Hier, dans les locaux de l’Assemblée Permanente des Chambres d’Agriculture du Mali (APCAM), les éleveurs étaient face à la presse pour lancer un cri du cœur et interpeller les autorités compétentes sur la situation de l’aliment bétail. Un aliment qui profite plus aux éleveurs des pays frontaliers qu’aux maliens.
700 mille tonnes. C’est la production de coton graine enregistrée lors de la campagne dernière. Une situation qui avait beaucoup enchanté les éleveurs locaux, qui pouvaient compter sur l’aliment bétail fait à partir des graines de coton pour nourrir le cheptel et combler le manque de prairies à cause de la mauvaise pluviométrie. Mais c’était sans compter sur l’appétit vorace des huiliers qui préfèrent vendre plus cher cet aliment bétail à des éleveurs des pays frontaliers comme le Niger et la Mauritanie plutôt que de contribuer à sauvegarder le cheptel national. En tout cas c’est ce qui ressort du cri du cœur des éleveurs lancé au cours de la conférence de presse organisée hier, jeudi 22 courant, à l’APCAM. Selon Bouya Sanoussi Sylla, 5e Vice-président de l’APCAM, en charge des questions d’élevage, en plus de la crise sécuritaire et la mauvaise pluviométrie, le refus des Huiliers du Mali à vendre l’aliment bétail aux éleveurs de notre pays sonnera la fin de l’élevage au Mali si rien n’est fait pour que ces derniers reviennent sur leur position. Il dit ne pas comprendre cette attitude des huiliers qui ont de leur propre chef approché le Département de l’élevage afin de bénéficier de la subvention que l’Etat accordait aux éleveurs sur le prix de l’aliment bétail. Après concertation entre le Département et le Président de l’APCAM, il a été, selon lui, admis que les huiliers qui fournissent 90% de l’aliment bétails consommé par le cheptel malien bénéficient de cette subvention. « A notre grande surprise, après avoir accepté qu’ils bénéficient de cette subvention de 30%, les huiliers ont proposé 180.000 FCFA comme prix de vente de la tonne alors qu’ils le vendaient à 115.000 FCFA tout au plus. En fait, ils voulaient, en lieu et place des éleveurs, profiter de cette subvention. Ce qui n’a pas été accepté par les parties ». Ce refus aurait servi de prétexte aux huiliers de se retirer et de vendre leur production aux éleveurs du Niger et de la Mauritanie. «Chaque jour, nous voyons des fils de camions chargés de ces aliments en direction de ces pays alors que nos éleveurs vont souvent à ces huileries pour payer de l’aliment au prix actuel qui est de 150000 FCFA et elles refusent de vendre » se plaint Bouya Sanoussi Sylla. Est- ce parce que le prix fixé par les huiliers (180000 FCFA la tonne) n’a pas été accepté qu’ils ont décidé de punir les éleveurs maliens ? On ne pas pourquoi aller jusqu’à franchir cette ligne. Mais les éleveurs estiment que c’est faire preuve de peu d’intérêts pour l’intérêt du pays que de privilégier des éleveurs d’autres pays au détriment de ceux de son pays.
«Dans la situation actuelle qui est celle du Mali, chaque Malien doit faire des efforts dans le domaine où il exerce pour soutenir les efforts de l’Etat. Mais cela ne semble pas être compris par certains qui continuent à mettre en avant leurs intérêts personnels », regrette-t-on du côté des éleveurs maliens.
Pour mettre fin à cette pratique « honteuse », les éleveurs du Mali appellent le Gouvernement à prendre toutes les mesures qui s’imposent afin que l’aliment bétail produit à partir du labeur des Agriculteurs maliens puisse profiter d’abord aux Maliens et, ensuite, les autres. « Même s’ils n’exportent pas l’aliment bétail, nous pouvons leur acheter toutes leurs productions » affirme Bouya Sanoussi Sylla.
Il invite les huiliers à la table des négociations afin de trouver définitivement une solution à cette crise qui n’arrange pas le Mali.
Mohamed Sangoulé DAGNOKO
LE COMBAT