Les syndicats de la magistrature ont demandé mercredi la démission du Premier ministre et celles des ministres Raky Talla, de la Fonction publique, et de Tiéna Coulibaly, ministre de la Justice au cours de leur assemblée générale à la Cour d’appel de Bamako.
“Tentative de caporalisation”, “atteinte au principe de la séparation des pouvoirs”, “loi dictatoriale”, “complot ourdi contre la magistrature”. C’est par ces mots peu courtois que les responsables des syndicats de la magistrature ont qualifié la décision de réquisition lue mardi soir à la télévision nationale par Raky Talla, ministre de la Fonction publique.
Face à la situation, les deux syndicats de la magistrature, le Syndicat autonome de la magistrature (Sam) et le Syndicat libre de la magistrature (Sylima), ont organisé une assemblée générale à la Cour d’appel de Bamako, mercredi 10 octobre 2018. A la fin de la rencontre, ils ont demandé la démission du Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga, et de deux de ses ministres : Raky Talla et Tiéna Coulibaly, respectivement ministre de la Fonction publique et ministre de la Justice.
“Loi dictatoriale”
Les leaders des syndicats de la magistrature devant un parterre de militants ont déclaré qu’une loi de 1987 relative aux réquisitions de personnes, de services et de biens n’est pas applicable dans le contexte démocratique. “C’est la première fois dans l’Histoire du Mali qu’une loi datant de l’époque dictatoriale est appliquée par le pouvoir exécutif”, ont-ils dénoncé.
Selon les syndicats, les conditions exigées pour l’application du texte en question ne sont pas remplies. Et de rappeler que la loi portant sur la réquisition “a été abrogée par la Constitution du 25 février 1992”. Selon eux, la Constitution est la norme suprême dans un Etat. Les robes noires de s’insurger contre cette décision du gouvernement évoquant une autre raison, atteinte à “la séparation des pouvoirs”.
Déclenchée depuis le 27 août, les magistrats maintiennent leur grève “jusqu’à la satisfaction de leurs doléances“. Ça reste donc un dialogue de sourds entre eux et le gouvernement. Fin septembre, une mission présidée par le président d’Ansardine, Chérif Ousmane Madani Haïdara, n’a pas réussi à convaincre les grévistes à reprendre le travail.
Les défenseurs de droit de l’Homme ne cessent de dénoncer les conséquences de ce mouvement.
Yehia Mahmoud
Source: L’Indicateur du Renouveau