L’équipe nationale de football du Mali vient d’achever sa participation aux éliminatoires de la Coupe du Monde Russie 2017. Le bilan est décevant : 6 matches joués, 2 défaites, 4 matches nuls, 1 but marqué et 9 encaissés. On peut faire difficilement pire. Cependant il faut être réaliste. Les Aigles sont à la recherche de leurs marques. La cure de jouvence qui vient de lui être administrée est riche d’enseignements. C’est pourquoi il faut impérativement s’inscrire dans la durée pour ne pas avoir à souffrir de désillusions inévitables. Pour cela des mesures radicales s’imposent.
L’ère Giresse est définitivement révolue. Le technicien français, qui a conduit les Aigles du Mali à la troisième place de la CAN… s’est définitivement fâché avec le Mali. Tant mieux. Car si certains choix de l’ancien coach de l’équipe nationale de football étaient incompréhensibles voire contestables, il faut reconnaître qu’il n’avait à sa disposition qu’un team de 2ème classe. Depuis la retraite de joueurs exceptionnels comme Seydou Keita, Séboublen, Mohamed Diarra, Djilla, Frédéric Oumar Kanouté, Ballon d’or africain, Soumaïla Coulibaly, Adama Coulibaly, Police, Drissa Tamboura, Mohamed Sissoko, Momo et j’en passe, le Mali n’a que des joueurs moyens, très moyens même. Ceux qu’on nomme pompeusement nos « expatriés » ne sont, le plus souvent et pour la plupart, même pas titulaires dans leurs équipes de deuxième division. Ainsi, les prestations de notre sélection nationale ont parfois été d’une médiocrité telle qu’on croit parfois assister à des matches de « carré ».
Il ne faut pas le souhaiter mais la situation actuelle des Aigles a quelques similitudes avec l’après Yaoundé 72, quand le Mali a mis 22 ans avant de participer à une phase finale de la CAN. C’était à Tunisie 1994 avec Madou Kéita Capi comme entraîneur. Il y a peu de chance qu’un tel scénario se reproduise car les ressources humaines sont disponibles. En effet, le Mali a de réels talents en herbe qui ne demandent qu’à être judicieusement encadrés. Et ils ont déjà montré de quoi ils sont capables lors du mémorable match Mali-Bénin où ils ont produit un football moderne de niveau continental en s’imposant 5 buts à 2 à Bamako. Malheureusement cet exploit a été suivi par la grisaille. À cette occasion, Alain Giresse avait lancé dans l’arène de jeunes loups qui ont joué sans complexe un football total et séduisant.
Ce serait une erreur fatale que de vouloir se qualifier coûte que coûte à la CAN 2019. Si cela arrivait, tant mieux, sinon l’objectif devrait être de bâtir une bonne équipe des Aigles en s’appuyant sur les jeunes que des joueurs expérimentés comme Maréga pourraient compléter à l’occasion. Car si les Aigles n’ont pas gagné leurs quatre derniers matches, ils n’ont pas été non plus battus. Ils ont même manqué de réussite face aux Éléphants de Côte d’Ivoire en match retour à Bamako, des Éléphants qui étaient largement à leur portée. Ce fut le cas au Gabon lors de la dernière journée des éliminatoires de Russie 2018 où ils méritaient de l’emporter. Qu’à cela ne tienne. Il faudrait continuer à former ces jeunes Aigles en leur faisant confiance. Reste maintenant la question de l’entraîneur. Il est temps de se défaire du complexe du « sorcier blanc » et faire confiance aux techniciens maliens. Mohamed Diarrassouba a besoin d’être soutenu et confirmé comme Coach des Aigles du Mali. Si cela était, il faut le mettre dans les meilleures conditions de travail au même titre que les entraîneurs expatriés. 6 millions de FCFA de salaire mensuel ne sont « trop » pour lui, ajoutés aux autres commodités que sont les frais de logement, de communication etc. C’est seulement après qu’on peut être exigeant quant à ses performances.
Il ne suffit pas seulement de mettre le Coach dans de meilleures conditions matérielles, il faut surtout lui laisser l’entière responsabilité des choix qu’il aura à faire quant aux hommes qui devront l’accompagner et les joueurs qu’il aura choisis. Mais tout cela ne sera possible que si les instances du Football malien sortaient de l’ornière où elles sont empêtrées depuis des années. Car les soubresauts de la FEMAFOOT seront durement ressentis dans la gestion des Aigles et partant leurs performances. Seul un climat apaisé et une ambition dédiée au seul intérêt du foot malien seraient à même de permettre aux Samatasègè de voler encore haut dans le ciel africain. Pour cela il faut très rapidement remettre la FEMAFOOT sur les rails et confirmer très rapidement Mohamed Magassouba pour lui permettre de proposer un plan de régénération des Aigles du Mali. Rien n’est encore perdu. Le football malien a de beaux jours devant lui. Pourvu que les Maliens y croient et soient patients.
Diala Thiény Konaté