Du 29 au 31 janvier 2018, les assises de la table ronde du secteur de la santé, du développement social et de la promotion de la femme se sont tenues au Palais de la culture Amadou Hampâté Bâ. Durant les trois jours de travaux, les experts, techniciens et syndicats de la santé ont traité les thématiques relatives à la gouvernance du secteur de la santé, à son financement et à la distribution des services. La bonne nouvelle de ces assises a été l’annonce par le Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga de la mise à la disposition du secteur de la santé de la somme de 5 milliards Fcfa pour l’amélioration du plateau technique et la qualité des services dans les hôpitaux et les centres de santé.
La cérémonie d’ouverture des assises a été présidée par le Premier ministre, Soumeylou Boubèye Maïga qui, tout en faisant observer une minute de silence pour la mémoire des victimes des attaques terroristes, a salué la tenue des assises qui, à ses dires, contribueront à renforcer le dialogue social. Il a profité de cette tribune pour annoncer la mise à la disposition du secteur de la Santé par le gouvernement de la somme de 5 milliards Fcfa pour l’amélioration du plateau technique et la qualité des services dans les hôpitaux et les centres de santé.
Le coordinateur des conférences sociales, Pr Doulaye Konaté, s’est réjoui de la présence du Premier ministre. Ce qui témoigne de l’intérêt que le chef du Gouvernement réserve au renforcement du dialogue social afin d’améliorer la qualité des services sociaux.
Au nom des Partenaires techniques et financiers (Ptf) de la Santé, Mme Yaguibou Josiane (Représentante-résidente du Fonds des Nations Unies pour la Population, Coordonnateur desdits Ptf a fait remarquer que la présence du Premier Ministre à la cérémonie témoigne de tout l’intérêt que le gouvernement du Mali porte à la santé et au bienêtre des populations du Pays. Elle a exprimé aux départements de la santé, du développement social et de la promotion de la femme, la satisfaction des Ptf pour les progrès réalisés ensemble depuis l’avènement de la crise multiforme pour accélérer le relèvement et la résilience des populations. Elle a réaffirmé le souhait des PTF d’orienter leurs contributions aux réflexions des trois jours d’assises sur quatre aspects majeurs que sont : la qualité et la répartition équitable des ressources humaines en santé pour une fonctionnalité pérenne des services de santé; la prise en charge intégrée de la malnutrition (sensée être gratuite) ; l’adéquation entre les services offerts et les besoins spécifiques des populations y compris en situation humanitaire vers l’accès Universel aux soins de santé de bonne qualité et tout particulièrement les plus vulnérables, les laissés-pour-compte ; l’utilisation efficace et efficiente des ressources mobilisées.
Constat amère des Ptf : insuffisance d’effectif de professionnels de santé au Mali
D’après Mme Yaguibou Josiane, l’un des défis majeurs du système de santé pour l’apaisement social, réside dans la problématique des ressources humaines en termes d’effectifs, de répartition, mais surtout de compétences et de redevabilité. En effet, en 2016, le Mali ne comptait que de 5,2 professionnels de la santé pour 10 000 habitants. Ce ratio représente cinq fois moins que la norme fixée par l’Oms, estimée à 23 agents de santé qualité pour 10 000 habitants.
Au-delà de cette insuffisance, elle a souligné la problématique de répartition inégale des Ressources humaines avec une plus grande affluence à la capitale, Bamako (19,6 professionnels pour 10 000 habitants) et beaucoup moins dans les régions (par ex. 1,1 et 2,7 pour 10 000 habitants respectivement à Taoudéni et Gao).
Le tableau sombre des cas de violences basées sur le genre
Selon Mme Yaguibou Josiane, le Mali fait face à une recrudescence de cas de violences basées sur le genre (Vbg). De Janvier à Novembre 2017, 2 709 cas de Vbg ont été rapportés, parmi lesquels, 96 % des survivants sont des femmes et des filles, dont 62 % sont des enfants de moins de 18 ans, 44 % des cas sont des violences sexuelles. Elle a aussi affirmé qu’au?delà des conséquences directes des conflits armés, les déplacements massifs ont créé d’énormes besoins humanitaires liés aux défis de l’état des infrastructures sanitaires. “La mise en place de programmes d’investissement dans des domaines clé comme la santé publique, l’eau, hygiène et assainissement s’avère plus que jamais nécessaire pour prévenir l’apparition de graves épidémies. Les indicateurs de base, notamment en termes de malnutrition et d’accès aux services restent également alarmants dans des régions du sud du pays qui ne sont pas affectées directement par la crise. La Malnutrition impacte sérieusement les décès des enfants de moins de 5 ans. En effet, les données récentes de l’Enquête Nutritionnelle (Smart) conduite en 2017 montrent des allures préoccupantes pour le Mali avec un niveau de malnutrition aigüe globale de 10.7% et 2.6% pour la malnutrition aigüe sévère “, a-t-elle souligné.
Insuffisance de financement
des programmes du secteur santé et social
Sur le plan financier, Mme Yaguibou Josiane a indiqué que tous les programmes du secteur Santé, Développement social et Promotion de la femme connaissent une insuffisance de financement. D’après elle, contrairement aux croyances largement répandues, la mobilisation des ressources internes est sans nul doute le moteur le plus essentiel du Développement d’un pays. C’est pourquoi, elle a invité les acteurs présents à mener sans complaisance une analyse approfondie des mécanismes actuels de financement de la santé et à proposer des solutions innovantes.
Appel à la transparence dans la gestion des fonds
Mme Yaguibou Josiane a attiré l’attention sur l’importance de la transparence et la redevabilité, comme des sujets qui méritent d’être abordés. “A ce titre, les partenaires souhaitent qu’une attention particulière soit accordée aux modalités d’octroi et de gestion des perdiem ainsi que leur harmonisation, origines et programmes confondus. Nous Ptf, souhaitons mobiliser le Gouvernement et rappeler l’action pour laquelle vous vous êtes engagés, notamment la mise en œuvre des reformes pour faciliter l’accès aux services de santé de qualité, pour prendre en compte des besoins spécifiques des populations en situation humanitaire et encourager la redevabilité. Nous souhaitons également inviter le gouvernement à mettre en œuvre des approches structurantes favorables au développement avec une grande implication du secteur privé, des collectivités et des communautés”, a-t-elle déclaré.
Les travaux de la Table-ronde se sont poursuivis avec la conférence inaugurale, la présentation du rapport du Comité d’experts, la présentation sur la santé vecteur de paix : “Exemple du Centre de santé transfrontalier entre Wanian au Mali et Ouarokuy au Burkina Faso” ; la présentation sur les réformes en cours dans le secteur de la santé et les travaux de groupe. A l’issue de ces travaux, des recommandations seront adressées aux plus hautes autorités du Mali.
Siaka DOUMBIA
Source: Aujourd`hui mali