Au moment où les autres volent au secours de notre pays dont l’existence fut des plus menacée, c’est un capitaine qui se fait royalement installé dans ses fonctions de président du Comité militaire de la reforme des forces de défense et de sécurité (CMRFDS) avec des primes mirobolantes pendant que les soldats au front menacent d’y quitter faute de condition. Alors que les Maliens se mobilisent, avec plus d’un milliard F CFA et divers autres dons pour les forces armées, c’est le Procureur général qui vient du front avec un réquisitoire très accablant sur le dénuement de nos militaires au front. Pendant que le chef du gouvernement, Diango Cissoko, indique que l’absence des soldats maliens à Kidal est une question qui est en train d’être réglée par les gouvernements malien et français, c’est le directeur adjoint de la Dirpa, le lieutenant-colonel Souleymane Dembélé qui explique le fait par un manque de moyens pour la troupe. Décidemment on ne comprend plus rien.
Le moment n’était pas propice à un tel évènement et le capitaine Sanogo qui accomplissait déjà la fonction pouvait continuer à le faire sans un tintamarre de mauvais goût. D’ailleurs en ces moments difficiles pour la vie de la nation, la place du capitaine devrait plutôt être au front afin de mieux coordonner les opérations. Mais de cela, le capitaine n’a cure. Lui, le chef d’Etat-major général, le général Ibrahim Dahirou Dembélé de même que le ministre de la Défense, le général Yamoussa Camara, préfèrent se la couler douce dans des salons feutrés de Bamako, alors qu’au même moment, le fils du président tchadien se fait blesser au front et que le chef d’Etat-major général des armées du Tchad s’est rendu jusqu’à Tegharghar pour apporter un réconfort moral à ses troupes.
C’est dire que ce sont les autres qui sont en train d’abattre le fauve malien quand les Maliens eux-mêmes sont quasi absents. Les autres payent le prix du sang à la place des Maliens.
Certes, des soldats maliens sont au front à côté de leurs homologues tchadiens et français, mais quand on dit qu’ils font de la figuration, cela ne doit pas nous choquer d’autant plus que le directeur adjoint de la Direction de l’information et des relations publiques des armées (Dirpa), est allé jusqu’à dire que c’est faute de moyens que l’armée malienne n’est pas aujourd’hui à Kidal. En conférence de presse le lundi dernier, le lieutenant-colonel Souleymane Dembélé, a indiqué que « l’armée malienne n’a pas les moyens d’être à Kidal. Cette absence n’est pas politique, mais elle est d’ordre logistique. Nous n’avons pas de véhicules adaptés aux réalités du terrain. A preuve, les militaires qui doivent être à Kidal sont toujours bloqués à Markala, faute de moyens. Ce manque de véhicules se répercute sur nos troupes déployées sur le terrain. A Gao, nous sommes obligés de patrouiller à pied ».
C’est scandaleux parce que lorsqu’on n’a même pas les moyens de se rendre dans une localité de son pays ou lorsqu’on est obligé de faire les patrouilles à pied, vraiment ce n’est pas de cette manière qu’on pouvait libérer le Mali.
Ces déclarations font froid dans le dos du Premier ministre Diango Cissoko qui attribuait l’absence des soldats maliens à Kidal à un problème qui est en train d’être réglé par les gouvernements malien et français, laissant croire que le problème est d’ordre politique quand on sait que le MNLA qui a interdit notre armée de rentrer à Kidal est aux côtés des français dans la traque des jihadistes dans l’Adrar des Ifoghas.
Ces déclarations réconfortent aussi le Procureur général, Daniel A. Téssougué lequel après une mission au front n’avait pas porté de gants pour dénoncer la misère dans laquelle nos soldats évoluent auprès de leurs homologues français, tchadiens, nigériens etc. Et la lettre ouverte d’un soldat au front, parue dans « Le Républicain » d’hier dans laquelle l’intéressé indique que les soldats quitteront le front si leurs conditions de travail ne sont pas améliorées par les autorités du pays, préoccupées par la distribution de primes pharaoniques à des capitaines fuyards à Bamako.
Du coup on se pose les questions suivantes : A quoi servent les milliards mobilisés pour l’effort de guerre, gérés par le ministre de l’Economie des Finances et du Budget, Tiéna Coulibaly si on n’est même pas à mesure d’habiller nos soldats ? Pourquoi les armes achetées pour la guerre et longtemps bloquées au port de Conakry ne sont pas sur le terrain au lieu de servir pour la garde prétorienne d’un capitaine à Kati ?
Décidemment le Mali va mal.
Abdoulaye Diakité