La transhumance politique a de beaux jours devant elle au Mali. Des sources bien introduites auprès du Parti africain pour la solidarité et la justice (ADEMA-PASJ) indiquent que l’ancien vice-président, Ibrahima N’diaye, un des membres fondateurs du parti aurait décidé de claquer la porte au profit de l’Union pour la République et Démocratie (URD) de Soumaila Cissé. Même si rien d’officiel n’a encore filtré des entrevus que l’intéressé entretient avec la direction du parti de la poignée de mains, force est de reconnaître que cette décision serait la surprise de la conférence de presse que l’ex-challenger d’IBK à la présidentielle de juillet et août 2013, non moins député de Niafunké, animera cet après midi à l’Hôtel Radisson Blu.
Depuis un certain temps, la cohabitation était devenue difficile entre les abeilles au niveau de la ruche. En toile de fond, des problèmes nés des décisions prises par le CE du parti, notamment le choix du candidat à l’élection présidentielle de 2013, mais aussi les orientations et positionnement du parti qui n’ont pas fait l’unanimité. Le 1er vice président du parti d’alors, l’ancien ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle d’ATT, Ibrahima N’diaye dit Iba avait opté pour le choix du candidat de l’URD au second tour de la présidentielle, conformément aux engagements signés des semaines plus tôt. Mais, le reste du groupe ne l’a pas entendu pas de cette oreille. Car ils ont choisi de soutenir le candidat IBK, depuis lors c’était la rupture.
Pour comprendre tous ces problèmes, il faut remonter aux préparatifs des élections présidentielles de 2012.
Dès le départ, l’Adema-Pasj fut confrontée à un problème. Celui du choix du candidat pour porter les couleurs du parti à l’élection présidentielle de 2012. Plusieurs personnes lorgnaient la candidature. Et il fallait faire un choix. Celui qui va faire l’unanimité et permettre au parti de l’abeille solitaire de demeurer soudé et de continuer à occuper sa place de première force politique du Mali. C’est ainsi que le CE a décidé l’organisation des primaires pour choisir le porte-étendard des abeilles à ces élections. Plusieurs candidats étaient en lice : Ibrahima N’diaye dit Iba, Sékou Diakité, Adama Doumbia, Dioncounda Traoré…Cela va donner lieu à des clivages au sein de la même formation politique.
Pour ce faire, une commission de bons offices va être mise en place, dirigée par Yacouba Diallo, un des barons du parti. A l’issue des primaires, c’est Dioncounda Traoré qui sera retenu comme candidat du parti pour les élections de 2012. Cette décision ne sera pas bien accueillie par certains candidats à la candidature du parti. Il s’agit de Sékou Diakité qui va claquer la porte au parti pour rejoindre la CODEM. Et Adama Doumbia qui, lui aussi, va virer à l’UMPC, un nouveau parti créé à la veille des élections législatives de 2013. Sékou Diakité, lors de l’élection présidentielle de 2013, sera le directeur de campagne du candidat Ousseyni Amio Guindo tandis qu’Adama Doumbia sera candidat aux élections législatives en commune VI. En son temps, Adama Doumbia, dans une interview dans la presse, avait justifié son départ de la ruche par le fait que « l’Adema ne faisait plus son affaire ».
Sékou Diakité, quant à lui a préféré gardé le silence sur les raisons de son départ. Mais, des sources proches de l’Adema estiment que cela est dû à son mécontentement suite au choix du candidat Dioncounda Traoré en 2012, puis de Dramane Dembélé en 2013. Car l’homme estime qu’il était mieux placé que Dembélé pour porter haut les couleurs de l’Adema.
Les abeilles en rangs dispersés
Les élections de 2012 n’auront finalement pas lieu à cause du coup d’Etat du 22 mars 2012 qui va mette fin au régime d’ATT. Les militaires tentent de se maintenir au pouvoir. L’Adema, tout comme d’autres partis politiques (URD, PDES, le PARENA,…), exigent le retour à l’ordre constitutionnel. La pression monte d’un cran sur les militaires putschistes qui se voient obligés de lâcher du lest. Ils acceptent le retour à l’ordre constitutionnel. Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée nationale est investi pour assurer la présidence par intérim pendant 40 jours afin d’organiser les élections. Toute chose qui ne sera pas possible à cause de la crise sécuritaire et sociopolitique que le pays connaissait.
Il est maintenant à son poste par la CEDEAO et la communauté internationale pour diriger la transition dont les missions essentielles étaient la libération des trois régions du nord occupées par les rebelles et leurs alliés terroristes et djihadistes et l’organisation des élections présidentielles pour doter le pays d’un pouvoir légitime.
Après avoir réussi à libérer Gao, Tombouctou et une partie de la région de Kidal, il a fallu organiser les élections. Il fallait choisir un nouveau candidat pour l’Adema car Dioncounda Traoré était disqualifié d’office. Iba N’diaye qui n’avait pas été choisi candidat en 2012 croyait son heure arrivée.
A la surprise générale, le CE va décider de faire la promotion de la jeunesse en écartant tous les vieux caciques et choisissant Dramane Dembélé comme candidat. De nombreux leaders du parti, dont Iba N’diaye vont se mettre à l’écart. Le parti va faire le pire score son histoire à une élection présidentielle au Mali en se classant troisième derrière le RPM et l’URD.
A la surprise générale, le candidat Dramane Dembélé décide de punir les cadres du parti en demandant à voter pour IBK au second tour alors qu’un accord signé par les partis du FDR préconisait que tous ceux-ci soutiennent le candidat de ce regroupement qui rira au second tour. Sans compter qu’après cette élection, une division est intervenue au sein de l’Adema sur la position du parti. Car une tendance a rejoint la majorité présidentielle pendant que l’autre est restée dans l’opposition. Dès lors, Iba N’diaye avait décidé de suspendre ses activités au sein du parti. Une situation qui aurait sans doute conduit à ce départ, si l’on en croit nos sources. Si l’information s’avérait vrai, ce départ d’Iba N’diaye serait une grande perte pour l’Adema et un gain majeur pour l’URD car il s’agit d’un homme politique qui fait figure de référence pour une frange importante de la jeune Adema.
G.Diarra