S’il y a une institution, au Mali, qui se fait ridiculiser à chaque occasion, c’est bien la Cour constitutionnelle. Elle se fait remarquer par le déni de la réalité du pays et des sorties ratées. Elle garde le silence d’un muet sur des sujets où on attend sa farouche réaction, mais précipite à se prononcer sur des combats politiques. Sa sortie concernant le lancement de la CMAS, l’année dernière ; son silence sur les pratiques indignes des éléments de la CMA mettant en cause l’unité du Mali et sa dernière sortie concernant le rassemblement de ce vendredi… l’attestent.
Condamnation de la demande de démission d’IBK
En effet, la Cour constitutionnelle s’est opposée à la demande de démission du président de la République faite par des organisations politico-religieuses. « La Cour constitutionnelle du Mali porte à la connaissance de l’opinion nationale et internationale, que dans sa mission de veille et de garantie juridictionnelle de la constitution, du fonctionnement régulier des institutions de la république, elle constate avec regret que des partis politiques et mouvements, au mépris des dispositions constitutionnelles, légales, et de l’orthodoxie républicaine diffusent sur les réseaux sociaux et les médias : des propos insurrectionnels, subversifs, séditieux appelant à la démission de la première institution, qu’est le président de la République », a déploré la Cour constitutionnelle dans son communiqué. Elle appuie son argumentaire par l’article 24 de la constitution qui stipule : « Tout citoyen, toute personne habitant le territoire malien a le devoir de respecter en toute circonstance la constitution » ; l’article 25 qui stipule : « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale » ; l’article 28 : « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent librement leurs activités dans les conditions déterminées par la loi. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale, de la démocratie, de l’intégrité du territoire, de l’unité nationale et de la laïcité de l’État » ; et l’article 121 qui stipule : « le fondement de tout pouvoir en République du Mali réside dans la constitution ».
Pour la Cour constitutionnelle du Mali, la demande de démission du président de la République viole la loi fondamentale du Mali et met en cause la forme républicaine et laïque de l’État. « La Cour, tout en condamnant ces agissements attentatoires à la cohésion sociale, s’insurge contre velléités de remise en cause de la forme républicaine et la laïcité de l’État », lit-on dans le communiqué de la Cour constitutionnelle qui engage le Gouvernement à faire respecter scrupuleusement la loi.
La Cour de Manassa est dans son rôle de s’opposer à la violation de la constitution dont elle est le garant. Aucun républicain n’encouragera, d’ailleurs, la violation de la constitution dans un pays démocratique comme le Mali. Il faut rappeler aux contestataires que la même loi qui les autorise les manifestations pacifiques les empêchent certaines pratiques antirépublicaines.
Le silence de Manassa par rapport aux violations de la constitution par la CMA
Même si la Cour constitutionnelle a, cette fois-ci, joué son rôle, il est important de se poser la question sur le silence de cette Cour quand il s’agit de la violation de la constitution par les enfants gâtés de la République à Kidal.
On se rappelle très bien, le 22 avril dernier, après que le président de la République IBK ait gracié 400 détenus dans le cadre de la lutte contre le COVID-19, Bilal Ag Cherif a aussi, au nom de la « ’République imaginaire de l’AZAWAD »’ gracié 21 prisonniers à Kidal. Y a-t-il un acte plus antirépublicain que cela ? Depuis quand Kidal est devenu un État dans le Mali ? Les articles 24 et 25 de la constitution malienne qui stipulent respectivement : « Tout citoyen, toute personne habitant le territoire malien a le devoir de respecter en toute circonstance la constitution » ; « Le Mali est une République indépendante, souveraine, indivisible, démocratique, laïque et sociale » n’ont-ils pas été violés. Pourquoi la Cour constitutionnelle n’a jamais fait un communiqué pour condamner cet acte antirépublicain de la CMA ? Pourtant, c’est l’unité du Mali, très chère aux populations, qui a été mise en cause. Si cette Cour était sérieuse et professionnelle, elle aurait dû condamner ces agissements de la CMA avant même le Gouvernement. Mais hélas. Elle confirme, par cette énième sortie ratée, qu’elle devient un instrument politique, prête toujours à se prononcer quand il s’agit de combats politiques.
Et aujourd’hui, si beaucoup de Maliens adhèrent ou soutiennent même la volonté exagérée de Mahmoud Dicko et soutiens, la Cour constitutionnelle, elle, a sa part de responsabilité. Qui est à la base de la récente tension sociale née des législatives 2020 ? C’est bien elle, la Cour de Manassa. Et beaucoup de ces mécontents pourraient être de potentiels soutiens aux contestataires.
C’est bien de rappeler les égarés au respect de la loi, mais il est temps que cette Cour, elle-même, respecte les Maliens et travaille comme il se doit.
Boureima Guindo
Source: Journal le Pays- Mali