Les jeunes filles et femmes maliennes sont réputées pour leurs formes resplendissantes. Si certaines ont été bien dotées par la nature, d’autres, par contre, usent d’astuces pour élargir leurs formes. Dans cette recherche effrénée d’une taille généreuse, certaines utilisent des suppositoires ou huiles de massages, des comprimés, des sirops pour attirer l’attention des hommes.
Poitrines et tailles généreuses sont, entre autres, les formes enviées par les filles et les femmes au Mali. La pratique a pris de l’ampleur sur toute l’étendue du territoire. Selon plusieurs personnes interrogées sur le sujet, plus la courbure est prononcée, plus la personne est attirante.
Dans les pharmacies par terre, on assiste à la vente de tout genre de produits dont les commerçants vantent le plus souvent les effets qu’ils qualifient de “miraculeux”. Ces médicaments esthétiques, de plus en plus utilisés par les jeunes filles et les femmes, sont désignés sur le marché par des noms fantaisistes comme “Bobaraba en deux semaines”, “Pommade hanche-fessier” et illustrés par de belles images…
Ils sont facilement accessibles sans prescription médicale et se vendent bien, à en croire un vendeur au marché de Banankabougou. Selon cet interlocuteur, les produits arrivent généralement du Ghana, de la Côte d’Ivoire, de la Chine et de l’Inde…
“Pharmacienne par terre”, Mariam D. propose plusieurs gammes de produits en fonction des attentes de ses clientes. “Il y a le “sirop Bobaraba” qui coûte 3000 F et les compléments alimentaires fixés à 2500 F CFA. Pour les femmes qui veulent les résultats entre deux et trois semaines, je leur conseille le mélange, c’est-à-dire le “sirop Bobaraba” et les compléments alimentaires. Pour celles qui ne sont pas pressées et qui veulent attendre un à deux mois, je leur recommande de prendre uniquement le sirop”, explique-t-elle.
“C’est très efficace, car la plupart des clientes reviennent avec leurs amies. Aussi, il n’y a pas du tout de conséquences, ces produits sont fabriqués à base de fruits”, rassure un pharmacien.
Agée d’une trentaine d’années, l’utilisation de ces produits n’a pas marché pour Fanta pour un début. “J’ai toujours eu un complexe. J’ai essayé toutes les vitamines possibles pour grossir. En vain. Ça n’a pas donné un résultat pour moi”, se désole-t-elle.
Mais le “sirop Bobaraba” et les compléments alimentaires lui ont donné satisfaction à force de les utiliser. Elle a maintenant la forme de ses rêves. “J’ai un gros popotin maintenant et je peux porter les habits moulants, chose que je ne faisais pas avant car j’avais des fesses plates”, jubile-t-elle.
Mariée et mère de plusieurs enfants, cette dame n’hésite pas non plus à se procurer de ces médicaments pour empêcher son mari d’aller voir ailleurs.
En témoigne les confidences d’une dame qui a requis l’anonymat. “C’est vrai que mon mari m’a connue taille fine, mais convenez avec moi qu’aucun homme ne va vous dire qu’il n’aime pas les fesses. S’il le fait, c’est juste pour être poli”, assure-t-elle.
“Les fesses piratées sont déséquilibrées”
“J’utilisais la crème hanche fessier et au début, j’avoue que j’étais très satisfaite. Mais une fois que j’ai arrêté de l’utiliser, mes fesses ont disparu et c’était le retour à la case départ”, dévoile une coiffeuse.
Du côté des hommes, les avis divergent. Pour Moussa, les filles savent qu’une belle paire de fesses tremblant dans un collant ou dans une robe moulante attire beaucoup les hommes.
Pour sa part, Abdoulaye reconnait aimer les grosses fesses. Il admet qu’il aime quand c’est plutôt naturel. “Je n’aime pas les fesses piratées parce qu’elles sont déséquilibrées. Au toucher, on sait si c’est naturel ou pas car elles sont généralement résistantes et dures comme du béton”, a-t-il commenté.
Certains hommes déclarent également que les mecs qui regardent les postérieurs des femmes regardent en réalité, sans se rendre compte, les formes de la colonne vertébrale. Ils ajoutent qu’une bonne forme diminue sensiblement les risques durant l’accouchement ainsi que les douleurs pendant la grossesse.
Cependant, l’arbre ne doit pas cacher la forêt car les produits fabriqués, conditionnés et commercialisés hors norme, ne sont pas sans conséquence sur la santé des consommatrices. Outre les allergies, ils peuvent prédisposer des risques de maladies cancéreuses.
Les conséquences sur la vie des utilisatrices
Selon Mahamadou Dembélé, spécialiste de santé au Cscom de Fana, les conséquences de l’utilisation de ces produits sur la santé de ses utilisatrices sont nombreuses. Il a expliqué que celles qui ont réussi à avoir la forme qu’elles désirent, vivent un calvaire silencieux dû aux effets secondaires des produits. “J’ai eu satisfaction avec ces produits sur un plan, mais je depuis 5 ans je cherche en vain un autre enfant. J’ai une fille et un garçon. Mon dernier à 7 ans et depuis, rien”, explique une jeune dame consommatrice de ces produits. Comme elle, beaucoup d’autres utilisatrices de ces produits présentent les conséquences de ces produits qui e respectent aucune norme conventionnelle. Eu égard aux conséquences désastreuses de ces produits, leurs abonnées doivent faire preuve de prudence.
Adama Diabaté,
Stagiaire
Source: L’indicateur du Rénouveau-Mali