De nombreux observateurs et analystes maliens ont exprimé leur grande stupéfaction et leur profonde déception quant au phénomène de prolifération excessive des Généraux dans le pays, dont l’effectif a atteint en 15 ans seulement, plus de 100 officiers de haut rang environ.
Un chiffre incroyable pour une population d’à peine 17 millions d’habitants, se sont-ils interrogés. Plus impensable, si on compare ce nombre à celui des Généraux tant au Royaume du Maroc qu’au Sénégal voisins.
En effet, pour une armée forte de plus de 325.000 soldats (les réservistes et les 10.000 jeunes en cours de recrutement non compris), les forces armées marocaines ne comptent pas plus que 5 Généraux, tandis que le Sénégal qui a, pour ce qui le concerne plus de 11.000 militaires, n’en a qu’aujourd’hui que deux, depuis le décès en 2017 du Général Mountaga Diallo.
Cette pléthore de Généraux au Mali qui ne semble pas vouloir baisser d’intensité, greffe considérablement les caisses de l’État et suscite l’attention de l’opinion publique et étrangère, dès lors où elle met à sangsue les modestes richesses du pays, vu que le traitement d’un Général entraîne des dépenses considérables, à fortiori d’une centaine de Généraux, dont le train de vie est comparable à un État dans l’État. En effet, le Général qui a le droit exclusif du bâton, symbole de son rang élevé et du respect dont il doit, fait l’objet de ses protégés, doit être entouré de tous les égards dignes de son grade, à l’instar de l’histoire des Nations : des voitures de luxe, des gardes de corps, des villas, des indemnités, des salaires et tant d’autres privilèges, au moment où les autres éléments de l’armée, en particulier les soldats ne perçoivent que des miettes.
Une contradiction flagrante et insupportable de nos jours, qui pousse, des membres de la grande muette à bourdonner, contre ce qu’ils appellent la discrimination à visage découvert, sans scrupule et honteuse, dans la promotion au grade de Général, qui affirment-ils, n’obéit à aucun critère objectif, faisant surtout entrer en jeu le népotisme, le tribalisme, le clientélisme et autres manières de l’injustice et le piétinement de la légalité et du droit.
Ces injustices défoncées et déplorées conduisent, à leurs avis, font que des fraîches recrues sans expérience ni culture sont élevées au rang de Général au moment où de patriotes officiers jouissant de l’ancienneté et de l’expérience et bardés de diplômes obtenues des plus prestigieuses Écoles militaires du monde, sont relégués aux oubliettes.
Commentant cette prolifération accélérée des Généraux, des maliens ont exprimé leur peur de voir ces hauts gradés se bousculer avec eux dans les taxis, les bureaux, les hôpitaux, les marchés et les mosquées, compte-tenu de leur « démographie » galopante.
Mariam Konaré
Source: Nouveau Réveil