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Alger et l’avenir de la paix au Mali : La montagne risque d’accoucher d’une souris

Nul doute qu’après moult valses politico-diplomatiques à Alger, la communauté internationale affiche de plus en plus son impatience et son agacement face aux tourbillons politico-sécuritaires dans lequel elle s’est retrouvée au Mali : – d’un côté le peuple malien qui n’a que faire des billevesées d’autonomie ou de fédéralisme au Mali, et de l’autre ceux qui tiennent mordicus à la partition du territoire national. De leurs côtés, les deux parties aux prises ont hâte de conclure enfin des accords.

C’est dans cette situation à multiples facettes et après plusieurs rounds de négociations inter-maliennes à Alger que le chef de file de la médiation (en l’occurrence l’Algérie) a remis un projet d’accord de paix définitive aux parties maliennes en conflit. C’était le 25 février 2015 à 19h30 mn.

Il faut dire que les multiples et longues négociations inter-maliennes d’Alger furent périlleuses semées d’embuches. La seule certitude à l’issue desdites négociations, c’est que les deux parties se disent convaincues de la nécessité d’aller enfin à un accord de paix globale et durable et donc à une solution définitive à un conflit qui n’a que trop duré et dont les conséquences politiques, sociales, sécuritaires et économiques restent incalculables.

Les deux parties, dans le préambule dudit projet d’Accord version 25 février 2015 et donc à l’issue de marathonnes négociations de paix dans le septentrion malien, se disent déterminées à éliminer une fois pour toutes les causes profondes de la crise endémique qui secoue notre pays depuis maintenant plus de cinquante (50) ans. Elles se disent toutes convaincues de la nécessité de reconstruire l’unité nationale du pays sur des bases nouvelles qui respectent scrupuleusement son intégrité territoriale tout en tenant compte de sa diversité ethnique et culturelle ainsi que ses spécificités géographiques et socio-économiques.

Par le biais des rounds de négociations inter-maliennes d’Alger, les parties en conflit reconnaissent la nécessité d’accélérer le développement économique, social et culturel du Nord-Mali à travers un système adapté. Aussi, se disent-elles pressées de voir enfin la sécurité de retour au Mali.

Rappelons au passage que de la Flamme de la paix organisée par Alpha  Oumar Konaré aux Accords d’Alger du 04 juillet 2006 sous ATT en passant par Tamanrasset, il a toujours été signé des accords de paix et de développement socio-économique des régions septentrionales du Mali. Pendant ce temps, les régions sud du pays n’ont pas connu de développement réel en dépit des faveurs que la nature accorde à ces régions.

Dans la même optique de développement national, il n’est plus un secret pour personne que depuis le régime nationaliste de Modibo Kéita, bien d’efforts économiques et financiers ont été consentis pour les régions du Nord de notre pays. Aussi, au Mali, il n’a jamais été question de traitement différentiel entre les ethnies qui composent  les populations maliennes. Il ne peut-être là que pure fabrication de ceux qui voulaient procéder à la balkanisation de notre territoire depuis l’ère coloniale. Ici, il n’a jamais été question (ni dans la première République, ni dans la deuxième, ni dans la troisième République de répression d’une prétendue minorité. Ces accusations montées de toutes pièces par les colonisateurs d’hier et leurs mandibules afro- maliennes cachent mal la ferme détermination du régime expansionniste de provoquer la partition forcenée de notre pays en vue d’une main mise sur le septentrion.

Dans le titre I du projet d’Accord du 25 février 2015, à l’article 4, il est dit ceci : «Les dispositions de portée nationale arrêtées dans le présent Accord seront mises en œuvre prioritairement dans les régions du Nord du Mali, sans préjudices  des mesures spécifiques convenues pour cette partie du pays. Ces dispositions sont applicables aux autres régions du pays». Deux consonances crèvent le tympan à savoir : «prioritairement» «applicables aux autres régions du pays». Ces consonances camouflent mal que les Maliens risquent d’être mis devant le fait accompli de la partition du Mali et de l’autonomie à peine voilée des régions Nord du pays.

Au chapitre 2 intitulé «Fondements pour le règlement durable du conflit» en son article 5, on lit avec stupéfaction ceci : «L’appellation Azawad recouvre une réalité socio-culturelle, mémorielle et symbolique partagée par différentes populations du Nord-Mali, constituant des composantes de la communauté nationale».

IBK se voit dans l’obligation d’accepter ce mot d’Azawad qui a fait couler salive, encre et sang du peuple du Mali.

Quant aux mesures destinées à assurer une meilleure gouvernance du document piège du 25 février 2015, l’on lit, entre autres :

«- la mise en place d’une architecture institutionnelle fondée sur des Collectivités territoriales dotées d’organes élus au suffrage universel et de pouvoir étendus ;

– une plus grande représentation des populations du Nord au sein des Institutions nationales

Il faut simplement dire ici qu’au Mali, dans toutes les régions, il y a des Assemblées régionales. Au niveau des Institutions nationales, il n’y a nulle part de disparité entre (noires et blancs) dans la représentativité.

En mentionnant dans le titre II, chapitre 3, article 6 : «Il est reconnu à chaque région le droit d’adopter la dénomination officielle de son choix dans le cadre des dispositions relatives au statut juridique et fonctionnement des régions», on y voit derrière un accord à peine voilé sur l’autonomie des régions du Nord qui peuvent (si elles le veulent) prendre l’appellation Azawad au motif que l’accord ne s’y oppose pas. Mais le gouvernement du Mali d’IBK ne doit pas se tromper d’appréciation : le peuple laborieux du Mali ne peut accepter cette compromission de l’intégrité de son territoire.

L’article 8 du chapitre 4 ne dit rien d’autre que la «décentralisation poussée pour le Nord» (allez en savoir).

Dans l’annexe 2 intitulé «Défense et Sécurité», on lit ceci :

  1. Intégration des ex-combattants : «Dans les 90 jours suivant la signature de l’accord, la commission d’intégration, en coordination avec le Conseil national pour la RRS établiront les critères, les quotas et les modalités de l’intégration des ex-combattants dans les corps constitués de l’Etat y compris au sein des forces armées et de sécurité et de l’harmonisation des grades

Le Philosophe allemand Karl Marx disait que l’histoire des sociétés humaines se déroule en deux phases : «la première est une tragédie et la seconde une comédie».

L’on se rappelle avec amertume que dans un passé récent, les rebelles ont été recrutés en masse dans tous les corps constitués notamment à la douane, à la gendarmerie, à la police et dans l’armée avec des grades de colonel, de capitaine attribués à des «soldats» de circonstance pendant que bien de Maliens moisissaient sous le drapeau national sans espoir d’avancer dans leurs carrières militaires. Ce serait une comédie politique si cette histoire se répétait au sein de nos forces de défense et de sécurité.

La première fois, on a assisté à une tragédie car, les éléments rebelles recrutés dans l’armée par Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré ont déserté ensemble au son de cloche pour rejoindre les rangs de la rébellion en 2012.

Notre peuple continue à vivre les affres d’une telle tragédie après que les intégrés aient compris tous les rouages de l’armée et tout le mécanisme de sabotage dont elle a été victime.

Au regard de cet imbroglio politico-économique et sécuritaire forcené, l’on retient que le vin semble tiré et que le Président Ibrahim Boubacar Kéita peut, «s’il le veut», le boire. Dans tel cas de figure, il doit se rendre à l’évidence qu’il sera en rupture complète avec son peuple qui l’a choisi à 77,66% des électeurs. Il doit, à froid, peser les avantages et les inconvénients politiques d’un tel scénario.

Aujourd’hui, plus que jamais, les masses populaires attendent avec impatience les conclusions de l’accord définitif qui aura sanctionné la marathonne négociation inter-malienne d’Alger à propos de la paix pour le septentrion de notre pays.

En tout état de cause, au regard du contenu du projet d’Accord d’Alger version 25 février 2015, il est fort à parier que la grosse montagne accouchera d’une minable souris. IBK doit éviter pour l’histoire que le peuple malien dise un jour avec amertume : «C’est sous le Président IBK plébiscité à 77,66% des voix que le Mali a subi l’affreuse partition».

Dans tous les cas, la vie est un choix.

Fodé KEITA

 

 

Source: Inter De Bamako

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