Après sept mois de débrayages, la Synergie des enseignants du Mali et le Gouvernement sont enfin parvenus, ce 17 juin 2020, à un accord autour de l’application intégrale de l’article 39 de la loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale». La reprise des activités pédagogiques est désormais possible sous réserve de l’observation des mesures-barrières dans le cadre de la lutte contre la COVID-19.
Cet accord est le fruit d’âpres négociations entre les syndicats enseignants et les pouvoirs publics du Mali. Il faut donc prier pour la mise en œuvre de cet accord arraché dans un contexte de menace sérieuse sur la stabilité des institutions du pays.
Ce qui a été convenu
Selon le Procès-verbal de conciliation du 17 juin 2020, dont nous sommes procurés une copie, après discussion sur l’unique point de revendication, l’application immédiate de l’article 39 de la loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant «statut du personnel enseignant de l’enseignement secondaire, de l’enseignement fondamental et l’éducation préscolaire et spéciale», le Gouvernement s’est engagé à élever la grille indiciaire du statut du personnel de l’enseignement secondaire de l’enseignement fondamental et de l’éducation préscolaire et spéciale. Ainsi, l’Indice plafond de la catégorie ‘’A’’ passe à 1267 pour compter du 1er janvier 2019 et à 1382, pour compter du 1er janvier 2021.
« Les parties ont convenu de fixer la date d’application de cet accord sur le salaire du mois d’août 2020 avec le rappel des arriérés de 2020. Toutefois, en cas de difficulté, le payement interviendra sur celui du mois de septembre 2020. Pour ce qui concerne les arriérés de 2019, le payement interviendra un mois après l’alignement ou au plus tard celui qui suivra ce dernier », précise le PV.
Aussi, une commission d’élaboration d’avant-projets de grille indiciaire constituée des représentants de la commission de conciliation des parties gouvernementale et syndicale sera mise en place et commencera ses travaux dès le jeudi 25 juin 2020.
Le dossier scolaire, qui était entre les mains du gouvernement Boubou C, depuis le début de la crise en octobre dernier, a connu une évolution spectaculaire, avec la déclaration Président de la République, Ibrahim Boubacar KEITA, ce 16 juin 2020 au CICB, face aux membres du Cadre d’actions, de médiation et de veille des confessions religieuses et des organisations de la société civile : « J’ai décidé de mettre fin à la crise scolaire en appliquant l’article 39 ». Conformément à cet engagement présidentiel, une rencontre entre le Premier ministre et les enseignants a permis d’aplanir dès le lendemain les divergences entre les deux parties.
Le Collectif des syndicats signataires du 15 octobre 2016, qui avait planifié une marche pour ce jeudi, renonce à cette manifestation.
Ce mercredi, les responsables du Collectif décident de sursoir à cette manifestation, à travers une lettre circulaire qui a vite fait le tour des réseaux sociaux. ‘’ Les enseignants de l’éducation signataire du 15 octobre 2016 dans le cadre de la sensibilisation et de mobilisation des militants autour des actions à entreprendre avaient prévu d’organiser un rassemblement populaire le jeudi 18 juin 2020 à partir de 8 heures. À la suite de l’accord obtenu ce mercredi 17 juin 2020, ils décident de sursoir ledit rassemblement. À cet effet, ils invitent les différents secrétaires généraux à prendre toutes les dispositions nécessaires pour l’exécution de la présente ’’, indique la lettre.
Comment les enseignants, qui avaient passé l’année précédente (2018-2019) hors des classes, à négocier avec le gouvernement, un cahier de doléance de 11 points, arrivent à ce point de non-retour, l’année suivante (2019-2020) ?
En effet, en février 2019, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) et le gouvernement se sont entendu sur ‘’une nouvelle grille indiciaire dans la fonction publique, donc une augmentation de la grille indiciaire conformément à ce qui suit : 1er janvier 2019 : indice plafond 1100 pour la catégorie A ; 1er janvier 2021 : indice plafond 1200 pour la catégorie A. Cet accord n’ayant pas été élargi au personnel enseignant, ce dernier crie à l’injustice et demande à être rétabli dans ses droits. Les enseignants brandissent à la Loi n° 2018-007 du 16 janvier 2018 portant statut particulier du personnel enseignant du préscolaire, du fondamental et du secondaire qui stipule qui stipule : « Toute majoration des fonctionnaires relevant du Statut général s’applique de plein droit au personnel de l’Enseignement secondaire, de l’Enseignement fondamental et de l’Éducation préscolaire et spécialisée ».
Selon leurs propres termes, ils n’ont pas formulé de revendication, mais demandé l’application d’une loi votée par l’Assemblée nationale, promulguée par le président de la République et publiée dans le journal officiel.
Par Sidi DAO
INFO-MATIN