La Semaine du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest se tient jusqu’à ce mercredi 5 décembre en Gambie, l’occasion de rassembler les acteurs de la région pour débattre des questions de sécurité alimentaire et nutritionnelle. Même si la saison agricole est bonne cette année, certaines zones sont toujours en crise, notamment dans des zones en conflit comme au centre du Mali, au nord-est du Nigeria, dans le bassin du Lac Tchad, et dans la région du Tibesti. Mais les associations Save The Children, Oxfam et Action contre la faim mettent en garde dans un rapport publié aujourd’hui : la stratégie du « tout sécuritaire » ne permettra pas d’en finir avec la faim dans la région.
Selon Aurore Mathieu, chargée de plaidoyer sur le Sahel pour Oxfam, les mesures sécuritaires ne doivent pas se faire au détriment du développement : « Bien sûr qu’il y a des problèmes sécuritaires dans la région, et bien sûr qu’il faut s’y attaquer, mais ça ne doit pas, en effet, se traduire par une baisse des budgets dans des domaines clés pour le développement. L’insécurité alimentaire est aussi liée à des facteurs d’inégalité entre les hommes et les femmes, d’inégalité d’accès au marché … Donc c’est tous ces aspects de gouvernance qui devraient vraiment faire l’objet d’un travail renforcé. »
Pourtant, ce sont les zones de conflits qui sont les plus touchées par la faim. Pour Laurent Bossard, le directeur du club du Sahel et de l’Afrique de l’Ouest de l’OCDE, les questions alimentaires et sécuritaires doivent être gérées ensemble. « Il ne faut pas opposer les problématiques sécuritaires et les problématiques alimentaires : ça se passe au même endroit, dit-il. Mais le problème aujourd’hui c’est que cette perception que tout ce qui touche à l’alimentation fait partie de la réponse, n’est pas passée dans l’esprit des responsables politiques en Europe. Ils sont sous pression de leurs opinions publiques qui leur demandent de s’occuper de la sécurité et des migrations. »
Le rapport reproche aussi aux différents acteurs de ne pas travailler sur le long terme, comme l’explique Aurore Mathieu : « Dans la région, il y a une espèce de “routine” de réponse qui vise plutôt à répondre à court terme à des problèmes structurels et chroniques. Et donc nous ce qu’on veut vraiment c’est essayer de mobiliser sur l’importance de renforcer la résilience des communautés pour répondre à l’insécurité alimentaire. »
Les débats d’aujourd’hui seront d’ailleurs consacrés aux actions entreprises sur la durée pour réduire la faim dans la région.
RFI