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Annulation d’un meeting politique : Symptôme d’une démocratie sous tension

L’annulation du meeting politique ce samedi 3 mai 2025 à Bamako, suite à des perturbations orchestrées par des partisans du pouvoir, ne constitue pas un incident isolé.

Elle révèle plutôt une tendance inquiétante au Mali, où l’espace démocratique semble se rétrécir face à une polarisation politique croissante. Cet événement soulève des questions fondamentales sur l’état de la liberté d’expression, du droit de réunion, et plus largement, sur la vitalité de la démocratie malienne.

 L’intervention de partisans du pouvoir pour empêcher la tenue d’une réunion politique légalement organisée marque une escalade dans les méthodes de confrontation.

Au-delà des simples désaccords idéologiques, on observe une volonté manifeste d’empêcher l’expression de voix dissidentes. Cette tactique, si elle venait à se répéter, pourrait instaurer un climat de peur et d’intimidation, dissuadant les partis d’opposition de mener leurs activités et limitant du coup le débat public, pilier essentiel d’une société démocratique.

La décision subséquente du directeur général de la police d’annuler le meeting, bien que justifiée par des impératifs de sécurité, soulève également des interrogations. Si la responsabilité première de l’Etat est de garantir l’ordre public et la sécurité de tous, il est crucial que cette mission ne se traduise pas par une restriction disproportionnée des libertés fondamentales.

L’équilibre est délicat : comment assurer la sécurité sans donner l’impression de céder à la violence ou à l’intimidation et sans pénaliser les organisateurs légitimes d’un événement ?

Plusieurs facteurs pourraient expliquer cette crispation du climat politique. L’abrogation de la charte des partis politiques, la menace de leur dissolution et la création d’un nombre restreint de nouveaux partis politiques avec des conditionnalités difficiles, mais surtout le souhait d’octroyer le titre du président de la République assorti d’un mandat de 5 ans renouvelable éloignant toutes les perspectives d’élection et le retour à l’ordre constitutionnel normal sont des facteurs majeurs expliquant les événements de ce 3 mai à Bamako. De plus, un contexte socio-économique difficile pourrait alimenter le mécontentement et rendre le débat politique plus passionné, voire conflictuel.

L’absence de réaction officielle détaillée de la part des autorités, au-delà de l’annonce de l’annulation pour des raisons de sécurité, est également préoccupante. Un silence prolongé pourrait être interprété comme un manque de transparence ou une validation tacite des actions des perturbateurs.

Il est impératif que le gouvernement communique clairement sur les circonstances exactes de cet incident et réaffirme son engagement envers les principes démocratiques, y compris le droit de réunion et la liberté d’expression pour tous les acteurs politiques, dans le respect de la loi.

Pour certains observateurs, l’annulation de ce meeting à Bamako est un signal d’alarme. Elle met en lumière la fragilité de l’espace politique malien et la nécessité d’un engagement ferme de tous les acteurs – gouvernement, partis politiques, société civile – en faveur du dialogue, du respect des libertés et des règles démocratiques.

La manière dont cet incident sera géré et les mesures qui seront prises par la suite auront un impact significatif sur l’avenir de la démocratie au Mali. Une escalade de la confrontation ne ferait qu’aggraver les divisions et fragiliser davantage le tissu social et politique du pays.

Instinct de survie

L’abrogation de la charte des partis politiques, la menace de leur dissolution et la création d’un nombre restreint de nouveaux partis politiques avec des conditionnalités difficiles sont effectivement des facteurs majeurs expliquant les événements de ce 3 mai à Bamako.

L’abrogation de la charte prive les partis politiques d’un cadre juridique qui encadrait leur fonctionnement depuis 2005. Cette décision crée une incertitude et une fragilité institutionnelle pour ces organisations. La perspective d’une dissolution pure et simple, recommandée par les assises nationales organisées par les militaires, constitue une menace directe à l’existence même des partis politiques. Cela suscite inévitablement une forte opposition de leur part.

L’instauration de conditions difficiles pour la création de nouveaux partis politiques vise à limiter le pluralisme politique et à contrôler étroitement le paysage partisan. Cela est perçu comme une tentative de museler l’opposition et de restreindre les libertés d’association et d’expression, pourtant garanties par la Constitution de 1992.

Cette décision intervient dans un contexte politique déjà tendu depuis l’arrivée des militaires au pouvoir, avec des préoccupations croissantes concernant le respect des principes démocratiques et des libertés fondamentales.

Réaction de l’opposition

L’annonce d’un meeting par une coalition de partis politiques ce samedi 3 mai à Bamako, malgré l’interdiction des manifestations publiques, témoigne de la détermination de l’opposition à contester ces mesures et à exprimer son désaccord. La dispersion de cette marche par la force, comme rapporté, illustre la crispation de la situation.

En conclusion, la série de mesures prises par les autorités de Transition à l’égard des partis politiques apparaît comme une tentative de restructuration profonde et potentiellement restrictive du champ politique malien. Ces actions ont engendré une vive contestation et sont à l’origine des tensions et des événements observés ce 3 mai.

A . K. Dramé

 Source : Mali Tribune
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