La 22e édition de la quinzaine de l’environnement au Mali s’est clôturée la semaine passée. Amadou Dicko, membre de la Commission nationale d’organisation, aussi chef de bureau communication et formation de l’Agence du Bassin du Fleuve Niger (ABFN), dans cet entretien, fait le bilan de ces deux semaines de campagne. Elle s’est tenue sous format Covid, autour des thèmes : « décennie des Nations Unies pour la restauration des écosystèmes 2021-2030 » pour le 5 juin, la journée mondiale de l’environnement et « restauration, terre, reprise des terres saines pour reconstruire mieux » pour celui du 17 juin la journée internationale de lutte contre la désertification.
Mali tribune : Quel bilan tirez-vous des deux semaines d’activités en faveur de la protection de l’environnement au Mali ?
Amadou Dicko : Quand on tient compte du contexte dans lequel la quinzaine de l’environnement 2021 a démarré, ce n’était pas évident qu’on puisse mener l’événement en raison de beaucoup de facteurs, parmi lesquels le Covid-19.
Cette pandémie nous a imposé de revoir nos ambitions de mobilisation populaire.
Cela a amené la réduction des activités qui mobilisent le grand public.
Le second aspect porte sur la mobilisation des ressources qui devait nous permettre d’organiser la campagne. Elle n’était pas à la hauteur de souhait. On a reçu le tiers de ce qu’on devait recevoir du côté budget national.
Les partenaires aussi, compte tenu du contexte mondial, n’ont pas pu être au rendez-vous, mais la volonté était là à leur niveau.
Ces contraintes avaient créé un petit doute, mais avec notre forte volonté et l’expérience que nous avons, nous étions convaincus que nous allons réussir à relever les défis.
Grâce aux médias, nous avons pu tenir toutes les activités programmées de la 22e édition de la quinzaine de l’environnement sous le format Covid-19 dénommé “format communication’’. C’est une grande satisfaction pour la commission d’organisation, le ministère de l’Environnement et Agence de l’Environnement et du Développement durable.
Mali tribune : La campagne de cette année a mis l’accent sur la restauration des écosystèmes, la reprise des terres saines pour reconstruire mieux. Est-ce que le but a été atteint ?
A.D. : La quinzaine de l’environnement est une campagne de Communication pour amener les communautés à un changement de comportement positif en faveur de la protection de l’environnement, des ressources en eau. Pour mener cette campagne de communication, seuls les médias peuvent le faire. Pour nous, l’objectif a été atteint, car durant 15 jours, nous étions avec l’ensemble des médias privés et publics, plus d’une quarantaine en tout.
Les Maliens ont entendu les échos de l’édition 2021. Beaucoup ont manifesté leurs intérêts pour l’environnement tout en dénonçant les mauvaises pratiques à travers les différents canaux de communication. Cela fait partie des objectifs atteints. Je suis certain qu’on pourra atteindre des résultats à la prochaine édition.
Mali tribune : L’application des textes et règlements en vigueur est l’autre goulot d’étranglement en faveur de la protection des ressources au Mali, selon des panelistes. Quel message avez-vous à l’endroit des autorités ?
A. D. : Le premier message s’adresse aux populations. C’est elles qui vivent dans l’environnement, elles contribuent aussi à sa dégradation. Les gens doivent revoir les usages qui font de ces ressources naturelles pour réduire les actions négatives.
Par exemple, si chaque famille déversait leurs eaux usées dans les fosses septiques, on aurait beaucoup contribué à sauvegarder l’environnement, améliorer le cadre de vie et aussi les ressources en eau. Parce que ce sont les mêmes eaux qui vont se retrouver dans les caniveaux et collecteurs avant de finir leur course dans les fleuves Niger et Djoliba.
Le second message s’adresse aux collectivités territoriales. Il faut qu’elles aussi prennent à bras le corps la protection de l’environnement en mettant des actions concrètes pour protéger, sauvegarder et puis prendre en charge les investissements faits par la structure de l’Etat et les projets.
Aussi décideurs également d’appliquer les textes. Que la volonté politique soit affirmée totalement et activement sur le terrain afin de mieux protéger cet environnement. S’il y a du laxisme, ça ne va pas s’arrêter. Il ne faut pas qu’on envoie des déclarations, il faut des actions concrètes et écouter les structures techniques.
Pour terminer, nous demandons également aux partenaires de continuer à accompagner le Mali. Le pays est plongé dans une crise multiple dimensionnelle ce n’est pas le moment de l’abandonner. A mon avis, la problématique de l’environnement constitue un problème aussi grave que la lutte contre le terrorisme. Autant qu’on lutte contre le terrorisme, il faut lutter contre la dégradation de l’environnement.
Recueillis par
Kadiatou Mouyi Doumbia
Source: Mali Tribune