24 Heures après la proclamation des résultats provisoires du premier tour du scrutin présidentiel du 29 juillet, le Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, et le Président sortant se sont exprimés. Si le premier conteste les résultats qu’il qualifie « de la fraude », le second quant à lui remobilise déjà ses troupes pour le second tour.
Au lendemain de la proclamation des résultats provisoires par le Ministère de l’Administration Territoriale, le Chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, a protesté vigoureusement contre la « sincérité « de ces chiffres. C’est devant plusieurs médias nationaux et internationaux, quelques militants que celui qui est classé deuxième à la suite du premier tour avec 17,80% des voix s’est braqué contre « les manœuvres « du Gouvernement. «Je me dis haut et fort, ces résultats ne reflètent pas le vote des Maliens. Ils ne sont ni sincères ni crédibles. Ce sont les résultats de la fraude, d’un bourrage d’urnes en faveur du Président sortant, ce sont des résultats manipulés ». Après avoir égrené ses griefs contre ces résultats, il dira ce que bon nombre de ses Supporters attendaient de lui depuis la veille : «Ces résultats nous ne les accepterons pas».
IBK plus apaisant
Moins de trois heures après ce discours, c’était au tour du Président sortant, Ibrahim Boubacar Kéïta, de se prononcer à son tour sur les résultats. Ce discours était très attendu. L’Homme a, en effet, habitué les Maliens à réagir à chaud aux piques qui lui sont adressées. Mais, cette fois-ci, il a pris la hauteur d’un Président, alors que son statut de candidat ne lui interdisait pas du tout de répondre aux piques par des piques. Il a pris le contre-pied en tout cas des médias qui raffolent de phrases choques et de piques à peine voilées. IBK a salué tous ceux qui ont voté pour lui, qui ont placé leur confiance en lui. Il a salué tous ceux qui, de près et de loin ont contribué à l’organisation de ce scrutin à la date du 29 juillet. Il s’est félicité du score engrangé et a appelé ses militants, sympathisants et soutiens à continuer la mobilisation pour « finir le travail », le 12 août.
La grande union de Soumi
Au cours de sa déclaration, Soumaïla Cissé n’a pas seulement contesté les résultats, il a aussi appelé les autres candidats et la seule candidate à se donner la main pour former un « large front démocratique ». « Je salue le patriotisme et courage de ma sœur Djénéba N’Diaye et des autres candidats. Je les appelle à la constitution d’un large front démocratique contre la fraude, pour la transparence électorale, la rupture avec le système clanique que certains rêvent de perpétuer». Mais ce que le candidat de l’URD ne savait pas, c’est qu’au moment où il appelait à former ce front démocratique, « sa sœur » Djénéba N’Diaye, arrivée en dernière position avec 0,36% des voix, déclarait au cours d’une conférence de presse son soutien à IBK. 24 Heures plus tard, c’était au tour du Maire de Ouenkoro, Harouna Sangaré, de rallier le camp d’IBK avec ses 1,77%. Si front il doit y avoir, ce sera, donc, sans ces deux candidats. Si la cellule de communication de Cheick Modibo Diarra a démenti la rumeur du ralliement du candidat à IBK, CMD comme les autres n’ont pas encore répondu à l’appel lancé par Soumaïla Cissé ; en tout cas de façon officielle.
Des contestataires républicains
Si Soumaïla Cissé, Dramane Dembélé et autres candidas ont dénoncé la « sincérité » des résultats, ils restent tous dans la voie républicaine et privilégient les recours devant la Cour Constitutionnelle. IBK a lui aussi appelé les Maliens à la cohésion. Depuis les élections, les propos sont souvent durs, mais aucun candidat ne souhaite plonger le pays dans une crise qui viendrait l’affaiblir davantage. Dans les rues de la capitale, les populations sont sereines et pensent que les piques et les propos tenus par les uns et les autres font partie du jeu démocratique et que tout cela ne saurait entrainer le pays vers une crise postélectorale.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO: lecombat