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Afrique : Réseaux sociaux et désinformation, nouvelles armes de destruction massive de la démocratie

Ces derniers mois, les réseaux sociaux, garants à plusieurs égards de la liberté d’expression, ont été détournés de leur usage premier pour influencer les opinions. Les mots infox et fact-checking se sont progressivement installés dans les quotidiens à la faveur de scandales de grande ampleur. Epargnée au début par la désinformation de masse, l’Afrique, au fur et à mesure que la pénétration d’internet augmente, boit le calice jusqu’à la lie.

 

Réseaux sociaux et désinformation sur les arènes politiques africaines

Le 22 septembre, au Cameroun, le MRC, un parti d’opposition, appelait à une grande marche dans tout le pays pour promouvoir le boycott des prochaines élections régionales et réclamer le départ du chef de l’Etat. L’appel n’ayant convaincu que très peu de personnes, les militants du parti ont choisi d’inonder les réseaux sociaux de fausses vidéos, composées d’images d’anciens rassemblements. Images reprises par des télévisions, y compris internationales.

La situation aurait pu être risible, si, d’un point de vue plus continental, cet épisode ne venait pas ponctuer une multitude de tentatives de manipulation de l’opinion publique par des partis politiques, dans divers pays africains.

La situation aurait pu être risible, si, d’un point de vue plus continental, cet épisode ne venait pas ponctuer une multitude de tentatives de manipulation de l’opinion publique par des partis politiques, dans divers pays africains. Quelques heures avant l’affaire camerounaise, des chercheurs de Stanford ont débusqué un réseau de fausses pages Facebook faisant de la propagande en faveur du président Alpha Condé, et liées à son parti, susceptibles d’user de fausses informations pour influencer les élections d’octobre prochain.

En juin dernier, Facebook a épinglé l’entreprise tunisienne UReputation pour des faits similaires. L’entreprise a utilisé le réseau social pour faire de la propagande politique durant plusieurs élections en Afrique grâce à 446 pages et 9 groupes ayant une audience de 4 millions de personnes. Ces comptes ont associé des informations à du contenu biaisé dans le but d’influencer le déroulement d’élections au Maghreb, en Guinée, au Togo et aux Comores. Le phénomène semble même remonter à longtemps quand on considère que le Nigéria soupçonne le tristement célèbre cabinet britannique Cambridge Analytica d’avoir manipulé les élections de 2007 et 2015 pour le compte du Parti Démocratique populaire. Malgré tous ces exemples, le plus grand danger du potentiel de désinformation sur les réseaux sociaux ne réside pas dans les tentatives de manipulations de l’opinion initiées à l’intérieur des territoires africains.

Tentatives d’influence de l’opinion venues de l’extérieur : Comme le révèle l’édition 2020 du rapport « Africa Risk-Reward Index », produit par le cabinet Control Risks et NKC African Economics, de plus en plus d’acteurs étrangers se livrent à des tentatives d’influence et de désinformation sur le continent.

L’exemple le plus palpable remonte à octobre 2019, lorsque Facebook a annoncé avoir démantelé un réseau de désinformation, « lié à la Russie », opérant dans certains pays africains. 35 comptes, 53 pages et sept groupes, ainsi que cinq comptes Instagram responsables de campagnes visant plusieurs pays du continent, auraient été fermées par Facebook. Ce réseau tentait notamment d’influencer l’opinion en Côte d’Ivoire, en RDC, au Cameroun, à Madagascar, au Mozambique, en Centrafrique, au Soudan et en Libye. Ce réseau tentait notamment d’influencer l’opinion en Côte d’Ivoire, en RDC, au Cameroun, à Madagascar, au Mozambique, en Centrafrique, au Soudan et en Libye. Des tentatives similaires ont été également mises en place par des pays issus du Moyen-Orient et d’Occident. Le principal canal de désinformation utilisé reste les réseaux sociaux. Ces campagnes de diffusion d’infox pourrissent le débat public et peuvent servir à orienter l’opinion en faveur d’un acteur étranger ou déstabiliser un concurrent. Face au potentiel de nuisance du phénomène, Facebook a tenté de proposer des solutions.

Des mesures encore insuffisantes : Face à la prolifération des fausses informations sur les réseaux sociaux, aucun pays n’a encore trouvé la parade idéale. En Afrique, Facebook a financé des programmes de fact-checking, durci ses règles en matière de publicité politique en l’interdisant, avec plus ou moins de réussite, à l’approche des élections. Malgré tout, le virus de la désinformation réussit bien souvent à s’adapter. La collaboration avec les médias, pour du fact-checking, semble être la voix la plus adaptée. Mais étonnamment, pour lutter contre les infox en Afrique, ce sont la plupart du temps, des médias européens qui sont mandatés par les GAFA.

La collaboration avec les médias, pour du fact-checking, semble être la voix la plus adaptée. Mais étonnamment, pour lutter contre les infox en Afrique, ce sont la plupart du temps, des médias européens qui sont mandatés par les GAFA.

La stratégie des GAFA devrait peut-être intégrer plus de médias locaux et de moyens de lutte contre la désinformation en langues locales, plus efficace. Du côté des gouvernements, une solution doit être trouvée pour exiger des garanties de la part des réseaux sociaux. Pas évident quand on sait que cette tâche pose d’énormes problèmes partout dans le monde. Et pourtant, trouver une solution devient véritablement urgent. D’une part, parce que les effets de la désinformation sur les réseaux sociaux ne se limitent plus au cadre politique. Les nombreux infox publiés pendant le confinement consécutif à la pandémie de Covid-19 et leurs effets en sont une preuve. D’autre part, la désinformation offre une bonne raison aux pouvoirs autoritaires pour limiter l’accès aux réseaux sociaux et priver les populations de ce canal d’expression.

Source : Agence Ecofin

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