L’Algérie est un « acteur important » dans la mise en œuvre du plan de paix au Mali et la lutte contre le terrorisme au Sahel, a déclaré la ministre française des Armées Florence Parly.
« L’Algérie est un acteur important. Nos échanges avec ce pays sont denses en particulier sur l’évolution et l’évaluation de la situation sécuritaire, mais aussi sur la mise en œuvre de l’accord de paix et de réconciliation (au Mali) qui a été signé à Alger en 2015 », a déclaré Mme Parly devant la commission des Affaires étrangères du Sénat français, jeudi dernier.
Mme Parly anticipe un rôle accru de l’Algérie dans le règlement de la crise malienne. « L’Algérie est par construction un pays important de ce processus de paix malien et probablement à vocation à le devenir plus encore », a-t-elle dit.
Parly a évoqué la situation sécuritaire au Sahel où l’armée française est déployée pour lutter contre les groupes terroristes. « La situation sécuritaire s’améliore même si elle n’est évidemment pas stabilisée et reste profondément fragile. L’EIGS (Etat islamique dans le grand Sahara) est significativement entravé, il n’a plus de moyens de mener des attaques significatives, mais cela ne veut pas dire qu’il est tout à fait neutralisé », a-t-elle dit.
Le dialogue Franco-Algérien dans l’impasse depuis 2017
Le novembre 2017, le président français Emmanuel Macron a effectué une visite éclaire à Alger afin de débloquer la situation par rapport à la guerre au Mali. Cependant, l’intransigeante position de l’Algérie concernant l’impératif de mettre sous la coupe de l’Union africaine (UA) un G5 Sahel composé des armées des pays de la zone sahélo-saharienne que Paris porte à tour de bras en excluant Alger, a fait retourner bredouille chez lui le président français.
Pour rappel, dans son message du 14 juillet 2017 à Abdelaziz Bouteflika, Emmanuel Macron s’est dit prêt à se rendre en Algérie, « au moment qui vous conviendra ». En l’absence de réaction de la part d’Alger, c’est au Maroc qu’il a effectué sa première visite au Maghreb, contrairement à l’usage qui veut que priorité soit donnée à l’Algérie. Entre temps, le ministre des affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a rencontré en moyenne tous les deux mois son collègue algérien Abdelkader Messahel de l’époque. À l’ordre du jour : la sécurité, un mot qui recouvre dans l’esprit des responsables français à la fois la lutte contre le terrorisme djihadiste, le contrôle des migrants africains, l’impasse politique permanente en Libye et enfin, la situation au Sahel. C’est sur ce dernier sujet qu’il y a urgence pour le nouveau président français.
De l’autre côté de la frontière algérienne, l’opération française Barkhane, lancée en août 2014 après l’opération Serval de 2013 est menée dans cinq pays (Tchad, Niger, Mali, Mauritanie, Burkina Faso) de la bande sahélo-saharienne.
Signé en mai-juin 2015, l’accord « issu du processus d’Alger » entre la République du Mali et la coordination des mouvements de l’Azawad, une alliance de groupes touaregs et arabes, peine encore à être appliqué. La paix attendue de la signature de cet accord s’éloigne de jour en jour, l’accord de cessez-le-feu remis en cause périodiquement par des combats meurtriers à Kidal, Menaka et Gao, des embuscades contre les soldats de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma).
Ramdane Yacine
Source: Maghreb Online