sportif que ladite assemblée se tiendra le dimanche 30 août à l’hôtel Mandé car régulièrement convoquée avec les signatures de : six ligues régionales (Kayes, Bamako, Ségou, Gao, Kidal et Tombouctou), six clubs de Ligue 1 (Djoliba, CSK, COB, CSD, Avenir de Tombouctou, AS Sabana), cinq clubs de D2 (AS Commune de Tombouctou, FC Gaoussou, US Kita, Bronconi AC, Atar club), une association membre (l’Union nationale des anciens footballeurs du Mali).
Un total de 30 voix sur 55, soit 54%. La majorité nécessaire à la convocation d’une Assemblée extraordinaire est de 51%. En plus des 54%, conclut le communiqué, nous attendons la présence effective de plusieurs autres membres votants, la validité des décisions de l’Assemblée générale extraordinaire exigeant la présence d’un quorum de 51%».
La bataille de légitimité entre les deux protagonistes s’est poursuivie hier devant le tribunal de la Commune III que le président de la FEMAFOOT en demandant l’annulation de l’Assemblée générale extraordinaire. Selon nos informations, la plainte a été déposée contre Moussa Konaté le président du COB et l’un des chefs de file du CLCM. L’affaire a été examinée par le juge Daba Faradj et le délibéré est attendu aujourd’hui à 9h.
Avec cette dernière évolution il y a plusieurs scénarios possibles : la confirmation ou l’annulation de l’Assemblée générale extraordinaire ou le recours devant une autre juridiction. C’est dire que la crise qui secoue la planète foot du Mali depuis janvier n’a pas encore connu son épilogue et risque de se prolonger pendant quelques semaines, voire quelques mois.
On ne sait pas qui de la FEMAFOOT ou du CLCM sortira vainqueur de la crise, mais quelle que soit la suite des événements, on peut parier que l’affaire contribuera à faire évoluer la gouvernance du football malien. Comme le dit l’adage, à quelque chose malheur est bon.
S. B. TOUNKARA
source : L’ Essor