Dans la nuit du mercredi au jeudi dernier, un poste mixte de l’armée et de la gendarmerie ivoirienne a été attaqué à Kafolo, frontière burkinabè, par une quarantaine d’hommes lourdement armés. Les gendarmes et militaires qui y étaient stationnés ont été surpris par les assaillants, dont un seul aurait été neutralisé, la quasi-totalité du commando ayant pu s’échapper. L’Etat-major de l’armée se refuse pour le moment de confirmer le caractère jihadiste de l’opération.
Le 13 mars 2016, la station balnéaire de Grand-Bassam, sud du pays, a fait l’objet d’attaque terroriste qui a occasionné la mort de vingt-deux personnes dont deux terroristes. Un an après, les forces françaises de l’opération Barkhane ont arrêté, dans le nord du Mali, quatre personnes, dont un des présumés responsables de l’attaque de Grand-Bassam. Certaines sources évoquaient que le suspect arrêté était lié au trafic de drogue dans le septentrion malien. L’attaque de Kafolo serait-elle l’œuvre de trafiquants de drogue ou de contrebandiers ?
La localité visée, cette fois-ci, est située au nord-est à la frontière burkinabè, sur les rives du fleuve Comoé, à l’entrée du parc national du même nom. C’est dans cette zone que se déroule, depuis le mois de mai, une opération conjointe ivoiro-burkinabè «antijihadiste» sur les deux territoires. Il y a quinze jours, les deux armées ont d’ailleurs indiqué avoir détruit une base «jihadiste» à Alidougou, côté burkinabè, tué huit combattants et en avoir capturé une quarantaine ! L’attaque de ce jeudi pourrait donc être la représaille à cette opération conjointe. Si cela se confirmait, la Côte d’Ivoire serait-elle devenue le nouvel ancrage du terrorisme ouest-africain ?
Pour Hamed Bakayoko, ministre de la Défense et Premier ministre ivoirien par intérim, «Il n’y a pas mille causes à une attaque terroriste, c’est semer la terreur, détruire des vies, désorganiser les Etats. Représailles ou pas, la seule réponse des Etats, c’est de faire face.». Ce qui n’est pas faux ! Mais pourquoi donc les services de renseignement ivoiriens n’ont-ils pas vu venir cette nouvelle attaque terroriste, en dépit de la manœuvre militaire conjointe des deux pays (Burkina et Côte-d’Ivoire) ? Seraient-ils aussi défaillants que leurs homologues ouest-africains ?
De toute façon, selon le chercheur Lassina Diarra, depuis deux ans, une cellule jihadiste appartenant à la katiba malienne du Macina d’Amadou Koufa chercherait à s’implanter dans cette zone située aux confins du Mali, du Burkina et de la Côte-d’Ivoire. Est-elle en train de gagner son pari ?
Gaoussou Madani Traoré