Le sort de l’African Growth and Opportunity Act (AGOA), principal cadre d’accès préférentiel des produits africains au marché américain, dépendra d’un débat au Congrès américain, mais son avenir devra s’inscrire dans un monde économique transformé, a affirmé mardi Troy Fitrell, haut fonctionnaire du Bureau des Affaires africaines du département d’État, au cours d’une conférence de presse en ligne.
Interpellé sur l’avenir de l’accord et sa compatibilité avec les tarifs douaniers américains et la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), le diplomate a répondu : « Je suis un fervent partisan de l’AGOA. Depuis 25 ans, elle occupe une place importante dans ma carrière (…) mais c’est au Congrès de décider de sa révision ou de son renouvellement. »
Troy Fitrell a insisté sur la nécessité de repenser le partenariat, soulignant que « plusieurs pays africains ont bénéficié de manière extraordinaire des dispositions de l’AGOA », mais que sa poursuite devrait s’inscrire dans une logique de réciprocité.
« Si l’AGOA devait être renouvelée, je m’attends à ce qu’elle reflète le monde moderne plutôt que celui d’il y a 25 ans », a-t-il déclaré.
Le diplomate a également évoqué des négociations en cours entre certains États africains et le Représentant américain au Commerce, autorité compétente pour les discussions commerciales. Il a précisé que les pays africains « qui ont le plus à perdre » ont été les premiers à se manifester pour proposer « une position très spécifique » en vue de bâtir une relation commerciale plus équitable avec Washington.
Fitrell a en outre encouragé les diplomaties africaines à s’impliquer davantage dans le processus : « Lorsque le corps diplomatique africain ici à Washington m’a posé la même question : “Qu’avez-vous fait pour contribuer au renouvellement de l’AGOA ?”, j’ai inversé la question : “Qu’avez-vous fait pour y contribuer ?” »
Pour lui, le futur des relations économiques entre les États-Unis et le continent africain reposera sur une approche mutuellement bénéfique.
« Certains pays africains ont expressément demandé l’établissement de zones de libre-échange avec les États-Unis. Ce type d’ouverture est une chose que nous respectons et encourageons vivement », a-t-il conclu.
Depuis son retour à la présidence en janvier 2025, Donald Trump a profondément modifié la dynamique commerciale entre les États-Unis et l’Afrique, mettant en péril l’avenir de l’AGOA. Le 2 avril, l’administration Trump a imposé un tarif minimum de 10 % sur toutes les importations, atteignant jusqu’à 50 % pour certains pays africains. L’Afrique du Sud et le Lesotho ont été particulièrement visés. Bien que des propositions bipartites aient été faites pour prolonger l’AGOA jusqu’en 2041, elles n’ont pas été soutenues par la Maison-Blanche. Résultat : l’AGOA, qui expire en septembre 2025, est aujourd’hui en suspens, menaçant les industries exportatrices de pays comme Maurice, Madagascar ou le Botswana. L’administration Trump privilégie désormais des accords bilatéraux réciproques au détriment d’un cadre multilatéral, comme l’a rappelé l’ambssadeur Fitrell lors de son face-à-face numérique avec la presse africaine.
AC/Sf/APA
Source : Apanews