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ALTERNANCE, PARLONS ALTERNANCE : S’IL Y A DES HOMMES QUI PEUVENT L’INCARNER, ILS SONT EN FAIT TRES PEU DANS LE CIEL POLITIQUE MALIEN

A quelques encablures de l’élection présidentielle de juillet prochain, le mot le mieux partagé entre les acteurs politiques est sans conteste l’alternance. Un mot à bonne consonance que nombre de nos politiciens désabusés abusent sans pour autant savoir réellement ce que ça veut dire en fait !

En effet, si l’alternance est une succession au pouvoir de deux tendances politiques différentes, il y a lieu de se demander s’il y a jamais eu lieu dans ce pays, de 1992 à nos jours, de tendances politiques différentes à Koulouba, à part ceux qui se sont donnés le titre ronflant d’acteurs du Mouvement Démocratique ! D’aucuns diront peut-être que le cas ATT en 2002 est une exception, car il n’était pas, au moment du coup d’Etat de Mars 1991, du côté des contestateurs dont la lutte a abouti à la chute du régime de Moussa Traoré, et aussi, parce qu’il aura attendu 10 ans, et cela loin de la politique, pour ensuite revenir prendre le pouvoir, cette fois dans les urnes.

Mais en fait, sur qui ATT s’est basé pour faire ses deux mandats à la tête du pays ? N’est-ce pas que ce sont les mêmes acteurs du Mouvement Démocratique ? Etait-il possible d’imaginer ATT réussir ce challenge sans ces acteurs là ? La réponse est assurément non !

De fil en aiguille, et cela depuis bientôt 30 ans, ce sont les mêmes qui nous gouvernent en fait. Et le constat général qui se dégage aujourd’hui est que la Révolution de Mars 1991 n’aura finalement servi qu’à une poignée de politiciens, dont ceux-ci-dessus cités, aimant s’appeler de façon ostentatoire « Acteurs du Mouvement démocratique », et ce sur le dos du peuple malien ! La question qui se pose aujourd’hui est simple : de la chute de Moussa Traoré à nos jours, la démocratie a-t-elle profité aux Maliens ? Nos compatriotes vivent-ils mieux aujourd’hui qu’avant la chute de Moussa Traoré, notamment pour ce qui concerne les produits de première nécessité et les denrées alimentaires ? Nos gouvernants ont-ils jamais agi pour impacter positivement sur notre vie ? Pourquoi ce qui réussisse chez les autres ne peut pas l’être chez nous ? Devons-nous en conclure que nous sommes condamnés à la fatalité ? La réponse est assurément non, ce sont plutôt les choix que nous avons jusqu’ici eu à faire qui sont en train de nous jouer des tours.

Les jeunes qui s’agitent aujourd’hui, et dont certains, appelés à de hautes fonctions, ont démontré leur incapacité et leur immaturité à faire face à certaines situations, ne rassurent guère puisque perçus comme les enfants spirituels de ceux-là qu’ils vouent aujourd’hui aux gémonies !

Y a-t-il une alternative à cette situation cauchemardesque que nous vivons depuis bientôt 30 ans ? Oui, une alternative existe, et elle ne peut être une réalité que lorsque nous consentons à faire un choix judicieux, un choix éclairé impliquant une rupture totale ceux-là qui se font appeler « Acteurs du Mouvement Démocratique » et le système de gouvernance instauré par eux depuis 1992, et dont la substance a toujours été : « se partager le pouvoir, se servir et s’enrichir sur le dos du peuple », ce peuple pour lequel on prétend pourtant servir, mais relégué au second plan, asservi et condamné à vivre au jour le jour depuis bientôt 30 ans !

En clair, il nous faut un homme nouveau ! Mais qui pour incarner cet homme nouveau ? A cette question, on peut parler de tout sauf des Soumaila Cissé, Modibo Sidibé, Tiébilé Dramé, Me Mountaga Tall, Oumar Mariko, Hamadou Dicko, Daba Diawara… la liste n’est pas exhaustive ! Ceux-ci sont disqualifiés pour avoir eu à patauger entre les régimes successifs de 1992 à nos jours. Quid donc de ces nouveaux opposants sortis des cuisses de Jupiter, en l’occurrence les Aliou Boubacar Diallo, Moussa Sinko Coulibaly, Mohamed Ali Bathily, Mamadou Igor Diarra, Modibo Koné, Moussa Mara… ?

Pour la plupart des déçus du régime, ces derniers peuvent-ils réellement incarner l’alternance, pour avoir été tous parties prenantes au pouvoir dont ils critiquent aujourd’hui avec véhémence. Ils peuvent certes se faire des illusions, mais les Maliens, disons les électeurs maliens, non ! Et ces jeunes qui prétendent briquer la magistrature suprême pour tourner la page des « vieux briscards » politiques ? Certes le monde évolue, et l’effet de mode aujourd’hui est la consécration de jeunes présidents un peu partout, mais le débat doit dépasser ce stade pour ce qui concerne le Mali, l’essentiel étant que nous trouvions un président capable de faire sortir notre du fond du gouffre dans lequel il se trouve actuellement. Or les jeunes qui s’agitent aujourd’hui, et dont certains, appelés à de hautes fonctions, ont démontré leur incapacité et leur immaturité à faire face à certaines situations, ne rassurent guère puisque perçus comme les enfants spirituels de ceux-là qu’ils vouent aujourd’hui aux gémonies ! Alors, ils sont où, ceux qui peuvent véritablement parler et incarner l’alternance au Mali ? N’abusons donc pas inutilement des mots, il y a trop de maux en ce moment au Mali pour cela !

Adama S. DIALLO

 

Source: Nouvel Horizon

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