La France est menacée, la société civile dont Yere Wolo Ton mobilise pour élargir la base sociale de la transition, les peuples africains dont ceux du Burkina et du Niger se mobilisent pour soutenir le Mali, les FAMA enregistrent de bons résultats sur le terrain, et voilà que les débats actuels au Mali veulent nous détourner de l’essentiel. En l’occurrence de la Refondation du Mali. Des acteurs qui, s’ils avaient une once de patriotisme, de capacité d’introspection, auraient arrêté de nous tympaniser par des bruits de vuvuzela qui ne sauraient ni cacher leurs responsabilités dans la faillite de l’État, ni leurs accointances nauséabondes avec les services de renseignements français.
À ceux-là, les maliens disent qu’aujourd’hui, l’arbre Choguel ne saurait cacher la forêt du bilan mitigé de ce qu’il est convenu d’appeler l’ère démocratique. Il ne saurait embellir non plus la jungle mortifère que furent les 23 années du régime de Moussa Traoré.
Monsieur le Premier ministre, voilà que par maladresses dans la communication et par entêtement politicien, tous ceux qui devaient avoir honte de parler du Mali nouveau ont embouché leur vovouzelas pour nous tympaniser. Sans honte. Avec des attitudes qui frôlent parfois l’indécence.
Aujourdhui, le débat doit être ailleurs. Le pays est à terre, la justice croule sous le poids des dossiers de corruption et de détournements de deniers publics, la France insulte le Mali et ses institutions et s’apprête à déverser sur le territoire national des armes et munitions sous le prétexte fallacieux de pièces de rechange, les champs brûlent, nos enfants au sein des FAMA sont tués tous les jours, les récoltes brûlent par le fait des Djihadistes, les mêmes qui ont donné un ultimatum de trois mois aux populations de Karou et Ouattagouna, de voir marier toutes les filles et femmes à partir de 13 ans sous peine de les livrer aux guerriers Djihadistes.
Monsieur le Premier ministre, voilà les problèmes qui méritent votre attention. Toute votre attention. Voilà les problèmes que vous deviez absolument mettre en avant et laisser de côté la querelle politicienne relative au bilan du mouvement démocratique. Laissez cela aux militants du MPR, soyez l’homme d’État que doit être tout Premier Ministre! Le bilan comparatif des différents régimes de 1960 à nos jours se fera! Il n’est ni élégant, ni avisé en cette période de tenir des discours comparatifs à la faveur d’une mission à vous confiée après une rupture constitutionnelle.
Monsieur le Premier ministre, bravo, d’avoir réussi à faire protester même L’ADEMA PASJ. La ruche était dans une torpeur salutaire pour le Mali, aujourd’hui, elle se veut en ébullition! Bravo d’avoir réveillé le Parena si silencieux lorsque Macron et compagnie insultaient le Mali. Bravo, d’avoir suscité des rassemblements contre nature et d’avoir mis en sourdine ce sentiment anti État français ! Monsieur le Premier Ministre, vous êtes vraiment fort. Voilà que les morts sont ressuscités, les réservistes de la France et les potentiels filous de la République embouchent tous le vuvuzela pour nous perturber ! Hé Choguel !
Alors que quatre choses allaient nous permettre de continuer sereinement et à fond notre transition.
- La rencontre des légitimités traditionnelles en lieu et place des assises nationales. La participation des partis politiques ne se posait pas. J’avais prévenu que dans le format actuel, des entités insignifiantes, des socialo-prédateurs, des libero-voraces et les cellules dormantes des renseignements français allaient ruer dans les brancards et se donner un vernis de légitimité.
- La poursuite sans relâche du traitement des dossiers de corruption et de détournements des derniers pubics.
- La concrétisation du partenariat militaire avec la Russie ou la société Wagner.
- Le management intelligent des leaderships religieux.
Monsieur le Premier ministre, redressez la barre, continuez en homme d’État, le peuple s’occupera des joueurs de vuvuzela et de la France!
Seydou Traoré, ancien ministre.
Source: 22 Septembre