ASSASSINATS CRAPULEUX À FOISON
De Ibrahima Samb, chauffeur-apprenti habitant Touba, réputé avoir été tué en octobre 2013 par des policiers de Mbacké à Khady Sèye poignardée par Cheikhna Diop en octobre 2019, Touba a découvert une catégorie d’événements différente des manifestations religieuses auxquelles elle était habituée. Pourtant, cette vague de violences date de plusieurs années avant 2013. Rappelons-nous ce meurtre perpétré le 1er novembre 2012 à Dalla par un chambellan qui abattait un berger d’un coup de pistolet. Amadou Sow n’avait que 12 ans et il avait provoqué la furie de son bourreau pour avoir introduit ses moutons dans les champs d’un chef religieux de la place. L’affaire Ibrahima Samb qui a défrayé la chronique impliquait 4 policiers qui avaient oublié le pauvre garçon dans la malle d’un véhicule au terme d’une opération de sécurisation. Parlons aussi de l’affaire Moussa Niang, du nom de cet homme reconnu coupable du meurtre de Fatou Binetou Diop, sa tante. Soupçonnant cette dernière de pratiques mystiques l’ayant empêché d’émigrer en Europe, il devait, dans la nuit du 16 mars 2013, lui trancher la gorge avec une hache avant d’être alpagué par les forces de sécurité.
Le 9 Juillet 2014, c’est Fatou Ndiaye Diané, une femme enceinte de 8 mois, qui recevait des coups de pilon à elle allègrement servis par sa coépouse. Le drame s’était passé au quartier Gouye Siaar à quelques lieues de l’héliport de Touba. Juste 5 jours après, c’est Sam Bouqatoul Mubarak qui enregistrait un meurtre ignoble. Talla Bèye recevait un coupe-coupe sur la tête. Le commerçant du quartier était attaqué par une dizaine de malfrats qui lui ont ôté la vie avant de filer à l’anglaise. Le 10 août de la même année, Sourah prenait le relai avec la mort de la dame Maguette Ndiaye dont le beau-fils a abrégé la vie après lui avoir asséné des coups de couteau. L’hôpital de Ndamatou ne pourra rien faire pour la sauver. Vingt-huit jours après, Abdou Ndiaye recevait une balle de pistolet. Il était juste au mauvais endroit et au mauvais moment. La victime malchanceuse, séparait Djily Bèye et Mor Ndiaye qui se bagarraient à Tali Bu Bess. À la place de Mor, il devait perdre la vie avant que les limiers ne passèrent arrêter Djily, le tireur maladroit.
Le 3 juillet 2015, c’est un vieil homme de 70 ans qui était retrouvé égorgé et les yeux exorbités. Baye Seck habitait Darou Karim et fut vendeur de bois de chauffe. Des bandits seraient à l’origine de ce meurtre. Mention particulière : Baye traînait la réputation d’être un indicateur de la police. Quarante-huit heures après, une fillette de 3 ans était abandonnée sans vie dans une maison à Madyana. Awa Thiam était étranglée. Quelques mois avant et plus précisément en janvier 2015, c’est le nommé Birane Ndiaye qui était poignardé à mort par son ami au marché Ocass de Touba. D’autres drames seront enregistrés par intermittence. Mais ceux répertoriés en 2019 resteront à jamais gravés dans les mémoires. Il s’agit, bien entendu de ces deux enfants, Mame Daouda Touré et Serigne Mbacké Madina Touré, égorgés, fin septembre dans la maison familiale. Le drame est atroce. En début novembre, c’est une dame de 23 ans qui s’affalait devant la maison d’à côté de chez elle, après avoir reçu 5 coups de couteau de son agresseur.
BRAQUAGES AUDACIEUX
Du vieux Pape Balla Gaye à Malick Kaïré en passant par El Hadj Ngalla Diop, beaucoup d’hommes d’affaires ont fait les frais de la dextérité des braqueurs qui sont devenus plus efficaces et plus armés. D’ailleurs, certains estiment même qu’ils sont mieux outillés que les forces de l’ordre. Ngalla Diop, justement, ce richissime commerçant de Guédé a été nuitamment attaqué et dépossédé d’une importante somme d’argent. Certaines sources avaient annoncè la bagatelle de 3 millions de francs. Dans un intervalle d’un mois, toujours en 2015, c’est un commerçant traitant d’arachide et non moins riche homme d’affaires de Darou Khoudoss qui a livré à ses visiteurs la coquette somme de 29 millions de francs pour avoir la vie sauve. Pape Balla Gaye, septuagénaire, se retrouvera quand même avec le bras coupé. En juillet 2019 des cambistes sont attaqués au marché Ocass de Touba. Le 5 novembre dernier, 4 hommes ont vandalisé la bijouterie de Malick Kaïré. Ligoté et lynché, ce dernier sera obligé de se laisser délester d’une somme d’argent de 1,5 million de francs et des bijoux d’une valeur financière de 20 millions.
Pour rappel, les braquages sont devenus monnaie courante dans la cité. Souvenons-nous ! Le 1er avril 2015, 15 magasins du marché de Sam étaient dévalisés et des fortes sommes d’argent emportées à la suite d’une rocambolesque attaque. Les assaillants étaient à bord de 4X4. Le 4 août de la même année, des voleurs armés de pistolet feront irruption au marché Ocass pour prendre d’assaut des commerces. Galass Mbow, Moussé Thiam perdront 18 parures en or, une vingtaine de bagues, des bracelets de haute qualité et un coffret rempli de billets de banque.
Le 06 avril 2017, le Microcred de Touba et plus précisément celui situé sur la route de Darou Moukhty est attaqué par 10 braqueurs. Cette fois, les malfrats échoueront informés de l’arrivée imminente de la police. Le 15 juillet dernier, ce sont les cambistes du marché Ocass qui ont reçu la visite des bandits. Conduite par une femme, la bande a dérobé beaucoup d’argent et attaché avec du ruban adhésif leurs victimes.
ET L’ÉTAT DANS CE TOURBILLON ?
Au vu du décret numéro 2004-1210 du 6 septembre 2004 signés Abdoulaye Wade et Macky Sall, alors Président de la République et Premier ministre du Sénégal portant création dans le département de Mbacké d’une compagnie de gendarmerie territoriale dénommée ” Compagnie de Gendarmerie de Touba, l’agglomération pouvait compter, pour les questions de sécurité, sur les brigades de Touba Madyana, de Touba Khelcom, de Touba Hlm et même de Mbacké.
Les délimitations étaient alors très claires et visaient à cerner la cité de tous bords. Ainsi, comme stipulera l’article 4 dudit décret, la circonscription de la brigade de Touba Madyana est délimitée à l’est par la commune, au nord par la route de Darou Moukhty et au sud par la rocade qui passe devant l’héliport pour faire jonction avec la route de Diourbel. La circonscription de la brigade de Touba Khelcom est délimitée à l’ouest par la corniche, au Nord par la route de Dahra, au sud par l’autoroute de Touba-Mbacké. La brigade de Touba Khelcom est également compétente sur les daaras de Khelcom. Celle de Touba Hlm est délimitée à l’est par la route de Dahra exclue, à l’ouest par la route de Darou Moukhty incluse, au sud par la corniche et au Nord par la limite du secteur de brigade de Darou Moukhty. Quant à la circonscription de la brigade de Touba Mosquée, elle couvre le territoire ceinturé par la corniche à l’exclusion de celle-ci. L’autoroute de Touba-Mbacké est également de son ressort.
Ce découpage devra , très rapidement, montrer ses limites à cause du manque de logistique et du nombre d’éléments disponibles. Malgré l’existence d’un commissariat spécial à Dianatul Mahwa, la construction d’un poste de police par le regretté Khalife Serigne Sidi Makhtar Mbacké, la création dun escadron de surveillance inauguré le 27 novembre 2015 par le Président Macky Sall qui martèlera la volonté de l’État de travailler à renforcer la sécurité d’une ville qui s’agrandit vertigineusement, l’insécurité continuera à persister. Quelques années plutôt, le haut Commandant de la gendarmerie et directeur de la justice militaire, le général Abdoulaye Fall mettait en selle le 28 novembre 2013, deux nouveaux postes à Touba Belel et à Ndindy.
Ainsi en octobre 2018, le Chef de l’État devait procéder à l’inauguration dune nouvelle compagnie de la gendarmerie. Et pourtant…!
À côté de ces brigades, des opérations sont menées. La dernière en date et qui avait fait tilt était déroulée le 5 février 2017. En son temps, le ministre de l’intérieur avait dépêché 479 éléments et 43 personnes furent interpellées.
Seulement, aujourd’hui, force est de constater que l’État pèche dans ses approches par rapport à Touba. Le dernier recensement attribue à la cité moins de 900 000 habitants. La réalité du terrain est tout autre. Des voix autorisées parlent de plus de 2 millions de personnes. Ce qui justifie pleinement les difficultés éprouvées par les forces de sécurité pour cerner la cité…TOUBA.