L’intervention de la Cédéao : Le président en exercice de la Cédéao, Mahamadou Issoufou du Niger, a dépêché une délégation ministérielle qui a séjourné à Bamako du 15 au 19 juin 2020. Pour son malheur, IBK a été humilié devant cette délégation qui a constaté de visu le caractère massif, démocratique et pacifique du mouvement de contestation qui est en train d’emporter son régime. Après avoir rencontré tous les protagonistes de la crise, la délégation ministérielle a publié un communiqué dans lequel elle propose quelques pistes pour une sortie de crise. Cependant, les solutions préconisées (Gouvernement d’union nationale, organisation d’élections partielles dans les circonscriptions litigieuses, relecture des textes de la Cour constitutionnelle, rétablir la confiance entre les acteurs, préserver les institutions de la République afin de maintenir la stabilité du pays et d’éviter le chaos institutionnel aux conséquences imprévisibles et désastreuses pour la paix et la stabilité du Mali et de la sous-région… ) sont superficielles compte tenu de la gravité et de la profondeur de la crise secouant le pays.
Les mesures proposées par la délégation ministérielle ne sont pas de nature à satisfaire l’exigence fondamentale de l’immense majorité du peuple malien. La Cédéao a été appelée au secours par les tenants du régime afin d’intimider le peuple malien en faisant circuler toutes sortes de rumeurs sur d’éventuelles sanctions qui seraient prises à l’encontre des dirigeants du M5-RFP ou encore la mise sous embargo du pays en cas de démission d’IBK… Toutes ces rumeurs démontrent bel et bien que les tenants du régime sont au bord de la crise des nerfs. Ils ignorent que la Cédéao est une organisation inter-étatique et non supranationale et que de ce fait, elle peut ne rien imposer à l’Etat du Mali. Au demeurant, la Cédéao est mal placée pour donner des leçons de démocratie au Mali.
Où était-elle lorsque le dictateur Blaise Compaoré violait les textes communautaires ainsi que le régime de sanction voté par les Nations Unies en appuyant les rebelles du NPLF de Charles Taylor au Liberia, en recyclant les diamants de Jonas Savimbi, ou encore en abritant tous les chefs rebelles ) qui ont déstabilisé la Côte d’Ivoire et plongé ce pays dans un chaos dont les répercussions se font sentir même aujourd’hui quand on considère la panique créée au sommet de l’État ivoirien avec la perspective du retour prochain de Laurent Gbagbo dans son pays.
Où était la Cédéao lorsque le dictateur loufoque Yaya Jammeh en Gambie bravait l’organe communautaire et communauté internationale pendant 23 années d’affilée (1994-2017) ? Plus récemment, la Cédéao n’est-elle pas coupable de déni d’assistance à un peuple en danger lorsque Alpha Condé, qui a rejoint les rangs des dictateurs sanguinaires africains, tiraient à balles réelles sur ses opposants hostiles à son funeste projet d’imposer un troisième mandat afin de se pérenniser au pouvoir, à l’instar de son prédécesseur, le sinistre dictateur Lansana Conté.
La Cédéao doit se rendre à l’évidence qu’au Mali, c’est IBK qui est irrémédiablement le principal obstacle au maintien de “la stabilité du pays” et que sa démission de la présidence de la République constitue la condition sine qua non permettant “d’éviter le chaos institutionnel aux conséquences imprévisibles et désastreuses pour la paix et la stabilité du Mali et de la sous-région”.
Le peuple malien remercie la Cédéao pour sa sollicitude, pour être venue sur place, pour les efforts qu’elle a déployés en vue de saisir la teneur de la crise affectant le pays. Le 19 juin 2020, le peuple malien a montré au monde qu’il est maître de son destin et que la solution à la crise malienne réside dans les mains du Peuple Souverain du Mali.
Ousmane Mohamed
Source : le Poing