En Afrique du Sud, la guerre est déclarée au sein du Congrès national africain : le chef du groupe parlementaire ANC, Jackson Mthembu, a appelé ce dimanche à la démission de l’ensemble du Comité exécutif du parti ainsi qu’au départ de Jacob Zuma.
Cette prise de position choc survient dans une période extrêmement mouvementée politiquement. D’un côté, le ministre des Finances Pravin Gordhan est poursuivi pour fraudes, mais beaucoup voient derrière cette affaire la main de l’exécutif, pressé de prendre le contrôle des finances publiques. De l’autre, le dernier rapport de l’ex-médiatrice de la République Thuli Madonsela est l’objet d’un recours en justice du président Jacob Zuma, qui veut en bloquer la publication.
En toile de fond : les pratiques douteuses au sommet de l’Etat, et les liens troubles qu’entretient le président Zuma avec la riche famille d’industriels indiens Gupta. Tous ces événements ont creusé de profondes lignes de fractures au sein de l’ANC, affaibli politiquement après son revers électoral lors des élections municipales d’août.
Le chef du groupe parlementaire ANC a brisé le tabou dans deux interviews successives ce dimanche : pour sauver le parti, il faut renouveler entièrement son leadership. Jackson Mthembu ne mâche pas ses mots : « tout le monde doit démissionner, (lui) compris » et cela concerne aussi le président Jacob Zuma, le vice-président Cyril Ramaphosa et le secrétaire général de l’ANC Gwede Mantashe.
Le chef de la majorité parlementaire accuse ces dirigeants d’avoir « réduit le parti à quelque chose qui laisse un goût amer » et les appelle à « prendre collectivement leurs responsabilités pour la situation chaotique qu’ils ont créée ».
Par ailleurs, Jackson Mthembu, qui avait été l’un des premiers à prendre la défense du ministre des Finances Pravin Gordhan poursuivi pour fraude, a répété que celui-ci était « la cible d’une cabale politique ».
De nouvelles révélations viennent d’ailleurs appuyer ces soupçons. La presse dominicale sud-africaine a relayé le témoignage supposé du vice-ministre des Finances, cité dans l’enquête non publiée de l’ex-médiatrice de la République.
L’année dernière, la famille Gupta lui aurait offert une grosse somme d’argent pour qu’il prenne le poste de ministre des Finances, à condition qu’il « travaille avec eux », c’est à dire qu’il valide le projet nucléaire controversé de l’Afrique du Sud. L’opposition a demandé l’ouverture d’une enquête sur ces nouvelles accusations.
Source: Rfi