Cela fait plus d’un mois que quatre travailleurs du Comité international de la Croix rouge (CICR) dans notre pays, ont été enlevés. En effet, le 8 février, cinq humanitaires – quatre membres du CICR et un auxiliaire vétérinaire d’une autre organisation humanitaire -, tous des nationaux, étaient kidnappés alors qu’ils effectuaient le trajet entre Kidal et Gao. L’enlèvement avait été revendiqué quelques jours plus tard par le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao).

Depuis cet enlèvement, le CICR avait suspendu tous mouvements au Nord. L’organisation humanitaire vient de décider de reprendre progressivement ses mouvements dans cette partie du pays. L’annonce a été faite par le coordinateur de la communication du CICR au Mali, Valetry Mbaoh Nana, lors d’un entretien qu’il nous a accordé mardi.

Mais cette reprise ne veut pas dire que le CICR ira partout  au nord, précise Valetry Mbaoh Nana.  L’organisation travaillera sur certains axes où elle a obtenu des garanties de sécurité de tous les acteurs présents.

En même temps, elle reste très mobilisée  pour retrouver ses travailleurs enlevés. « Pour nous, c’est crucial. Il faut qu’on retrouve nos collègues disparus. Si nous avons décidé de reprendre nos activités, c’est parce que les populations au nord souffrent beaucoup du vide que nous avions laissé », explique notre interlocuteur en soulignant que les populations qui ont le plus besoin des interventions du CICR vivent  dans les endroits les plus  enclavés du Septentrion.  « Nous entendons très souvent les paysans nous demander de ne pas les abandonner. Nous les  comprenons. Ils attendent des semences du CICR en ce moment, pour eux précieux, de l’année, où ils pratiquent l’agriculture de décrue », poursuit le coordinateur de la communication du CICR qui a saisi l’occasion pour répondre à certaines allégations accusant le CICR d’éviter toute publicité sur le sort de ses travailleurs kidnappés car ceux-ci ne sont pas des expatriés.

Valery Mbaoh Nana  reconnaît que le CICR est effectivement discret sur le dossier. Mais  cette discrétion ne veut pas dire inaction.  L’organisation entend plutôt donner plus de chances d’aboutir à ses démarches visant à retrouver les cinq infortunés.

Toujours selon le coordinateur de la communication du CICR, l’organisation humanitaire a activé toutes ses batteries pour pouvoir répondre à un certain nombre de questions. Où sont-ils? Qui est responsable  de leur enlèvement ? Quel en est le mobile ? Comment faire pour les récupérer ?

Pour trouver la réponse à cette dernière question, le CICR a réactivé l’ensemble de ses contacts avec tous les acteurs. Mais à la date d’aujourd’hui, il n’a pas de nouvelles des collègues disparus. Il n’a pas non plus de réponses aux autres questions qu’il se pose. « Aucun élément de réponse ne nous permet de savoir s’ils sont en vie ou pas. Malgré le fait que tous les efforts déployés soient restés vains pour le moment, le CICR ne se décourage pas. Il reste très  mobilisé parce que ce sont des vies humaines qui sont en jeu », assure le coordinateur de la communication au Mali, précisant que l’organisation fournit une aide humanitaire impartiale à toutes les populations du Nord affectées par la crise.

S. DOUMBIA