En Afrique du Sud, le village de Qunu se prépare pour les obsèques de Nelson Mandela. L’avion transportant la dépouille de l’ancien président a décollé en fin de matinée de l’aéroport militaire de Waterkloof près de Pretoria. Il doit être enterré ce dimanche dans le village où il a grandi. C’est là que sont enterrés trois de ses enfants. Pour l’instant, une vingtaine de chefs d’État ou de gouvernement ont prévu de participer à l’événement. En revanche, aucun habitant de Qunu ni de la région n’aura le droit d’assister à la cérémonie.
Seuls la famille Mandela et plusieurs dizaines de dignitaires pourront assister aux obsèques de l’ancien président dans son village natal. La population, elle, a été priée de suivre la cérémonie à la télévision. Une demande qui ne passe pas très bien auprès des habitants de Qunu et des alentours.
À l’université de Mthatha, à quelques kilomètres de là, les étudiants laissent même éclater leur colère. « Oui, ça fait mal parce qu’on voulait vraiment assister à cette cérémonie, mais on ne peut pas. La plupart des gens voudraient y aller, mais on ne peut pas tous y aller. C’est vraiment injuste parce que Madiba est à nous », déplore une femme. « Les gens de Mthatha et du coin ont vraiment été exclus de l’enterrement et beaucoup de gens sont vexés. Le public ne devrait pas être tenu à distance, car le président vient de Mthatha », renchérit une autre
« J’aimerais bien [y assister], mais comme vous le savez, il y a des gens qui ont été invités alors que les pauvres ne sont pas invités. Alors on ne peut pas y aller. Je suis triste, très triste, parce que cet homme est de la région de Mvezo. C’est une région pauvre et rien n’a été organisé ici, contrairement à d’autres provinces, dénonce encore un jeune étudiant. C’est la faute des autorités. Tous les cadres de l’ANC vont venir. Ce n’est pas juste. » Une veillée a tout de même été organisée samedi soir à Mthatha.
4 000 journalistes attendus
La presse du monde entier est en train de converger vers le village de Qunu. Environ 4 000 journalistes ont ainsi été accrédités pour l’événement. Ils n’auront pas accès au village même, mais devront rester à 3 kilomètres de là, dans un centre réservé à la presse, juste à côté du musée Nelson Mandela de Qunu. L’endroit commence à ressembler à Woodstock. Tout autour du musée, des cars-régie, des voitures, des camping-cars et même des tentes. Ceux qui n’ont pas réussi a se loger dans la région ont décidé de camper.
« On campe là, sur un terrain qui n’est à personne, parce certains habitants demandent beaucoup d’argent. Cela va de 15 à 25 000 rands (environ 1 000 à 1 700 euros, ndlr) par jour et par véhicule. Au moins, on a un endroit où rester. Mais bon, ce serait bien de pouvoir prendre une bonne douche », juge Bryan, un journaliste sud-africain arrivé il y a quatre jours.
Effectivement, c’est la surenchère. Les terrains tout comme les hôtels augmentent d’heure en heure. « On essayait de trouver un endroit pour garer le camping-car pour quelques jours. Un habitant est venu nous voir pour nous demander si on cherchait. On est allé voir. Ça avait l’air bien donc on a négocié le prix à 500 rands (environ 35 euros, ndlr), ce qui était bien. Mais après une femme est arrivée en disant qu’elle était la propriétaire du terrain et qu’elle voulait 15 000 rands, ce qui est complètement ridicule », rapporte un autre journaliste. Sur les quelques maisonnettes aux alentours, des panneaux « à louer » ont commencé à fleurir.