Servant à la décoration des maisons, les pots de terre se vendent de 4000 à 15 000 FCFA. Cependant, leur transport présente un gros risque pour les commerçants
La poterie est, de nos jours, une activité artisanale plus ou moins rentable au Mali. Depuis belle lurette, le commerce des pots de terre profite à des femmes et hommes aussi bien en milieu rural qu’en milieu urbain. Utilisé pour meubler ou décorer les maisons, le pot de terre se vend sur les marchés et le long des artères de la capitale. Au rond-point de Daoudabougou, Awa Keita dite Mayini a aménagé son point de vente non loin d’un marais. Des pots bien superposés séduisent les usagers de l’Avenue de l’OUA : pots de fleurs brillants, joliment décorés, jarres aux motifs variés, canaris et autres vases attendent des acheteurs. Assise sous un hangar derrière ses marchandises, elle explique qu’elle exerce cette activité depuis l’adolescence. Ses pots sont fabriqués à Kalabougou, un village de Ségou où hommes et femmes pratiquent ce métier et viennent vendre leurs produits à Ségou au bord du fleuve. Ce lieu s’appelle Sokalakono ou «daga sigi danga». Ici, Maliens et touristes étrangers y défilent quotidiennement pour s’en procurer. Fatoumata Ballo qui a hérité de ce métier, nous informe que les pots viennent aussi de Farako, un autre village de Ségou.
Contrairement à ces deux villages qui excellent dans la confection des pots de fleurs, la jarre est la spécialité de Mopti. Le mécanisme du commerce est tel que quand les pots de Ségou arrivent à Bamako, ils sont décorés en vue de les moderniser. «Ils viennent avec une couleur unique. Nous faisons nous-mêmes des dessins sur ces pots. Il y a spécialement des dessinateurs», explique Fatoumata Ballo avant d’ajouter que les jarres de Mopti viennent avec leurs motifs. En comparaison avec le textile artisanal, le commerce des pots en terre ne souffre pas de l’indifférence des consommateurs Bamakois. Pour Awa Keita, le marché des pots est rentable dans la capitale. C’est un produit qui se vend à tout moment. D’ailleurs, parfois, il n’est pas facile d’en trouver sur le marché.
Selon Fatoumata Ballo, cela s’explique par le fait que les acheteurs sont notamment ceux qui préparent les plantes médicinales, les fleuristes et les nouveaux mariés sans oublier les jarres qui font traditionnellement partie du trousseau du ménage. Les pots de terre servent surtout à la décoration des maisons. Leurs prix varient de 4000 à 15 000 FCFA. Cependant, le transport des pots présente un gros risque parce que nombreux sont ceux qui ne survivent pas aux aventures du voyage. «Les pots se cassent au cours des trajets. Nous les donnons à des spécialistes qui les réparent ici à Bamako. Ils utilisent le plâtre pour les coller. Cela permet de diminuer les dégâts car certains pots sont irrécupérables», indique Awa Keita. Considérant que le mauvais état des routes est la cause de ces déboires, Fatoumata Ballo exhorte le gouvernement à réparer davantage les routes. S’agissant du projet dont la réalisation leur sera d’un avantage considérable, Awa Keita rappelle que le groupement des vendeurs de pots en terre avait demandé à l’ancien Premier ministre Moussa Mara de créer un marché consacré uniquement à la vente des pots. Mais son départ de la Primature a tué ce projet dans l’œuf. «Nous espérons que le nouveau gouvernement y pensera», souhaite notre interlocutrice.
Mohamed D. DIAWARA
L’Essor