Il y a terroristes et terroristes. En plus des mercenaires qui tuent et commettent les pires violations des droits humains – pour de l’argent – n’hésitant même pas à souiller le nom de Dieu pour justifier leurs actes prétendument jihadistes, existent d’autres types plus pernicieux. Eux, ils complètent les actions des premiers qu’ils tentent de justifier. Ils sèment aussi la psychose chez les cibles potentielles de leurs compères.
Ainsi et de plus en plus, des messages audio voire vidéo approuvant les attentats terroristes au Mali sont réalisés et diffusés sur les réseaux sociaux par de sinistres individus. Certains de ces actes cyniques émanent curieusement de Maliens dont des milliers de compatriotes innocents sont massacrées depuis plus de dix ans qu’ils en sachent la raison ! Il arrive fort malheureusement que de naïves personnes qui les reçoivent cèdent au reflexe de les partager sans se douter qu’elles font le jeu de l’ennemi.
Ces sinistres énergumènes et ceux qu’ils instrumentalisent savent –ils qu’ils s’adonnent ainsi à l’apologie du crime ? car, l’apologie du terrorisme ou l’incitation aux actes de terrorisme est toute action de communication publique présentant sous un jour favorable des actes terroristes, ou ceux qui les ont commis. La justification de tels actes est également considérée comme une apologie. Cet acte peut être perpétré à travers tout type de média notamment depuis des réseaux sociaux sur internet.
Quelles sanctions pour l’apologie du terrorisme ?
En France, le fait de provoquer directement à des actes de terrorisme ou de faire publiquement l’apologie de ces actes est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75 000 € d’amende.
Les peines sont portées à sept ans d’emprisonnement et à 100 000 € d’amende lorsque les faits ont été commis en utilisant un service de communication au public en ligne.
Lorsque les faits sont commis par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle ou de la communication au public en ligne, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables.
Au Mali, les autorités compétentes chargées du respect de la loi doivent redoubler de vigilance et d’ardeur pour poursuivre et infliger des sanctions dissuasives aux auteurs de ces violations. Elles pourraient se faire assister par les faitières de la presse, les structures de veille et de régulation des médias.
Tristement célèbre exemple : La Radio télévision libre des Mille Collines
La Radio télévision libre des Mille Collines – RTLM – est une station de radio privée rwandaise, qui a émis du 8 juillet 1993 au 31 juillet 1994. Le média devient l’un des instruments de propagande en diffusant sans discontinuer sur les ondes durant trois mois des discours incitant à l’exécution du génocide rwandais en 1994.
Dans les jours qui précèdent le début du génocide, il est annoncé à l’antenne de la radio que «le 4 ou le 5, il va se passer un petit quelque chose […] une petite chose est prévue. Cette petite chose va continuer les jours suivants… Hohoho !». Le génocide débute finalement le 6 avril, immédiatement après que l’avion du président Habyarimana a été abattu, vers 20 h 30.
Radio Mille Collines diffuse des appels aux meurtres d’une manière explicite et des listes de personnes à exécuter dès 21 h, laissant penser que la radio était un instrument de la planification du génocide.
Au cours du génocide, la RTLM encourage les tueries dans la bonne humeur, indiquant les endroits où des Tutsi se cachent, donnant des noms de personnes à abattre, galvanisant les miliciens pour qu’ils attrapent et découpent les inyenzi et « remplissent les fosses ». Inyenzi, un mot kinyarwanda qui signifie « cafard », « cancrelat », est alors utilisé pour désigner les Tutsi.
Kantano Habimana va jusqu’à se rendre sur les barrages constitués par les miliciens afin de les interviewer.
Le 17 avril 1994, une bombe est lancée sur les locaux de la radio. Noël Hitimana est sérieusement touché à une jambe, dont il sera amputé. Il ne reviendra pas à l’antenne.
Au cours du génocide, le commandant de la Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda (MINUAR), Roméo Dallaire, et d’autres parties prenantes, demandent que les technologies de brouillage soient utilisées pour bloquer Radio Mille Collines, mais les États-Unis auraient refusé.
La RTLM est surnommée « Radio Machette » par le Front patriotique rwandais. Elle est aussi parfois surnommée « Radio Télévision La Mort ».
Fin du génocide et de la RTLM
Les animateurs de la radio fuient Kigali le 4 juillet 1994 lorsque le FPR entre dans la capitale, mettant fin au génocide et provoquant un exode massif de hutus vers le Zaïre.
La RTLM continue pourtant d’émettre via des équipements mobiles jusqu’au 31 juillet 1994. Elle continue pendant cette période d’être écoutée par les Hutu qui fuient le Rwanda pour se réfugier au Zaïre dans la « zone humanitaire sûre », ce qui crée une polémique.
Source : Le Challenger